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Potiche de François Ozon

Publié le 30 novembre 2010 par Leunamme

Suzanne Pujol est la femme d'un riche industriel du nord de la France. Mère de deux enfants, elle passe sa vie tranquillement entre sa gymnastique, son jardin et ses poèmes. Robert la trompe régulièrement avec sa secrètaire et n'a que mépris pour elle. Jusqu'au jour où une grève se déclenche à l'usine et que Robert est incapable de trouver des solutions avec ses méthodes autoritaires. C'est Suzanne qui sera appelée en renfort, avec l'aide du maire communiste, qui fut autrefois son amant.

D'un film à l'autre François Ozon ne cesse d'explorer tous les genres. Avec "Potiche", il revient à la comédie grinçante. Librement inspiré d'une pièce à succès des années 70 de Barillet et Grédy, il bénéficie d'un casting impressionnant : Deneuve, Lucchini, Depardieu, Viard, etc. Pour autant, malgré les critiques quasi unanimes et le bon bouche à oreille autour de moi, j'ai un avis mitigé sur le film.

Le rythme est emballant, on ne s'y ennuie jamais. La reconstitution des années 70 est remarquable également. Les objets, les papiers peints criards, les pulls à motifs ringards, bref on prend un petit coup de nostalgie qui n'est pas forcément désagrèable. Et puis il y deux acteurs formidables. Fabrice Lucchini tout d'abord, qui m'insupporte lorsqu'il est invité à des émissions télés ou radios, mais qui n'est jamais aussi bon, aussi drôle que lorsqu'il est bien dirigé et qu'il ne cabotine pas trop, ce qui est le cas ici. Il a probablement le rôle le plus caricatural, et au final il réussit à être le plus crédible. Karin Viard ensuite qui est une actrice que j'aime de plus en plus et qui a une présence extraordinaire. En quelques scènes, elle donne corps à son personnage.

Le premier problème vient des autres acteurs, en particulier Deneuve et Depardieu. Non pas qu'ils soient mauvais, avec leur expérience, ils arrivent toujours à s'en sortir, mais ils ont plusieurs scènes très dialoguées, et là où Lucchini et Viard s'en sortent par leur aplomb et leur culot, ils ne parviennent pas toujours à faire oublier qu'il s'agit d'une pièce de théâtre et qu'il y a peut-être des raisons pour celle-ci ne soit plus jouée aujourd'hui.

Mais bon, ceci ne serait rien si je n'avais pas un vrai problème sur le fond. Au départ, Ozon a la bonne idée de situer son action dans les années 70, et de faire le parallèle avec la situation sociale aujourd'hui, rappelant en cela qu'en 30 ans, la situation n'a guère évoluée. Le problème vient du fait que s'il condamne bel et bien les dérives libérales (les délocalisations sont présentes dans le film même s'il me semble que pour le coup elles sont anachroniques, mais peu importe), il préconise comme solution le retour à un capitalisme paternaliste à l'ancienne. Pour lui la solution résiderait dans un retour à une époque fantasmée où les employés aimaient leur patron et où celui-ci les protégeait. C'est oublier que ces rapports profitaient surtout au patron et que c'est en partie contre ce patronat-là qu'ont eu lieu les grèves de 1936.

Bref, pour finir, je dirai que l'on passe un bon moment, mais que ce n'est peut-être pas le meilleur film de François Ozon.

Sur le sujet :

dasola n'a pas mes réserves et conseille vivement le film, tout comme celle qui bloguait.

Sur le web :

Chez panier de crabes on découvre les dessous de l'aide apportée à l'Irlande.

Le blog de jef a 4 ans. Longue vie à lui.

du bleu dans mes nuages nous raconte une de ses séances avec les étoiles.


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