Magazine Cinéma

Box Office #7 - 10/10

Par Ashtraygirl

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En bref, les films vus en salle ce mois-ci:

The Town
The Town -
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Il y a des chenilles, comme ça, qui ont parfois besoin de rester plus longtemps que d'autres de leurs consoeurs dans leur chrysalide avant d'oser, ou d'être capable, de se muer en un papillon digne de ce nom. C'est un peu le cas de Ben Affleck, gars prometteur qui, en début de carrière, a surtout excellé dans les loupés de première. Il lui aura sans doute fallut ce départ chaotique pour en arriver là où il en est aujourd'hui: à un stade de maturité fécond sur le plan artistique, pertinent dans son jeu d'acteur et ses choix de metteur en scène. Car oui, Affleck n'est jamais aussi bon que lorsqu'il dirige.

The Town, c'est un scénario bien ficelé, une mise en scène couillue, et une psychologie brossée en profondeur, qui affleure ça et là au détour de ce rodéo citadin mené par une bande de gueules cassées. L'histoire simple, presque banale, de braqueurs mutilés par l'existence, sans autres repères que les casses menés de main de fer et les poursuites en voiture millimétrées. Des types sans attaches, avec la violence en toile de fond et la grisaille du béton au quotidien. Le film de bandits par excellence, sobre, humble, qui remplit ses fonctions à la perfection, en mettant plein la vue dans ses séquences d'action, n'omettant pas d'émouvoir dans sa face plus intimiste, dans laquelle le héros, torturé par un passé houleux, remet en question les fondements branlants de son existence pour les beaux yeux d'une fille, sans que jamais le tout empeste la mièvrerie. Affleck distille une atmosphère étouffante, créant un carcan invisible mais palpable autour de ses protagonistes comme si, dés le départ, ils les savaient dans une souricière. Le thriller vit alors deux de ses belles heures, tandis que l'empathie pour ses casseurs instables se renforce à mesure que le dénouement, que l'on pressent inéluctable, se rapproche. Vont-ils s'en sortir? Comment pourraient-ils, de toute façon? La rédemption se teinte d'amertume et de fatalisme, avec la prise de conscience que tout est joué, d'avance, et que ces pauvres hères n'ont jamais eu vraiment les cartes en mains. La virtuosité d'Affleck se confirme tandis que le spectateur, pris en tenaille, ne sait plus à quel saint se vouer: est-il pour les forces de l'ordre (Jon Hamm), est-il pour les malfrats (Jeremy Renner)? Le bien et le mal se brouillent, le discernement n'est plus admissible. On se contente d'assister au spectacle, maîtrisé, sans fioritures. Passionnés.

Le seul bémol que je lui ferais, c'est sa maladresse dans sa partie "romantique", en cela que le rôle de Claire (Rebecca Hall), censé être clé, n'est pas assez exploité dans le sens de la perdition ou de la salvation de Doug. A un moment, on se concentre sur l'influence qu'elle exerce sur lui et puis, juste, elle est mise entre parenthèses, et l'on perd de vue son importance au coeur du récit. Un détail, suffisamment chagrin pour avoir retenu mon attention.

Quoi qu'il en soit, Ben Affleck confirme ici tout le bien que l'on pense désormais de lui, en s'entourant de surcroît d'un casting impeccable, qui élève encore la qualité de l'ensemble, empreint d'humanité et d'humilité, en même temps qu'il révèle un goût prononcé du bonhomme pour les choses simples, mais efficaces. Une belle évolution qui, je l'espère, se prolongera dans le temps, encore longtemps.

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En bref: The Town nous tient aux tripes, de bout en bout, charismatique, nerveux, et d'une simplicité désarmante, dans ce qu'elle a de plus noble. On n'opposera pas de résistance superflue.

*2h03 - américain - by Ben Affleck - 2010

*Cast: Ben Affleck, Jeremy Renner, Jon Hamm, Rebecca Hall, Blake Lively, Chris Cooper...

Very Bad Cops
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En allant voir Very Bad Cops (titre réaméricanisé une fois en France, des fois qu'on aurait été trop c*** pour décrypter le titre original: The Other Guys), on ne s'attend pas à voir du grand cinéma. Ni un cinéma très intelligent. On s'y attend d'autant moins lorsque l'une des têtes d'affiche s'appelle Will Ferrell, porte drapeau du mauvais goût outre atlantique. Mais on s'attend au moins, d'après la bande annonce, à une parenthèse sympatoche dans le quotidien, le genre de film qu'on oublie sitôt passé la porte du cinéma, mais qui, sur le moment, nous aura bien divertit quand même. Et le fait est que VBC aurait pu être ce genre de film... si, d'emblée, le plan de promo de celui-ci n'avait pas commencé à nous prendre pour des blaireaux. Car si deux des arguments de vente de VBC sont respectivement Samuel L. Jackson et Dwayne Johnson, fortement mis en avant dans la B-A ET sur les affiches, ceux-ci vont se casser la gueule (au propre comme au figuré) dans les tout premiers balbutiements du film, concentrant à eux deux le peu de potentiel que l'ensemble de l'entreprise recelait. Dés lors, on se retrouve avec un duo de flics aussi bien assortis qu'un tigre et un thon (la référence est pertinente, si si), une intrigue qui brasse autant de pognon que d'air, noyée sous un déluge de dialogues tous plus daubés les uns que les autres, faisant la part belle à la verve légendaire de Ferrell, que l'on sait exquise, et laissant définitivement sur le carreau un Mark Wahlberg en perdition, réduit à s'emporter tel une version encyclopédique de Hulk reprenant les phrases les plus bateau entendues dans la bouche du flic de base new-yorkais. Dés lors, obnubilés bien malgré nous par les lunettes de Ferrell, les seins de Eva Mendès, ou la Prius boîte à partouze, on perd totalement de vue le périclitant Steve Coogan et ses magouilles auxquelles on ne pane plus un broc, persuadés malgré tout qu'une vraie histoire se cache là, tout près, sous la couche de gras. Scénaristiquement on a affaire à un bas de laine mité, visuellement à un épisode de Shérif fais-moi peur, avec tout de même deux beaux soubressauts, aussi fugaces que des étoiles filantes: une séquence à tomber tant elle en jette de beuverie façon arrêt sur image sur un titre des Black Eyed Peas (c'est aussi pour ça que c'est bon), et une fusillade franchement sympatoche dans un building tout de verre conçu sous une pluie de paperasse immaculée... Jusqu'au bout j'y ai cru, à cette petite braise sous les cendres. Mais au final, pas grand chose d'autre à en tirer qu'un nuage de fumée parsemé d'étincelles, et cette question lancinante: pourquoi a-t-il fallu que Michael Keaton accepte de faire ça? Mystère...

Very Bad Cops
 

En bref: une fable policière moyennement drôle, moyennement captivante, parfaitement pas maîtrisée. Vraiment pas terrible tout ça...

*1h47 - américain - by Adam McKay - 2010

*Cast: Mark Wahlberg, Will Ferrell, Eva Mendès, Michael Keaton, Samuel L. Jackson, Dwayne Johnson...


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