Malek n'en revient pas. Jamais il n'aurait cru qu'un type banal comme moi puisse vendre ou louer un de ses appartements. Je n'ai pas de fierté sur ce coup-là puisque c'est un coup de chance. Je ne suis pas allé agresser ce couple avec un couteau de boucher dans la main en leur disant – Achetez ou je vous égorge l'un après l'autre ! Je ne suis pas comme ça. J'ai stupidement fait tomber mes affiches sur le trottoir et la demoiselle m'a aidé à les ramasser. Nous avons sympathisé, puis elle m'a dit que justement, elle et son mari cherchaient un appartement sur Béatrice. D'ailleurs, je me souviens que cette fille avait un léger strabisme convergent et il m'avait été difficile de la regarder dans l’œil. Son handicap m'avait handicapé à mon tour et je ne savais plus où me mettre ni où la regarder. C'est toujours gênant pour l'interlocuteur normal.Malek me tend alors discrètement une enveloppe remplie d'argent sous le comptoir ( je ne sais pas pourquoi il la cache d’ailleurs) puis me chuchote à l’oreille :
- J’ai mis un petit plus, car j’ai pratiquement réussi la vente. Nous buvons et trinquons rapidement avec un café, car il a des rendez-vous dans l’après-midi. Il règle le serveur puis me donne rendez-vous Lundi :
-Je déposerai les affiches devant la porte de ton appartement ! Ciao ! Il veut me faire le coup de l’homme d’affaires toujours pressé, mais sa veste s’accroche au tabouret et sa crédibilité s’envole comme elle est arrivée. Le serveur ne le rate pas et lui dit en ricanant :
- N'emmène pas mon tabouret Malek ! j'en ai besoin pour mes clients ! Friand de ce genre de situation bête, je ris sous cape et demande au pingouin de balancer mon café dans l'évier puis de me servir une bière.
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