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Ce n'est qu'un début, de Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barougier

Publié le 26 novembre 2010 par Vivons_curieux

Ce n'est qu'un début, de Jean-Pierre Pozzi et Pierre BarougierÀ l’école maternelle Jacques Prévert de Le Mée, en Seine-et-Marne, des élèves âgés entre trois et quatre ans expérimentent un atelier de philosophie pendant leurs premières années de maternelle. Réunis en cercle autour d’une bougie comme objet de matérialisation de la pensée, ces enfants vont réfléchir ensemble et discuter librement sur des thèmes et des sujets existentiels tels que la mort, l’amour, la liberté ou encore l’autorité. Au fil de séances, orientés par leur maîtresse Pascaline, ces enfants vont progressivement apprendre à s’exprimer, à s’écouter et être capable de penser par eux-mêmes.

Un soir d’avril 2007, alors qu’elle est au volant de sa voiture, Cilvy Aupin entend Michel Onfray affirmer à la radio : « Les enfants sont tous philosophes, seuls certains le demeurent ». Intriguée, la productrice entreprend des recherches sur Internet pour en savoir davantage sur le sujet. Elle apprendra trois mois plus tard qu’une amie enseignante avait tenté avec sa classe de maternelle d’initier ses élèves à la philosophie pendant un trimestre. Voilà comment une idée de documentaire peut naître chez un producteur. Pendant deux années, Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barougier poseront leur caméra dans la classe de Pascaline pour y filmer ces enfants, les regarder discuter à leur manière de sujets qui sont normalement abordés au lycée, en classe de Terminale.

Si l’intention est louable, le résultat lui est beaucoup moins probant. On ne remettra pas en cause l’idée d’inviter des individus à la réflexion sur des thèmes aussi divers les uns des autres, et ce dès leur plus jeune âge, mais la question de la limite de cette démarche a le mérite d’être posée. Pendant plus d’une heure et demie, le spectateur passe son temps à écouter les approximations de ces élèves sur un panel de questions auxquelles nous-mêmes adultes aurions beaucoup de difficulté à y répondre.

Car il serait naïf de penser que des enfants, par l’innocence de leur âge, sont capables de comprendre de telles questions. Il ne faut pas oublier que des mots tels que la liberté, le bonheur ou encore l’autorité ne sont pas des choses naturelles mais des concepts forgés et construits par l’homme dont les définitions varient en fonction de chacun, de sa propre culture et de ses propres expériences de socialisation avec le monde qui l’entoure. Il suffit de tendre un peu l’oreille pour s’apercevoir que ces enfants, malgré leur bas âge, reproduisent des schémas traditionnels qu’ils ont reçus de leur socialisation primaire, c’est-à-dire celle de la famille. Un exemple criant de cette idée : au moment où la maîtresse leur demande si « c’est possible que deux femmes puissent s’aimer ? », la réaction vive et instantanée de désapprobation des enfants est synonyme d’une éducation hétéro-normée, fruit de cette socialisation primaire et secondaire (l’école par exemple), d’autant plus quand la maîtresse n’invite pas à approfondir la question.

D’un angélisme délibérément assumé aux interminables plans sur les paysages désertiques de la ville en passant par les bribes d’informations radiophoniques et les discours de Nicolas Sarkozy distillés en voix off, Ce n’est qu’un début est un documentaire où l’ennui domine et dont l’intérêt se cherche encore…

Sortie en salles le 17 novembre 2010


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