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(INSEE) Démographie et débat sur les retraites

Publié le 29 octobre 2010 par Unpeudetao

Communiqué CGT, CFDT, CGT-FO, SUD de l’Insee 29 octobre 2010

Contre la contre-réforme des retraites : quelques compléments chiffrés utiles

Le gouvernement met en avant l’argument démographique pour justifier une réponse purement démographique à la question du financement des retraites. Cet argument simple, voire simpliste, relève en partie d’un effet de manche. Il ne justifie pas l’urgence de la réforme. Il ne justifie pas l’abandon du calendrier fixé par la loi Fillon de 2003 qui prévoyait un point d’étape en 2011-2012. En court-circuitant ce calendrier, le gouvernement a fait le choix du refus d’un réel débat démocratique autour des travaux du comité d’orientation des retraites ; il a ainsi refusé une discussion éclairée.

L’INSEE vient en effet de publier de nouvelles projections démographiques, le précédent exercice datait de 2006. Une actualisation des projections de population active, donc du ratio inactifs/actifs, doit suivre. Ces deux documents devaient alimenter la réflexion du COR. Le gouvernement a délibérément fait le choix de ne pas les attendre.

Ces travaux de projection réguliers rappellent que les réalités démographiques évoluent lentement. Aucune révolution démographique n’est intervenue depuis la réforme de 2003 qui justifierait une nouvelle précipitation. Au contraire, les dernières projections disponibles pour le gouvernement étaient légèrement plus favorables que celles disponibles lors du vote de la loi Fillon de 2003.

L’argument démographique est par ailleurs curieusement oublié lorsqu’il s’agit d’expliquer que l’âge de départ à la retraite de nos voisins est plus élevé qu’en France. Le gouvernement « oublie » alors que les réalités démographiques ne sont pas les mêmes. En effet, selon les projections démographiques d’Eurostat les plus récentes, pour 100 personnes ayant entre 25 et 59 ans, il y aura 72 personnes de 60 ans et plus à horizon 2050 en France, contre une quarantaine actuellement. C’est un ratio plus favorable que la moyenne européenne (80 personnes de 60 ans et plus), et nettement plus favorable qu’en Allemagne (85), en Italie (95) ou en Espagne (98).

L’urgence à réformer, apparue soudainement en 2009, résulte avant tout de la nécessité de résorber le déficit budgétaire creusé par les conséquences de la crise financière et du sauvetage du système bancaire. Selon le gouvernement, demander à tous, mais surtout aux classes sociales les moins favorisées, de travailler deux ans de plus permettrait de récupérer à moyen terme 20 milliards d’euros, soit la moitié du besoin de financement estimé des retraites.
Par comparaison, la TVA allégée dans la restauration, dont l’efficacité sur l’emploi et la baisse des prix a été fortement mise en doute, coûte actuellement 3 milliards, la loi TEPA, 7 milliards, les allègements généraux de cotisations sociales, 30 milliards,..

Ne nous y trompons pas, le gouvernement cherche à amalgamer deux sujets : celui de la réduction du déficit et celui du financement de la retraite par répartition.
Il espère ainsi contourner les nécessaires débats sur sa politique fiscale, sur les aides aux entreprises ainsi que sur l’indispensable résorption du chômage et des inégalités.

Refusons cet amalgame et reprenons ces deux débats, ainsi que celui d’une politique efficace pour l’emploi et les salaires en mettant sur la table tous les chiffres. Nous y contribuerons dans les jours et semaines qui viennent.

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 Sur :

http://www.solidaires.org/


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