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Il est temps de mentir

Publié le 28 novembre 2010 par Hugues @hugues_delmas
Il est temps de mentir
La détection du mensonge est un vaste champ d'étude dans lequel nous pouvons distinguer deux grands types de recherches : 1) les recherches sur la production, qui étudient les items (non verbaux, para verbaux et verbaux) produits lors d'un mensonge. 2) les études sur la perception, qui étudient quels items sont perçus comme sincères ou trompeurs. L'étude suivante s'inscrit dans cette deuxième catégorie d'étude et est centrée sur les caractéristiques temporelles du mensonge.
Une récente étude de Boltz, Dyer & Miller, (2010) aborde la perception du mensonge en étant centrée sur les indices para verbaux du mensonges. Et plus particulièrement sur le débit verbal et la période de latence des réponses (temps entre la fin de la question et le début de la réponse). Dans cette expérience les sujets devaient écouter une conversation qui contenait des dialogues qui variaient en débit verbal (normal, rapide) et en longueur des périodes de latence (courte, normal, longue). D'autres variables étaient également étudiées comme le sexe et le type de mensonge. Le dialogue des acteurs suivait un script précis de question réponse. Après chaque réponse d'un acteur, les participants devaient se prononcer sur la sincérité de l'acteur, en disant si l'acteur mentait ou disait la vérité.
Cette étude a confirmé plusieurs observations antérieures, comme le fait que les femmes sont jugées plus sincères que les hommes. Et que les hommes sont donc perçus comme plus menteurs que les femmes. Les femmes sont davantage associées aux mensonges altruistes, mensonges qui visent l'intérêt de l'autre. Alors que les hommes sont davantage évalués comme disant plus de mensonges égoïstes, mensonges qui visent leurs propres intérêts. Au delà de ces observations, qu'elle est l'influence des indices para verbaux sur la perception de l'authenticité?
Les résultats ont montré que les longues période de latence étaient perçues comme plus trompeuses que véridiques. De précédentes études avaient montré qu'une longue période de latence était associée au mensonge spontané, car créer un mensonge demande du temps, ce qui augmente la période de latence. Les périodes de latence intermédiaire et courte étaient perçues comme plus véridiques. Ce résultat est surprenant pour la période de latence courte qui est généralement associée au mensonge préparé. Mais une autre explication permet de comprendre ce résultat : le script des acteurs met en scène une relation intime, dans lesquelles l'engagement dans la conversation est un critère fondamental. Ce qui explique que la courte période de latence n'est alors plus perçue comme mensongère mais comme un enthousiasme et un engagement dans la conversation. Le débit verbal, deuxième facteur para verbal étudié, a également joué un rôle important dans la perception de l'authenticité. Ainsi un débit verbal rapide est davantage associé au mensonge qu'un débit verbal normal. Le débit verbal normal a été davantage perçu comme véridique lorsque la période de latence était courte.

Les résultats ont montré que la perception de l'authenticité des acteurs a largement dépendu des caractéristiques temporelles de la conversation. Comme la période de latence qui est largement perçue comme mensongère lorsqu'elle est longue, et véridiques lorsqu'elle est intermédiaire. Cette perception a également été influencée par le sexe de l'acteur et par la nature du mensonge. L'étude de la détection du mensonge par la communication non verbale est difficile car de nombreux paramètres entre en jeux. En tout cas l'une des seules choses dont nous pouvons être sûrs, c'est que les perceptions et les apparences sont trompeuses.

  • Boltz, M. G., Dyer, R. L., & Miller, A. R. (2010). Jo are you lying to me? Temporal cues for deception. Journal of language and social psychology , 29 (4), 458-466.

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