Magazine Journal intime

La vie ne tient qu'à un fil

Par Nainfermier
Je me dis parfois que des anges gardiens veillent sur mes patients. Il y a des situations où la seule et unique chose qui a sauvé la vie de mes patients c'est la chance. Pour bosser aux soins intensifs il ne vaut mieux pas être un gros poissard ou alors on risque de perdre un grand nombre de patients.Voilà quelques situations vécue ces derniers jours:- Ma perf d'amines qui arrive à ses dernières gouttes, alors que j'ai oublié de préparer des réserves. Je ne sais pas pourquoi les constructeurs de pompes ont prévu que la pompe ne sonne que 3 minutes avant de s'arrêter définitivement, mais c'est assez stressant de savoir qu'on a exactement trois petites minutes pour courir jusqu'à la pharmacie, exploser les bonnes ampoules et les mettre dans une perf sans se tromper de dosage (facile dans ce genre de situation de faire du calcul de dose...) et courir dans l'autre sens pour brancher la perf avant que le patient ne s'écrase...Il aurait suffit que j'aie été retenu loin de mon patient durant ces quelques petites minutes pour que je n'aie pas entendu ma pompe sonner et j'aurais juste pu assister impuissant à la dégringolade de la TA de mon patient sans pouvoir rien faire...J'ai eu de la chance.- Le ballon de contre-pulsion du patient qui explose dans son thorax, généralement c'est le genre de truc qui est plutôt grave et auquel peu de patient survive. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un ballon qui se gonfle dans l'aorte pour aider le coeur à irriguer ses coronaires. C'est le genre de matériel qu'on surveille de près et que l'on arrête pas d'un coup sec en envoyant tout l'hélium contenu dans le ballon dans la circulation.Mais dans ce cas le patient a très bien supporté, il n'a pas bronché...Le gros coup de bol.- Une assistance ventriculaire c'est une turbine qui pousse le sang dans la circulation pour remplacer le travail du ventricule, chez les gens en attente de greffe par exemple. Elle est reliée par des tuyaux à une grosse machine externe, il faut éviter d'arracher les tuyaux ou alors la machine s'arrête et c'est la mort quasi instantanée... C'est donc la chance qui a fait que quelqu'un passait par là au moment même où le patient à fait une soudaine désorientation inattendue et à voulu sortir de son lit en oubliant au passage de prendre les tuyaux avec lui. A quelques secondes près, les tuyaux étaient arrachés, si c'est pas une chance de cocu ça!- Le gentil cardiologue qui vient ausculter un patient et qui innocemment ouvre le pansement du thorax et arrache au passage les fils du pacemaker...Heureusement le patient n'en avait plus un besoin vital, mais ça aurait pu être bien plus grave.
Je vois des situations de ce type tous les jours, je me dis souvent que la vie ne tient qu'à un fil, que beaucoup de gens ne doivent leur vie qu'à la chance. 

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LES COMMENTAIRES (1)

Par Rosy
posté le 03 novembre à 20:52
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C'est la vie toujours tenue à un fil, et ce fil grâce à certains ne se brise pas il faut reconnaître que nous sommes tous peu de chose, et une grande ovation à tous ceux qui sont là pour que la vie continue. MERCI

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