Magazine Cinéma

L’impasse (Polar linéaire)

Par Borokoff

A propos de L’Américain d’Anton Corbijn 3 out of 5 stars

L’impasse (Polar linéaire)

En Suède, Jack, un homme qui semble vivre tranquillement une romance avec une belle brune dans un chalet enneigé, est soudain agressé par deux hommes armés…

Qui est Jack (George Clooney) exactement ? Un beau quadragénaire qui porte des cols roulés ? Mais encore ? On comprend peu à peu que Jack (un de ses diminutifs) est un tueur à gages, obligé de fuir en Italie, dans un petit village des Abruzzes où une mystérieuse et secrète organisation lui commande la fabrication d’un fusil à silencieux dans la perspective d’un assassinat.

Le début de L’Américain (tiré du roman de Martin Booth, A very private gentleman, 1990) fait penser à un épisode de XIII ou de la série des Jason Bourne. La neige, les feux de cheminée, la barbe grisonnante de George Clooney, une belle femme dénudée (ce ne sera pas la seule), tout ramène à l’univers des James Bond et des bandes dessinées de Vance et Van Hamme ou de Largo Winch.

Dans L’Américain, c’est de la solitude d’un mercenaire dont il s’agit. Un homme taciturne et silencieux dont on devra tout deviner du drame intime qu’il a vécu. Le film d’Anton Corbijn est entièrement construit sur cette logique déceptive. Rien ne sera explicité sur la vie privée de Jack. Au spectateur d’imaginer son passé, de reconstituer sa vie sentimentale antérieure tourmentée. Ni Jack ni le scénario ne diront un mot dessus. Mais à ce jeu du chat et de la souris, l’attitude tantôt paniquée, tantôt bouleversée de Jack en dit plus long qu’une confession sur le traumatisme qu’il a du subir.

C’est étonnant de voir Clooney dans un film intimiste et somme toute éloigné des décors et des canons esthétiques hollywoodiens. Pas de grande explosion ni de scène spectaculaire dans L’Américain. Au contraire, le film de Corbijn se distingue par son silence, le visage mutique de Jack et l’attente qui monte tout au long du film et qui devient de plus en plus angoissante. Sans révolutionner le genre du polar intimiste, L’Américain est assez riche de références cinématographiques (de Le Samouraï à Le Tueur de Cédric Anger en passant par Les conséquences de l’amour de Paolo Sorrentino) pour susciter l’intérêt du spectateur. Intérêt renforcé par la présence déroutante de Clooney dans le rôle principal. Ces deux éléments permettent au film de se hisser au-delà d’un thriller à la chute somme toute assez attendue pour ne pas dire décevante.

Perché dans le village italien où il s’est réfugié pour échapper aux Suédois, Jack se fait passer pour un photographe passionné de papillons. Il rencontre un prêtre avec qui il se lie et qui a deviné qu’il n’est pas du tout photographe. Le prêtre sent surtout que l’âme de Jack est aussi remplie de pêchés que de tristesse. C’est pourquoi il invite ce dernier à se confesser. Jack refuse mais les paroles du prêtre agissent sur lui comme un révélateur, un électrochoc qui va décider Jack à raccrocher les gants, vaincu aussi par l’amour naissant (mais dont il se méfie) qu’il éprouve pour une prostituée italienne rencontrée dans une maison close de Rome.

Il y a une ambiance, incontestablement dans ce polar feutré tout en non-dits. Clooney est plutôt bon dans un film où on ne l’attendait pas. Ce qui compte dans L’Américain, c’est l’évolution du héros, coincé dans un système qui a dû causer, on l’imagine, la perte de la femme qu’il aimait. Tiens, cela ne vous rappelle pas un certain James Bond avec Timothy Dalton ? « Tu as l’air tout le temps préoccupé » lui glisse la prostituée italienne dont les paroles rappellent celles de Camille alias Olga Kurylenko dans un autre James Bond, Quantum of Solace. Méfiant, Jack va néanmoins s’ouvrir et tomber amoureux de l’Italienne qui l’est déjà. C’est bien connu, les tueurs à gage sont des grands sentimentaux…

www.youtube.com/watch?v=OLtrvMCJnp0


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Borokoff 641 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines