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Bonanza

Publié le 18 novembre 2010 par Joeybassett

BonanzaÉcrire une chronique sur Bonanza, c’est s’attaquer à une montagne. Alors ne lâchez pas la corde en cours de lecture car quatorze saisons, 430 épisodes, une douzaine de « starlets » et starlettes, environ quatre autres de guests et un succès planétaire méritent qu’on explore toutes les faces de cet Everest télévisuel.

Établissons donc d’abord notre camp de base (sur un sol plat et sec de préférence) : Bonanza (aussi diffusée sous le titre Ponderosa) est une série créée et produite par David Dortort qui venait de terminer la production de The Restless Gun, une autre série western qui n’a pas laissé de traces profondes dans les mémoires, mais dont je vous parlerai quand même un de ces jours juste pour vous embêter. Il est aussi le producteur de The High Chaparal et The Cowboys. Enfin bref, tout ça pour dire que cette série ne sort pas de nulle part et qu’elle est dés son origine entre de bonnes et expertes mains. Allumons un feu de camp et écoutons ensemble le thème du générique, ça nous donnera des forces pour le reste de l’ascension.

Bonanza
Comme vous l’avez vu sur la carte, l’action se passe à Virginia City ou en tout cas juste à côté. C’est là que le vieux Ben Cartwright a son ranch. Un sacré gars ce Ben ! Marié trois fois et trois fois veuf, qui a eu trois fils de ces trois unions. Ce sont Adam l’architecte (c’est carrément lui qui a bâti la maison familiale), le gros Eric, alias Hoss et Joseph, dit « Little Joe » qui est un petit nerveux en plus d’être le petit dernier. Et c’est un sacré ranch le Ponderosa (c’est comme ça qu’il s’appelle et que se nomme la série lorsqu’elle est rediffusée sur une autre chaîne) : immense, avec un accès sur le lac Tahoe qui fait de la famille Cartwright les émirs du coin, ou en tout cas les rois du steak sur pattes.

Les Westerns, qui sont très en vogue dans les années 1950 et connaissent leur age d’or dans la deuxième moitié de cette décennie (plus d’une soixantaine se séries western débuteront sur les écrans entre 1955 en 1960), se divisent déjà en plusieurs catégories (« Shoot ‘em up », « Epic », « singing cowboy », « northern », « comedy »…) mais on peut dire que Bonanza vient, sinon en créer une autre, au moins la confirmer : celle du Western familial (non, ne cherchez pas, c’est un genre que j’ai inventé pour faire la transition). Souvenez-vous que la même année débute Laramie dont nous avons déjà parlé et qui est aussi une histoire de famille qui gère un ranch.

Bonanza
Les histoires suivent généralement une péripétie impliquant l’un des membres de la famille avec un élément extérieur au ranch. À priori, ils sont copains avec tout le monde, pacifiques et respectés, pas du genre qui cherchent des noises, mais pour notre meilleur divertissement, ils cultivent les emmerdes en plus d’élever du bétail. Par exemple, ils entretiennent les meilleures relations avec les indiens du coin, mais il y a toujours un malentendu pour leur faire la guerre ou les mettre sur le sentier de la guerre. Les mineurs de la région sont de braves gars, mais quand ils ne font pas de conneries qui menacent tout le monde, ils se battent entre eux. Les trois garçons, c’est de leur age, rencontrent des filles dont ils tombent amoureux, mais qui ne peuvent jamais faire des femmes (ils se consolent vite). Il y a des étrangers sympathiques dont on ne se méfie pas assez et des visiteurs que l’on soupçonne à tort, des voisins jaloux et comploteurs, des revanchards obsédés par l’idée de refroidir quelqu’un au plomb chaud, un bon paquet d’escrocs, trois douzaines d’innocents qui risquent la corde alors que les méchants finissent généralement plus souvent avec une boutonnière sanglante qu’avec une cravate de chanvre. Comme je suis sûr que vous avez déjà vu tout ça (ici ou ailleurs), voici les personnages de la série (et de quelques autres) dans une toute autre situation :

Bonanza
Oui, je vous promet que demain je ne publierai pas de chronique afin de vous laisser le temps de rendre visite à votre concessionnaire et de souffler un peu après ce long article (on n’est pas couché : je n’ai même pas encore parlé des acteurs).

Donc, reprenons au début : Lorne Greene interprète Ben le patriarche. Cet acteur est presque légendaire, tant ses apparitions furent nombreuses. Avant Bonanza, il avait été la vedette de la série Sailor of Fortune et il sera encore au premier plan dans Griff (1973), Battlestar Galactica (1978) ou Code Red (1981). Pernell Roberts joue Adam et ne restera pas jusqu’au bout, préférant partir lorsqu’on lui proposera de n’être plus qu’un personnage régulier du show (qui doit économiser son budget et surtout optimiser ses tournages). Il y eut un essai pour le remplacer (Barry Coe puis Guy Williams), mais les autres acteurs préférèrent que la place reste libre et profiter de l’espace supplémentaire pour leur propre personnage. Dan Blocker interprète Hoss, un personnage dont la silhouette ronde et chapeautée est carrément emblématique de la série. Hélas, l’acteur décèdera au cours de la dernière saison et ne pourra pas nous offrir les rôles que son talent nous promettait. Et puis, bien sûr, il y a le jeune Michael Landon en « Little Joe » qui va faire craquer toutes les téléspectatrices et devenir le chouchou des magazines. Avec cette série, il ne va pas seulement se faire un nom, il va aussi se faire les dents en s’initiant à la réalisation sur plusieurs épisodes. Il deviendra au fil des saisons de plus en plus influent sur la conduite de la série et, au dire de certains, de plus en plus pénible aussi.

Bonanza
Il faut en citer d’autres parce qu’ils sont revenus souvent, comme Victor Sen Yung qui joue le cuistot chinois, David Canary qui est embauché dans la huitième saison et qui deviendra plus tard un pilier de la Soap All my Children, Ray Teal en sheriff avec Bing Russell pour jouer son adjoint et Mitch Vogel qui se fait adopter dans l’avant dernière saison. Et puis il y a les guest stars, sui sont forcément nombreuses sur quatre cent épisodes et dont la liste qui suit ne représente donc que ma sélection personnelle. Phil Chambers (The Gray Ghost), Tim Matheson (The West Wing), Norman Leavitt (Trackdown), Denver Pyle, Don Haggerty (The Cases of Eddie Drake, The Life and Legend of Wyatt Earp), Victor French, DeForest Kelley, James Coburn, Robert Lansing, Gene Evans, James Best, Ben Johnson, George Murdock, John Saxon, Vera Miles, James Doohan, Tom Bosley…

Les épisodes devaient être tournés en un temps record et pour pouvoir réutiliser les scènes d’action qui demandent toujours du temps et de l’argent, les personnages avaient toujours le même costume. Aussi, les scripts ressemblent parfois furieusement à des épisodes précédents et certains personnages sont carrément absents de certaines histoires pour économiser encore. Le programme faillit être annulé après sa première saison qui réalisa un score honnête, mais sans plus. Elle fut sauvé parce qu’elle était en couleur et qu’à ce moment là il fallait justement des programmes en couleur pour vendre de nouveaux téléviseurs. Dés la seconde saison (et une meilleure programmation) la série devint un succès d’audience, quasiment toujours classé dans les dix premières séries de l’audimat. Bonanza fut rediffusé partout et longtemps après ses quatorze saisons (diffusé pour la première fois en France en 1965) et se déclina encore en téléfilms. En 2001, il y eut une tentative de reprise avec une série « Ponderosa » dont l’action se passait au moment de l’installation des Cartwright et qui fut produit en Australie, mais il n’y eut qu’une vingtaine d’épisodes. On ne peut pas compter le nombre de produits dérivés de cette série, pas plus que les références et parodies qui lui ont été consacrées.

À ma connaissance, il n’y a pas encore d’intégrale officielle de la série éditée en DVD, mais on trouve de nombreuses compilations des épisodes, partout et à tous les prix.

Pour en savoir beaucoup plus, il y a un excellent dossier sur le site francophone de référence des amateurs :

Le Magazine des Séries

J.B.

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