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Elise Caron fête ses 15 ans au Sunset

Publié le 02 novembre 2010 par Assurbanipal

 

Elise Caron.

Paris. Le Sunset. Dimanche 31 octobre 2010. 21h30.

Elise Caron : chant

Denis Chouillet : piano

La photographie d'Elise Caron est l'oeuvre du Délicat Juan Carlos HERNANDEZ.

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Jackie Terrasson occupant le Sunset et le bon piano, Elise Caron et Denis Chouillet se retrouvent à la cave, au Sunset, avec un piano droit qui a le nom de piano mais pas le son. Ce récital fait la rétrospective des 15 ans d’activité de ce duo.

Eurydice la première. C’est une chanson portrait de femme. Le piano est vif, grave, sautillant. Denis Chouillet arrive à soulever le piano au-delà ses possibilités. Elise, elle, dégage l’esprit comme la Mer. Quelle amplitude vocale ! Femme fatale un instant, enfant fragile l’instant suivant. Le métier d’actrice sert l’art de la vocaliste. Pendant le solo de Denis, Elise vient s’installer à côté de lui pour d’abord le regarder jouer, puis ajouter ses mains sur le clavier.

L’arbre. Elise passe à la flûte traversière. J’ignorais qu’elle en jouât. Elle introduit le morceau à la flûte en fusion avec le piano puis chante en hommage à un arbre. C’est beau comme les arbres en liberté de Mario Rigoni Stern. Il s’en passe des choses sur et sous un arbre. Elise les chante.

Début tempétueux du piano. Puis cela s’adoucit. Quoique le texte sur les vicissitudes de la vie militante ne soit guère doux. Ce n’est pas que beau. L’alliance de la logique et du lyrisme est rare. Saluons la. Cela sort de la banalité des chansons d’amour. La tempête reprend au piano. La musique court à perdre haleine alors que le chant d’Elise plane au dessus.

Jacques a cent ans extrait de l’album Chansons pour les petites oreilles dont l’écoute attentive n’est pas réservée aux enfants. Mes six neveux de 2 à 7 ans, ma sœur, ma mère sont tous fans de cet album. Moi aussi. Une chanson sur la vie, l’évolution, le changement de 0 à 100 ans. Un bijou. Dans le jeu de scène se voit l’actrice et dans le jeu des bras la danseuse. « C’est la vie qui a raison et chacun son tour » : jolie morale.

L’ode à rien. Quinze ans de duo créent des liens de complicité rares entre la chanteuse et le pianiste. Un délice pour le spectateur. Une chanson d’amour triste. Pour l’instant, ma voisine de droite n’a applaudi qu’une chanson « Jacques a cent ans ».

Une chanson en anglais qui se prénomme « Ich liebe ich » (sic). C’est bien en anglais. Une chanson surréaliste où il est question de nager dans une rivière de ketchup. Le piano descend alors que la voix monte. L’effet est saisissant.

Une chanson française un peu folle tant pour la musique que pour les paroles. « La secrétaire du docteur Schweitzer », dur métier apparemment. Elise fait même des vocalises d’opéra. Qui finissent en blague. Devant la performance, ma voisine difficile applaudit. C’était Rose des sables (sic). Un hommage à Henry de Montherlant ?

La belle au bois dormant. Très jolie mélodie. La voix se fait douce, alanguie, paresseuse. « Je rêve de réveil ». C’est exactement l’ambiance de la belle au bois dormant, non pas en version dessin animé mais en version conte. La langue française si précise, si réaliste devient évanescente, mystérieuse comme l’anglais ou l’allemand.

Ma voisine et son époux s’en vont. Décidément, ils n’ont pas accroché. Dommage pour eux.

PAUSE

Denis attaque sans prévenir. Une nouvelle chanson folle, très rapide, aux paroles incompréhensibles. Une chanson d’échauffement. « Si vous n’avez pas tout compris, je la referai beaucoup plus lentement » annonce Elise.

Elise explique Eurydice accompagnée par Denis. L’explication s’embrouille. C’est du délire contrôlé. Ecoutez Eurydice bis. La présentation de la chanson était un numéro qui a rendu fous certains spectateurs. La chanson, elle, est tendre, mélancolique. Une chanson d’amour qui nous captive, impose le silence.

Elise prend une grosse voix vulgaire pour annoncer une chanson délicate, La fleur. Le piano joue léger, rythmé. Elise prend une voix de jeune fille en fleur. Elle use de ses longs bras pour nous attirer, nous captiver.

« Voici un autre mythe bien dissimulé sous une comptine » annonce Elise. Le piano sautille. « Reviens, descends » chante t-elle alors que je plonge dans le sommeil. Impossible de suivre le texte de la chanson qui me berce.

Chanson sur les rides de l’esprit, pas du corps. Une chanson douce que ne me chantait pas ma maman. Un désir de joie exprimé tristement. Superbe travail du pianiste qui fait résonner les notes en harmonie avec nos sentiments.

Chanson de la prostituée. Pas gaie. «  Y a que ces salopards de bourgeois qui les appellent des filles de joie » comme le chantait Georges Brassens. Cette chanson là n’est pas pour les enfants bien qu’elle soit instructive.

La chambre est une chanson nostalgique, mystérieuse. Elle parle d’ombres au plafond alors que Serge Gainsbourg, lui, y voyait des chauve souris (Intoxicated Man). Je m’endors à nouveau, bercé par la chambre, alors que la chanson précédente m’avait réveillé.

Une nouvelle chanson folle. Le piano, la voix s’amusent. « Ce matin j’ai acheté du pain » avec l’accent d’une chanteuse réaliste des années 1930 qui pèterait les plombs. Elle reprend le même texte en version accélérée. La chanson continue dans le style « marabout, bout de ficelle ». Le pianiste aussi s’amuse comme un petit fou.

Une nouvelle chanson pour les petites oreilles, l’histoire du vrai grand dragon vert. Si vous ne la connaissez pas encore, je vous laisse la joie de la découvrir, adorables lectrices, charmants lecteurs. Ecoutez donc Elise Caron, nom de Zeus ! Elle sait même faire les rugissements du vrai grand dragon vert. C’est dire l’étendue et la diversité de ses talents.

RAPPEL

Pour le bis, Eurydice ter en toute logique. Une nouvelle chanson d’amour nostalgique. C’est beau comme un coucher de soleil sur l’Océan Atlantique, plein Ouest, à la pointe de Pen Hir. Bacchante, amante, infante, innocente, Elise Caron est toutes les femmes en une. Denis Chouillet sait la suivre dans ses fantaisies cosmicomiques. Grâces leurs en soient rendues.


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