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LE COEUR REGULIER, d'Olivier ADAM

Par Geybuss

LE COEUR REGULIER, d'Olivier ADAM

Roman - Editions de l'Olivier - 232 pages 18 €

Parution Aout 2010

Rentrée Littéraire Septembre 2010

L'histoire : Sarah apprend la mort de son frère Nathan. Elle est persuadée qu'il s'agit d'un suicide. Elle lâche prise, par sur le chemin de son frère... Ses pas la mène au Japon, en haut d'une falaise tristement réputée. Elle rencontre Natsume, un homme qui guettent pour que d'autres ne sautent pas. En "retrouvant" son frère Nathan, c'est sa propre vie que Sarah met en lumière.... Et c'est tout aussi douloureux.

Tentation : L'auteur, la blogo, les médias, la rentrée littéraire... Bref, plein de bonnes raison

Fournisseur : La bib'

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Mon humble avis :S'il y a bien une critique que je ne veux pas lire à propos d'un roman d'Olivier Adam, c'est "qu'est-ce que c'est triste". On le sait, Olivier Adam n'écrit pas sur le bonheur. C'est dans l'histoire de la blessure intime, de la disparition, du difficile rapport à l'autre, au monde et à soi même que cet auteur excelle. Des blessures parfois hurlées, parfois cachées mais qui font, au final, autant de dégâts. Si on n'aime pas ces thèmes, on n'ouvre pas ses livres. . Vous pénétrerez dans ce Coeur Régulier pour la qualité extrême de son écriture, pour trouver un écho à votre douleur où comprendre celle d'un proche, d'un autre... Pour appréhender un certain mécanisme. Si vous n'êtes pas prêt à entendre, inutile de tourner ces pages.

Certains lisent ce roman d'une traite, j'en ai été incapable, parce que l'atmosphère est lourde et que saisir le sens profond de ces mots ne se fait pas d'un regard. Il faut les réfléchir, les comprendre, ce mettre à la place de... si besoin. Si vous arrivez dans ce livre avec un esprit cartésien et todo va bene, vous risquez d'inffliger aux personnages de nombreux reproches, parmi eux celui de la lâcheté, puisque nous vivons dans une société qui ne tolère aucune faiblesse.  Non, pour apprécier la magnifique valeur de ce texte, ce témoignage, il faut, ne serait-ce que quelques instants, s'imaginer aller mal, perdre pied, ou  ne jamais avoir pris pied. Car la dépression, quelle soit ponctuelle ou installée, n'a rien de logique, n'a rien de sensé aux yeux du monde, sauf aux yeux de celui qui en souffre et encore.... Je connais le sujet. Olivier Adam en parle de l'intérieur et de l'extérieur... Car c'est dur des deux côtés du mur.

L'histoire de ce livre est, pour moi, plus un prétexte pour plonger dans l'esprit blessé qui se connaît, qui s'ignore ou qui se refuse. Le sujet des rapports filiaux et fraternels, des ressentis d'enfance et de leurs conséquences, le monde du travail sont intelligemment étudiés aussi ici.

J'ai apprécié l'alternance des chapitres... Nous sommes tantôt dans la vie de Sarah avant le drame.... Et tantôt avec Sarah dans ce Japon emprunt de traditions et perdu dans la brume. Chaque personnage est attachant et, celui qui intrigue et fascine le plus est bien entendu Natsume. Ce policier Japonnais à la retraite a passé sa carrière à arriver trop tard. Maintenant, il essaie d'arriver juste à temps, sur les bords de la falaise, pour que les éclopés de la vie renoncent à sauter. Ce qui donne une dimension bouleversante à ce roman, c'est que justement, ce personnage là n'est pas sorti de l'imagination de l'auteur, mais qu'il existe bien. Il existe quelque part quelqu'un qui comme un phare, guette les âmes à la dérive et pose, quand il le faut, une main sur une épaule.

Un livre presque parfait. Comment ça presque ?(ça, c'est ma copine Clara que se dit cela en lisant mon billet !) Oui...J'ai mis un peu trop de temps à différencier 3 personnages japonnais. Et puis trois ou quatre mots dissonnants dans cette somptueuse poésie ambiante et une scène m'ont semblé lâchés là par erreur, troublant une indiscutable harmonie. Certes, chez certains prétendants au Goncourt, ces mots seraient presque châtiés et la scène scène extraite des bisounours... mais moi, ils m'ont heurtée, m'ont coupée dans ma lecture. Enfin, une invraissemblance qui penche vers le cliché... Sarah va voir son frère en clinique psy (me semble-t-il) .... il y aurait plein de médicaments sur la table... Dans ce genre d'établissement, il n'y a jamais un médicament qui traîne...

"Souvent, entre frères et soeurs, les versions, les ressentis, divergent, c'est parfois spectaculaire au point d'en devenir incompréhensible"

"...C'était une autre vie que je ne leur enviais pas tant j'aurais été incapable de la vivre, d'y tenir un rôle."

"... on a toujours le choix... entre la main droite et la main gauche. Entre ce qui blesse et ce qui soigne, entre ce qui aggrave et ce qui répare."

"Sentir battre en moi un coeur régulier... Même si je n'y parviens pas toujours. Trop souvent, ça bourdonne, et le sang bout, je me sens frénétique et vibrer pour rien, une guêpe piégée par le verre à l'envers.

"Vu de près,.... on ne voit rien de sa propre vie. Pour la saisir, il faut s'en extraire, exécuter un léger pas de côté. La plupart des gens ne le font pas et ils n'ont pas tort. Personne n'a envie d'entrevoir l'avancée des glaces. Personne n'a envie de se retrouver suspendu dans le vide".

" Il aimait tellement chaque personne qu'il croisait, son amour était envahissant,  baveux, encombrant, dérangeant, personne ne savait quoi en faire, il y en avait trop on finissait par lui rendre et par s'enfuir.

" La vie est dure et certaines personnes, à certains moments de leur parcours, ont besoin qu'on s'occupe d'elle. Et nul n'a le temps pour ça. Lui si.

"Personne n'a envie de mourir. Tout le monde veut vivre. Seulement, à certaines périodes de votre vie, cela devient juste impossible.

L'avis de Clara, de Canel

 

LE COEUR REGULIER, d'Olivier ADAM


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