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Raging bulles - La légion étrange erre

Publié le 06 janvier 2008 par Benjamin Mialot
Entre son titre biblique qui claque au vent et son équipe créative souveraine (Fabien Nury, scénariste plébiscité grâce au western W.E.S.T. et John Cassaday, dessinateur venu des comics qui s'est fait remarquer sur Astonishing X-Men, Planetary ou WE3), Je suis légion avait tout pour ne pas être une gauffre. Ca tombe bien, ce n'en est pas une, contrairement à ce que laisse entendre cette introduction en trompe-l'oeil.
Pourtant, il y a de quoi maugréer, de la difficulté à distinguer les personnages au statisme photographique du dessin, des décors expédiés au dénouement final un peu en deçà des attentes en passant par la trame tentaculaire qui file des maux de tête. On suit en effet, sur fond de seconde guerre mondiale, les trajectoires de trois gus : Stanley Pilgrim, policier anglais qui mène l'enquête sur le meurtre étrange du riche Victor Douglas Thorpe ; Karel Ricek, un résistant roumain qui doit aider un commando allié à éliminer Rudolf Heyzig, un gradé SS ; Hermann Von Kleist, au service secret de la Wehrmarcht chargé d'évaluer le projet Légion mené par le même Heyzig, où une fillette roumaine du nom d'Ana est capable de contrôler d'autres êtres dès lors qu'on leur a inoculé une goûte de son sang.
Le récit choral, on connaît, on nous en enfile à tire-larigot ces dernières années, au cinéma notamment. Ce qui n'empêche pas Fabien Nury de plier l'exercice avec un brio certain, accouchant d'une fresque dense et crépusculaire tout en jouant l'équilibriste entre fantastique à canines, documentation historique et thriller so british. Il en profite d'ailleurs pour offrir au mythe vampirique un petit lifting en le débarrassant de ses attributs grand-guignolesques, pour balancer quelques fulgurantes scènes d'action (le troisième et dernier tome en escalade) , des dialogues touffus et dépeindre avec ce qu'il faut de pudeur l'horreur nazi. Toujours est-il qu'il faut s'armer de patience et se concentrer un peu plus de deux minutes pour s'y retrouver dans ce grand échiquier pessimiste et apprécier le réalisme charbonneux des traits de John Cassaday. Lequel affine son travail au fil des tomes, bénéficie d'une colorisation glaciale digne de la cruauté de ce qui se déroule et se fend de quelques séquences simplement magistrales (l'exécution du deuxième volet, par exemple). Tout cela méritait donc bien un jeu de mot aussi surpuissant que celui qui orne ce petit avis égotique.

Je suis légion (Les Humanoïdes Associés) - 2004 (Tome 1) / 2006 (Tome 2) / 2007 (Tome 3)

Verdict du Père Siffleur


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