Magazine Beaux Arts

Arman surprenant

Publié le 05 octobre 2010 par Marc Lenot

la-vie-a-pleine-dents-1960b.1286015228.jpg 

Je suis allé voir l’exposition Arman / Arman * (au Centre Pompidou jusqu’au 10 janvier) avec peu d’enthousiasme, avec l’image bien établie d’un travail répétitif, commercial, voire parfois bâclé ou cabotin. Si je ne suis pas ressorti en fan inconditionnel, j’ai au moins découvert des facettes nouvelles, une

armand_mozart_mac-val.1286015364.jpg
complexité inconnue, une profondeur insoupçonnée dans son travail. Après les (fort intéressants) tamponnages de ses débuts, ses premières accumulations sont marquées par un humour féroce et un attrait pour le gluant dégoûtant (La vie à pleines dents, 1960, en haut), mais l’utilisation à partir de 1970 de résine comme aseptiseur rend son travail plus fade, sans odeur, sans décomposition.

L’accumulation d’objets ordinaires, trompettes ou bombes de Flytox, tient surtout grâce à l’ironie des titres (respectivement Jéricho et Tuez les tous), mais les grandes destructions, comme le Portrait-robot de Mozart (1985), sont souvent éclatantes, bois rouges, cuivres étincelants et masques noirs.

arman-janus.1286015179.jpg
Il s’en dégage parfois une beauté formelle, aux antipodes du chaos destructif, une harmonie minimale, comme dans cette composition d’égoïnes (Janus, 1981) dont la sobriété bondissante tranche au milieu de bien des oeuvres tonitruantes.

J’ai été encore plus étonné par cette sculpture, dénommée Endless Variations, de

arman-endless-variations.1286015152.jpg
1967/68, blanche, dépouillée : quatre des faces du cube sont découpées en cadres articulés qui peuvent se déployer. Ces formes déformables à l’infini dénotent une sculpture mobile infinie, occupant l’espace de mille manières, contrastant le vide et le plein, évoquant des minimalistes comme Stella ou Judd. Ce jeu d’équilibre, de déconstruction et de recomposition, si différent des autres pièces montrées ici, est peut-être au coeur de la démarche d’Arman, coeur bien dissimulé derrière la faconde et la multiplication, mais bien vivant quand même. Ayant vu cela, on a plus de mal avec les banals hommages tardifs à Pollock et à van Gogh qui clôturent l’exposition, mais on repart avec quelques interrogations sur l’essence de sa démarche (et peut-être sa dénaturation par l’orgueil ou le marché).

* bisbilles juridiques et financières entre héritiers…

Lire Dagen (in cauda venenum).

Photos 3 et 4 de l’auteur. Arman étant représenté par l’ADAGP, les photos de ses oeuvres seront ôtées du blog à la fin de l’exposition.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Marc Lenot 482 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog