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Ken Follett - Les Piliers de la Terre

Publié le 07 novembre 2010 par Ptitetrolle
Ken Follett - Les Piliers de la Terre
  • Synopsis :
Dans l'Angleterre du XIIème siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent chacun à leur manière pour s'assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l'amour, ou simplement de quoi survivre. Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. Les fresques se peignent à coups d'épée, les destins se taillent à coups de hache et les cathédrales se bâtissent à coups de miracles... et de saintes ruses. La haine règne, mais l'amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes.
  • Mon avis :
Au premier abord, je m’étais dit que j’aurais sûrement du mal à finir ce pavé de plus de 1000 pages. Finalement, je l’ai lu en six jours ! Les Piliers de la Terre est une gigantesque fresque historique et humaine qui dépeint à merveille l’Angleterre du XIIème siècle. Je ne suis pas historienne, ni spécialiste du Moyen-âge, mais je pense que ce que Ken Follett restitue dans son roman est très proche de la réalité de l’époque. On découvre avec fascination cette lutte de tous les instants entre le Clergé, le Tiers-Etat et la Noblesse. De fil en aiguille, les nombreux personnages voient leurs destins se lier. Au fur et à mesure de la lecture, on comprend que le point de départ du récit (la pendaison d’un voleur du nom de Jack Cherbourg) est le déclencheur de tous les événements qui suivront. Ken Follett tisse talentueusement une toile complexe qui relie tous les personnages, passant d’événements locaux touchant quelques personnages à d’autres plus importants qui englobent toute l’Europe. J’ai eu le sentiment de lire une illustration de l’effet papillon : c’est une somme de petits événements qui peuvent paraître sans importance en eux-mêmes mais qui ensemble, créent un effet boule de neige qui bouleverse l’histoire de milliers d’hommes.

J’ai été totalement captivée par toutes ces luttes de pouvoir incessantes : l’auteur nous entraîne d’un combat à un autre, à coup de ruse ou d’épée, passant de la cruauté et la soif de pouvoir de certains personnages à l’envie de survivre et de faire justice des autres. On se rend compte à quel point la vie de l’époque pouvait être difficile. La vie de milliers de personnes pouvaient basculer en quelques mois : la guerre, la famine, la violence, les hommes sans scrupules prêts à tout pour le pouvoir, à tuer, violer, saccager, extorquer des taxes aux paysans pour financer la guerre ou leurs ambitions personnelles…

On se rend également compte de l’importance que prenait la religion à l’époque. C’est assez difficile de se l’imaginer mais je trouve que l’auteur transmet bien cet aspect au lecteur : les gens sont terrifiés lorsqu’une malédiction est jetée ou qu’un moine menace quelqu’un d’aller en Enfer, ils sont prêts à travailler gratuitement pour l’absolution de leurs péchés, mais surtout, le soutien de l’Eglise est très important au niveau politique et les rois cherchent sans cesse à faire du Clergé leur allié.

Ce que j’ai beaucoup aimé dans le style de Ken Follet, c’est qu’il est simple et facile à lire, malgré toutes les descriptions qui peuvent paraître un peu laborieuses (j’ai parfois eu du mal à me représenter les plans de la cathédrale). Son récit est à la fois une fresque historique et une formidable description du genre humain. Finalement, l’époque a changé, mais les hommes sont toujours les mêmes : capables de bonté et d’amour, mais aussi de naïveté, d’orgueil, de cruauté, de violence, et parfois tout à la fois. On aperçoit au détour de l’intrigue des hommes qui s’enfoncent dans la violence et n’arrivent plus à en sortir, d’autres qui malgré les épreuves et les injustices se relèvent avec toujours plus de force. Les personnages ne sont pas toujours gâtés par la vie,et on est très vite emporté par les événements : on rit avec eux, on est indignés, en colère, atterrés, puis optimistes, amoureux, émerveillé. Dans ce roman, il n’y a pas de héros, juste des hommes qui suivent chacun leur but et dont les vies se croisent et s’entremêlent autour du personnage principal : la cathédrale de Kingsbridge. Car chacun dans le récit lui est lié, soit par le désir de la bâtir, soit par la volonté d’empêcher sa construction.

Maintenant que j’ai fait l’éloge de ce roman, passons aux points négatifs (car il y en a !). Tout d’abord, si je ne me suis pas le moins du monde ennuyé pendant les ¾ du récit, je pense que la fin mériterait quelques raccourcissements. Peut-être est-ce dû au fait que je n’ai fait aucune pause dans ma lecture, mais à partir du moment où Aliena part chercher Jack en France, puis en Espagne et en Tolède, l’histoire perd de son intérêt (le fait qu’Aliena parvienne à mener ce voyage à terme sans aucun problème n’est d’ailleurs pas très crédible à mes yeux). Certains éléments sont redondants (l’histoire d’Ellen et de Tom avec l’Eglise se répète entre Jack et Aliena, William et Waleran utilisent toujours le même type de ruses pour contrer le prieur Philip, etc.) et on peut déplorer une vision un peu trop manichéenne des personnages. Dès les premières pages on comprend qui sont les gentils et les méchants, et la lutte entre les deux constitue une constante dans l’histoire. La fin d’ailleurs nous apporte une morale à laquelle on s’attendait : les méchants sont toujours punis. Personnellement, cet aspect manichéen ne m’a pas vraiment gênée, car j’ai trouvé les « méchants » très bien décrits, et je pense que Ken Follett a réussi sans mal à faire détester William à tous ses lecteurs. Je trouve ce personnage très crédible (Waleran aussi d’ailleurs), il m’a vraiment fasciné car je ne cessais de me dire que des gens comme ça existent vraiment, et que je ne les comprenais pas. J’ai aussi beaucoup aimé les « gentils », notamment Philip et Aliena pour leur combattivité, leur persévérance et leur ingéniosité lorsqu’il s’agit de ruser pour détourner les obstacles qui se dressent sur leur chemin. J’aurais aimé en savoir plus sur Ellen, sa vie avant Jack, sa vie avec Jack, sa vie après aussi, et comment elle a appris à jeter des malédictions ?

Mais globalement, ce livre est une excellente lecture, je ne m’attendais pas à l’apprécier autant (malgré les 300 dernières pages qui m’ont un peu gâché le plaisir). Je pense qu’il ne faut pas reculer devant le nombre de page et s’y plonger sans tarder !

Une citation qui résume très bien le sentiment que m’a donné le livre (même si les gentils gagnent à la fin…) :

« Jusqu’à maintenant, il avait cru que lui et les gens comme lui étaient les vainqueurs. Ils avaient obtenus au cours du demi-siècle quelques victoires notables. Mais aujourd’hui, à la fin de sa vie, ses ennemis lui prouvaient que rien n’avait changé. Ses triomphes n’avaient été que temporaires, ses progrèsillusoires. Il avait remporté quelques batailles, mais la cause était définitivement perdue. Des hommes comme ceux qui avaient massacré sa mère et son père venaient s’assassiner un archevêque dans une cathédrale, comme pour prouver, au-delà de tout doute possible, qu’il n’existait aucune autorité plus forte que la tyrannie d’un homme armé d’une épée. »

  • Ma note :
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