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James Blake - Klavierwerke (2010)

Publié le 15 octobre 2010 par Oreilles
James Blake - Klavierwerke (2010)Nous n’avons jamais encore parlé de James Blake, comme d’ailleurs de beaucoup d’artistes dubstep, sur Dodb. Et compte tenu de la qualité de ses sorties depuis son irruption sur la scène il y a deux ans, c’est une honte. Evidemment jeune (22 ans) et Britannique, Blake se situe clairement au-dessus de la mêlée par son audace, son génie rythmique et son raffinement. Son précédent EP, CMYK, qui donnait dans le R&B déglingué et euphorique, mais surtout cette nouvelle offrande, sont à compter parmi les disques essentiels de l’année.
Musicien de formation classique, James Blake, à ne pas confondre avec le tennisman du même nom, articule ici ses morceaux autour de quelques notes de piano acoustique. Klavierwerke ("œuvres pour piano") reste néanmoins un titre trompeur. Car ce sont surtout les intrications de la basse, des beats et des samples de sa propre voix triturée qui forment l’armature des 4 morceaux de l’EP, qui s’avère nettement moins funky que le précédent, et aussi joyeux que peut l’être East London au mois d'octobre.
A l'image de Burial sur son album, le producteur démontre une science du silence et de l’espace entre les notes quasi-incomparable. Il sait ménager ses effets, réduisant le beat à sa portion congrue pour mieux faire ronfler une ligne de basse démentielle, comme sur "Klavierwerke". De même, l’utilisation des voix joue avant tout sur la temporalité. Les micro-samples sont comme aspirés, ou démantelés, puis recrachés à la face de l’auditeur comme autant d’incitations à une nostalgie rêveuse. C’est difficile à décrire et ça ne ressemble pas à grand-chose de connu, si ce n’est peut-être à Mount Kimbie, groupe dont il était membre à ses débuts, sur leur excellent album Crooks & Lovers.
"I Only Know (What I Know Now)" est certainement la pièce la plus impressionnante des quatre. Redoutablement complexe malgré une notable économie de moyens, elle est comme hantée, poussiéreuse, semblable à de vieux souvenirs qui reviennent en flash puis s'évanouissent, et dont on essaie vainement de recoller les morceaux épars. "Don't You Think I Do" joue sur le même terrain, mais avec un groove plus insistant et des synthés druggy à souhait. Pourtant bien barrée, "Tell Her Safe" paraît presque conventionnelle comparée aux autres tracks.
Même si les essais de classification de James Blake par les blogueurs, qui parlent de "future bass" et même de "post-dubstep" (!), semblent plutôt maladroits et lourdauds, je ne serais pas fichu de trouver mieux. Les kids ont raison : Klavierwerke explose les frontières du genre et la musique de Blake s'impose de plus en plus comme une énigme qu'il serait illusoire de vouloir éclaircir.
A noter: le premier album de James Blake est attendu pour début 2011. D'ici là, guettez la sortie de sa reprise de Feist & Gonzales, le 8 novembre sur Atlas.
En bref : chef de file d’un dubstep aventureux et sans ornière, James Blake se réinvente à chaque disque, et livre cette fois son EP le plus profond et minimaliste. Définitivement pas pour tout le monde, mais tellement délectable pour qui saura l'écouter.
James Blake - Klavierwerke (2010)
Le Myspace de James Blake
Celui du label belge R&S


Un titre de son précédent EP:

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