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L’amour du temps de Socrate

Par Bgn9000

Tout le monde sait que les mœurs du temps de la Grèce antique étaient différentes. Les beaux jeunes hommes avaient l’aura des mannequins d’aujourd’hui auprès de respectables personnages dont Socrate qui ne s’en cachaient pas. La cité d’Athènes étant très loin d’être décadente ; ces mœurs étaient dans la norme de l’époque.

Frédéric Lenoir nous livre une bonne analyse de l’Éros socratique dans « Socrate Jésus Bouddha », à commencer par le discours d’Aristophane, « véritable inspirateur de l’amour romantique » : « Le poète explique que nous étions jadis composés d’un corps double. Les mâles avaient deux sexes masculins, les femelles, deux sexes féminins, et les androgynes, un sexe de chaque genre. Malheureusement, Zeus décida de couper en deux nos lointains ancêtres. Depuis lors, nous ne faisons que rechercher notre moitié, qui, quel que soit notre sexe, peut être homme ou femme, selon la nature de notre double originel ». On ne sait pas pourquoi Zeus a pris cette étrange décision, peut-être pour nous voir errer sur terre à la recherche de l’homme ou la femme de notre vie. En tout cas, on comprend mieux la mentalité grecque.

Autre passage important : « Diotime révèle alors à Socrate une voie spirituelle conduisant par l’amour jusqu’au Bien suprême qui seul peut nous combler. S’élevant par degrés, c’est par l’amour et la beauté que l’âme accède au Beau et au Bien suprêmes qui sont les deux faces d’une même réalité. L’âme s’attache d’abord à un beau corps en particulier, puis à la beauté des corps en général. S’élevant toujours plus, elle s’attache ensuite à la beauté des âmes, puis à la beauté de la vertu, des lois et des sciences, avant d’accéder enfin, au terme de ce long parcours initiatique, à la beauté en soi, qui est divine ». Voilà une bonne définition de l’esthétisme des Grecs si je m’abuse ? De l’édonisme à l’esthétisme. Les homosexuels, les mâles ou femelles d’Aristophane, n’ont pas cette fausse pudeur à regarder la beauté des corps qu’ils soient masculins ou féminins. Ainsi, sans cette homophobie, cette peur du même sexe, ils peuvent accéder à apprécier la beauté de tous les corps en général, donc ils peuvent continuer à s’élever sans entrave vers la beauté en soi. Bien sûr, il existe d’autres entraves que l’homophobie, mais cette dernière est la plus évidente, la plus médiatique. Les anciens Grecs avaient au moins dépassé ce stade sans être nécessairement des homosexuels.

« Que retenir du discours socratique sur l’amour ? Que l’amour humain est un désir perpétuellement insatisfait, mais qu’il peut trouver son apaisement, au terme d’un long chemin spirituel, dans la contemplation mystique de l’absolu… L’amour peut conduire au meilleur comme au pire… L’amour en soi n’est ni une qualité ni un défaut, ni une vertu ni un vice, ni un bien ni un mal. L’amour est cette force universelle et aveugle qui nous pousse sans cesse à rechercher quelque chose qui nous manque, et qui demande à être éduquée, maîtrisée et ordonnée ». C’est tellement bien dit. Comme suivent les définitions de l’amour de Jésus et de Bouddha, j’ai hâte de continuer la lecture afin, non pas de donner les différences ni même les ressemblances, mais pour avoir une vision complétée par ces trois maîtres. Frédéric Lenoir reprécise aussi dans l’intervalle la signification de péché dans l’étymologie hébraïque, qui signifie « se tromper de cible ». Il précise ainsi que ce n’est pas l’acte en lui-même qui est le péché, mais que la personne qui pêche se trompe de cible, vit dans l’erreur. Il peut atteindre par son péché l’idéal d’esthétisme des Grecs anciens même si ses agissements sont dans l’erreur, le conduisant à ne pas avoir une vie exemplaire qui est pour nos trois maîtres leur doctrine de vie.

23 août 2010

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