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Nadia et le secret de l’eau bleue

Par Ledinobleu

Jaquette DVD de l'édition américaine de l'anime Nadia The Secret of Blue WaterParis, 1889. Lors de l’exposition universelle, le jeune Jean vient en aide à Nadia, une fille de son âge aux prises avec des inconnus. Elle affirme descendre de la mythique Atlantide, et que ses poursuivants convoitent sa Pierre Bleue pour les secrets technologiques fabuleux qu’elle renferme. Avec l’aide de Jean, mais surtout du Capitaine Nemo et de son légendaire Nautilus, elle affrontera l’organisation occulte Gargoyle qui veut restaurer la puissance perdue de l’Atlantide pour conquérir le monde…

Si cet anime s’inspire de Vingt mille lieues sous les mers, le spectateur averti reconnaîtra aussi de nombreux clins d’œil à d’autres œuvres de Jules Verne, telles que L’Ile mystérieuse, Voyage au centre de la Terre, Robur le conquérant ou encore Deux ans de vacances. Au-delà de ces quelques références supplémentaires, dont la lecture ne saurait être assez conseillée, cette série reste plutôt « conventionnelle » sur le plan de l’univers décrit et de la narration même si on y distingue ici et là quelques subtilités de réalisation qui ne vont pas sans préfigurer les techniques, cette fois poussées à l’extrême, de Neon Genesis Evangelion.

L’intérêt de l’anime s’arrête là sur le plan technique, même si on distingue dés les premiers épisodes une qualité d’animation inhabituelle qui saura rester assez constante – sauf dans « les tristement fameux épisodes de l’île ». Car Nadia et le secret de l’eau bleue reste à mes yeux essentiellement une œuvre d’ambiance, d’atmosphère : le Paris de la fin du XIXème siècle y est magnifiquement retranscrit – on notera que la Tour Eiffel s’y trouve présentée dans ses couleurs d’origine – avec une fraîcheur qui illustre à merveille cette « Belle Époque«  qui donne son cadre au récit – du moins au début. Il reste malgré tout assez discutable de présenter la série comme appartenant au mouvement steampunk car les technologies démentielles qu’on y trouve ne sont pas des extrapolations des sciences de l’époque – et encore moins de celles basées sur la vapeur. Mais le ressenti général en est néanmoins proche…

En dépit des « tristement fameux épisodes de l’île », la série propose un concept intéressant – qui aurait toutefois mérité de se voir plus développé – ainsi qu’un scénario plutôt élaboré. Si les relations psychologiques restent du ressort d’un programme pour adolescents, on retiendra des coups de théâtre et des retournements de situation bien menés qui reposent beaucoup sur la thématique de l’absence du père – pour le moins chère à Anno et souvent la garantie du succès d’une production à une époque où les exigences du monde du travail éloignent toujours plus les parents de leurs enfants. Il découle de ce dernier élément un aspect de récit initiatique qui contribue pour beaucoup à l’impact émotionnel de cette production – impact d’ailleurs tout à fait réussi.

L’impression générale qui découle de cet anime évoque assez ces productions des années 70 mettant en scène un groupuscule terroriste voué à la domination de la planète sans autre motif que celui de la mégalomanie chronique – l’excuse des « méchants » étant ici assez cliché pour peu qu’on connaisse ses classiques en matière de science-fiction. Les connaisseurs, et en règle générale les représentants de la « génération Goldorak », dont je fais partie, sauront apprécier l’aspect nostalgique… À noter cependant que les qualités visuelles en général et les designs en particulier sont, eux, non seulement modernes mais aussi bien élaborés et assez innovants dans l’ensemble.

Plus une digression qu’une réelle inspiration de l’œuvre de Jules Verne, Nadia… reste un spectacle très divertissant et inventif qui souffre hélas d’un certain manque d’homogénéité et de constance dans sa trame globale, en particulier dans le début de sa seconde moitié mais aussi dans les tous derniers épisodes qui apparaissent un peu précipités. Le résultat final s’affirme néanmoins comme un classique de l’animation japonaise populaire, et dont les fans dans le monde entier ne se comptent plus depuis longtemps.

Notes :

Au départ prévu pour 30 épisodes, le succès de Nadia… amena le distributeur NHK à demander à Gainax de produire quelques épisodes de plus, étendant ainsi le compte à 39. Ces épisodes supplémentaires, de 23 à 34, sont souvent appelés « les tristement fameux épisodes de l’île » par les fans et régulièrement critiqués pour la lourdeur de leur narration, leurs personnages stupides et leurs intrigues inintéressantes.

L’histoire est très librement inspirée de Vingt mille lieues sous les mers, le célèbre roman de Jules Verne. En 2001, quand Disney sortit Atlantide, l’Empire perdu, des fans d’animes accusèrent le film de plagier Nadia…, mais le Dr Marc Hairston prouva au cours d’un long essai paru dans l’édition 2001 d’Animerica que ces deux œuvres ne faisaient que s’inspirer du même livre.

L’épisode 26, Le Chagrin d’Attila, présente un hommage à la fameuse série anglaise de marionnettes Les Sentinelles de l’air (Thunderbirds) des années 60 : dans ses grandes lignes, la séquence de lancement du Thunderbird 2 – ici rebaptisée Etoile de la Seine X – apparaît dans un rêve de Jean.

Shinji Higuchi, qui dessina les storyboards de la plupart des premiers projets de Gainax, réalisa « les tristement fameux épisodes de l’île » ainsi que la finale de la série après qu’Hideaki Anno eut abandonné le projet.

Deux anciens navires de combat atlantes exhumés des fonds de l’océan portent les noms d’Eletrium et d’Excelion : ces noms ont été « empruntés » à une autre réalisation d’Hideaki AnnoAim for the Top! Gunbuster.

Le Capitaine Nemo ressemble ici à Bruno J. Global de Superdimensionnal Fortress Macross alors qu’il porte un uniforme similaire à celui de Juzo Okita dans Space Battleship Yamato.

Bien que diffusée en France sur plusieurs chaînes, cette série ne connut jamais d’édition en DVD à ma connaissance…

Nadia et le Secret de l’eau bleue, Hideaki Anno & Shinki Higuchi, 1989
AD Vision, 2008
39 épisodes, pas d’édition française à ce jour

Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka


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