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Affaire Kerviel : L'autisme de la justice

Publié le 09 octobre 2010 par Patjol

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Cette affaire Kerviel illustre un des défauts de notre justice : Elle juge des dossiers, pas des hommes, et il lui manque une vision d'ensemble de la situation. Quand, comme dans le cas Kerviel, elle se limite aux éléments visibles dans le dossier sans appréhender le contexte, elle fait preuve d'un autisme dangereux.

Entendons-nous bien : Kerviel a fraudé, il a usé de manipulations et de dissimulations pour pouvoir prendre plus de risques sur les marchés, et c'était à la société générale d'assumer ces risques. Il s'est comporté de manière déloyale envers ses employeurs et cette affaire aurait pu faire vaciller tout le système financier en créant une autre faillite de type Lehman Brothers. Il est donc normal qu'il soit sanctionné. Je ne sais pas si ce genre de malversation mérite de la prison ferme, ni si 3 ans sont la bonne peine.

Mais faire porter toute la responsabilité de l'affaire à cet homme seul est juste absurde. D'une part c'est méconnaître le fonctionnement très collectif des salles de marchés, et d'autre part c'est oublier la responsabilité de la société générale. Comment expliquer qu'elle laisse un trader engager plus que ses fonds propres sur un marché risqué sans qu'elle s'en rende compte ? Si la hiérarchie de Kerviel était au courant c'est grave parce qu'elle l'a laissé faire. Mais si elle n'était pas au courant, ce que je ne peux pas croire, alors ce serait encore plus grave parce que ça serait de l'incompétence et de l'irresponsabilité.

Cette sanction de 4,9 milliards d'euros de dommage et intérêts est imbécile et absurde, pour plusieurs raisons : 

- Bien sûr, c'est une somme qu'il ne pourra jamais payer. C'est un peu comme les Dalton qui sont condamnés à 1 000 ans de prison dans les Lucky Luke.

- La justice a l'air d'avoir oublié que Kerviel n'a pas volé cet argent. Il l'a fait perdre à la Société Générale, ce qui n'est pas pareil. Tony Musulin, le convoyeur de fonds qui a volé des millions, n'a même pas été condamné à les rembourser.

- Elle oublie aussi que si les pertes se sont élevées à 4,9 milliards c'est parce que la Société Générale a vendu très vite ces actions. En bourse, on ne doit jamais tout vendre quand on a perdu. Il faut attendre que ça remonte.

- Et, comme je l'ai expliqué plus haut, cette sanction sous-entend que la Société Générale n'a pas de responsabilité dans ce désastre.

Oui, le dossier au vu duquel la justice se prononce ne comporte que des éléments à charge pour Kerviel. Mais si la justice oublie qu'il existe forcément d'autres faits, beaucoup plus difficiles à prouver et qui impliquent la Société Générale, alors c'est que la justice est autiste.

Espérons que le jugement en appel sera meilleur !


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