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Due Date - Leave your comfort zone

Par Ashtraygirl

Je pense me faire rapidement épingler sur cette critique tant celle-ci s'annonce enthousiaste à l'excès en comparaison du costard taillé par mes soins aux Very Bad Cops du mois dernier. Tant pis, j'assume.

Due Date
Todd Phillips et moi, a priori, on n'est pas fait pour s'entendre. Ma première - et regrettable - expérience avec le réal' n'avait de Road Trip que le titre, le reste du film se mêlant dans une cacophonie post-pubère fort peu digeste et très moyenne sur le plan cinématographique. Pas revencharde, je tente cette fois un Very Bad Trip avec lui l'an dernier, qui s'est soldé par une virée stimulante, pas totalement convaincante, mais suffisamment émoustillante pour gonfler un peu sa cote de popularité. Aussi, c'est tout naturellement que je me suis précipitée hier, avide, à l'avant-première de Date Limite (première traduction correcte d'un de ses films, serait-ce un signe?). Moins pour Todd Phillips que pour le gros nounours qu'il a lancé, le génial Zach Galifianakis, mais encore foutrement moins que parce le deuxième dindon de cette farce-ci s'appelle Downey Jr.

L'un de mes compères insinuait récemment que j'avais une tendance prononcée aux déclarations enflammées pour les comédiens de mon panthéon. Il n'a peut-être pas complètement tort (encore que je pensais naïvement me montrer plus subtile que ça) mais, en ce qui concerne Robert Downey Jr, il a plus que parfaitement raison. Je voue un véritable culte (comme vous finirez par le savoir par coeur) à ce funambule du 7ème art, dont on n'est jamais vraiment sûr qu'il évitera la chute mais qui parvient néanmoins à toujours retomber sur ses pattes avec une classe éhontée. Le voir dans un nouveau numéro qui s'annonçait de haute voltige était de facto une priorité absolue. Et le numéro en question s'est avéré infiniment plus savoureux que prévu...

Due Date
 

Pour une fois, l'affiche du film annonce clairement la donne: Due Date va s'appuyer sur un duo à la Laurel et Hardy, qui va tout à la fois prendre cher et tout balayer sur son passage. De ce postulat de base - deux types aussi différents qu'ils puissent être, forcés de covoiturer pour traverser les Etats-Unis d'Est en Ouest, l'un tendance golden boy et l'autre boulet de première - Todd Phillips livre à la fois un film au comique irrésistible, tout aussi trash que d'habitude mais moins pataud, une dramadie en arrière-plan qui crédibilise le tout sans verser dans le ridicule, et un vrai road trip (enfin!) aussi beau qu'ahurissant.

Premier bon point: les gags. Ils s'enchaînent, tantôt verbaux, tantôt jouant sur la situation décalée, prenant toujours la direction la plus démentielle, rendant plus qu'improbable une quelconque anticipation de ce qui va arriver la seconde suivante. Prenant le temps de dérouler le fil de son récit rocambolesque de bout en bout, Todd Phillips surprend dans le vif de l'action tout autant qu'il aménage tranquillement la séquence à venir, la balisant de micro-indices placés là pour nous induire en erreur et nous laisser nous faire notre propre trip, en parallèle de celui de Peter et Ethan.

Deuxième bon point: l'histoire a un point A et (oh! surprise!) un point B, vers lequel elle tend même lorsqu'elle semble à des années lumières de lui, résolue à avoir un sens. Cette fois, (plus que les fois précédentes en tous cas), Todd Phillips donne l'impression de vraiment maîtriser son sujet, sans hésitation ni balbutiements concernant le ton à lui donner, sûr de ses bases donc certain de pouvoir laisser le reste en roue libre... dans un contexte encadré. S'il reste fidèle à son goût pour l'humour trash et les gags graveleux, il semble qu'il est aussi gagné en maturité quant à sa façon de les exprimer à l'écran. Du coup, ça fonctionne bien mieux (en tous cas avec moi) et enlève la sensation de larguage total que j'avais pu ressentir devant ses autres moutures, par exemple. Là, malgré le méga délire qu'il se tape, on perçoit une réelle cohérence, et un sens du rythme qui lui faisait défaut jusqu'ici. Pas de temps morts, pas de flottements autres que ceux servant le film, qui ne s'essouffle que sur sa toute fin...

Due Date
 

Mais le méga bon point de ce Due Date reste le duo improbable formé par Galifianakis et Downey Jr. J'avais de gros doutes quant à l'association de ces deux énergumènes, me représentant mal ce que pouvait donner le mariage de leurs styles très différents. Leur complicité évidente hors caméra est proportionnelle à leur anti-alchimie à l'écran. Immédiatement, on pense au personnage du Boulet ou à L'Emmerdeur, tant Galifianakis excèle dans le rôle de la tête à claque foutrement attachante, qui multiplie les fantaisies les plus déroutantes. Borderline au possible, on redoute tout autant qu'on trépigne d'impatience à l'idée de nouveaux débordements de sa part. Et ça marche à chaque fois. Le bonhomme a affiné son jeu, délaissant la connerie pure pour un registre plus nuancé qui, s'il lui permet toujours les pires extravagances, lui accorde également quelques moments de vraie émotion, salutaire à son personnage instable. Face à lui, le futur papa qui se la joue méga responsable et super adulte, incarné par Downey Jr, se métamorphose peu à peu en quelque chose approchant une cocotte-minute à laquelle on aurait ôté la soupape de sécurité. Colérique, ahuri, s'asseyant sur le peu de principes qui font de lui un homme, le personnage de Peter a pour lui la normalité à laquelle on inflige avec brutalité la plus étrange des bizarrerie. Autrement dit, peu à peu, il pète les plombs, et ça donne du très bon, et surtout du très irrévérencieux avec, en prime, et comme souvent depuis quelques années, un soupçon d'auto-dérision toujours exquise. Le reste, entre eux, n'est qu'affrontement, dialogues de sourds et camaraderie virile d'abord de bon ton, puis de plus en plus sincère, quoique instable. Et, là encore, Todd Phillips a tout bon: l'apprivoisement de ces deux comparses improbables prend tout son temps, avec moult accrocs, et surtout ce petit côté authentique genre virée du samedi soir ou souvenir de vacances...

Seul petit bémol: la fin, un poil chiante et trop "happy end" bien pensante à mon goût. Mais bon, le voyage qui la précède colle la banane pour un moment, alors...

Due Date
 

En résumé c'est un méga bon trip que nous fait faire là Todd Phillips, avec en prime une brochette d'acteurs que l'on retrouve toujours avec plaisir (Juliette Lewis, so funky, Jamie Foxx...), des paysages dignes d'un road trip sur la route 66 en méga technicolor, et une bande son excellente. Galifianakis prend le chemin du top, Phillips y accède enfin, et Downey Jr y reste. Bref: c'est la top-attitude.

Vive les boulets!


*Indice de satisfaction:

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 (++)

*1h35 - américain - by Todd Phillips - 2010

*Cast: Zach Galifianakis, Robert Downey Jr, Michelle Monaghan, Jamie Foxx, Juliette Lewis...

*Les + : Une virée à la fois maîtrisée et totalement barrée, emmennée follement par un numéro de duettiste aussi improbable que savoureux. Extra.

*Les - : Une fin un peu mollassonne en comparaison du reste de la ballade...

*Liens: Fiche Film Allociné

   Site officiel

*Crédits photo: © Warner Bros.


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