Magazine Cinéma

Into the wild

Par Rob Gordon
Into the wildL'année passée, dans Old joy, Kelly Reichardt proposait une envolée légère dans un univers de plus en plus méconnu, celui du dépouillement et de la communion avec la nature. Un bol d'air frais de soixante-dix-huit minutes s'opposant à toute forme de matérialisme et de conventions. Aujourd'hui, Sean Penn propose à peu de choses près la même réflexion, nous offrant un film deux fois plus long, lente immersion dans des contrées isolées et désertiques où l'homme peut enfin se retrouver avec lui-même. Into the wild est une formidable ode à la nature et aux voyages, qu'ils soient intérieurs ou plus concrets. S'il est difficile de critiquer les intentions de Sean Penn, on peut toutefois rester sur sa faim devant un film qui n'est qu'une jolie pierre de plus à ajouter à un édifice écolo-philosophico-social déjà bien rempli. Malick et tant d'autres sont déjà passés par là...
Into the wild n'est donc pas le chef d'oeuvre promis, l'angélisme du propos pouvant même donner des boutons à ceux qui préfèrent le doux fumet des gaz d'échappement au parfum des fleurs. Il faut cependant aller au-delà de cette légère déception et applaudir tout de même un film libre comme l'air, qui ne s'encombre (presque) jamais de morales préfabriquées et comble à merveille nos envies de cinéma. Penn filme comme il respire, changeant de rythme au gré de ses fulgurantes inspirations, et confirme sa formidable aptitude à diriger des acteurs. Souvent seul en scène, Emile Hirsch est prodigieux de naturel et de profondeur, captant la belle lumière du film comme peu d'autres auraient su le faire.
Bien qu'un tout petit peu trop long, Into the wild est une quête souvent saisissante qui ne lâche jamais prise, une ode au déracinement (racines qui font renaître le héros avant de causer sa perte) et au travail sur soi. On aurait évidemment espéré encore plus de la part du réalisateur de The pledge, faux polar qui nous en apprenait davantage sur nous-mêmes. D'autant que la morale finale ("la vie ne vaut que si elle est partagée", snif) est un peu trop dégoulinante pour attendrir les plus cyniques.
7/10

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rob Gordon 109 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines