Magazine Culture

Shawn Lee & Clutchy Hopkins - "Clutch Of The Tiger" 2008 Ubiquity

Publié le 30 novembre 2010 par Audiocity

Que savons-nous vraiment de Clutchy Hopkins? En fait pas grand chose. Le mystère plane au-dessus de cet artiste que certains soupçonnent de se cacher derrière ce pseudonyme pour pouvoir disposer de ses musiques comme il l'entend. Ainsi quelques noms célèbres circulent à son encontre tel que Dj Shadow, Madlib, ou Cut Chemist, mais personne n'a encore percé le secret de cet ermite de la production musicale, et sur les forums de mélomanes les suppositions vont bon train. On en sait par contre un peu plus sur le parcours de Shawn Lee, musicien américain ultra productif dont le catalogue compte déjà pas moins de 19 albums en 14 ans de carrière. Tout débute à la fin des années 80 lorsqu'il emménage à Los Angeles et qu'il fait la connaissance de Jeff Buckley et de The Dust Brothers avec qui il joue régulièrement. Suivra un contrat d'édition avec EMI, puis Shawn embarquera pour l'Angleterre où Gilles Peterson le remarque et lui proposera d'enregistrer son premier album solo sur le label Talkin' Loud. "Discomform" voit le jour de manière très confidentielle en 1996 mais l'entente entre les deux hommes ne durera pas. Shawn est résolu à travailler selon ses propres conditions et prépare un nouveau projet en 5 volumes bien connu des Dj en herbe intitulé "Ape Breaks" signé chez Ubiquity, mais c'est surtout avec son groupe le Ping Pong Orchestra qu'il se fera connaitre et qu'il ne tardera pas à se révéler mondialement. Huit albums en 6 ans et une formule immuable. Shawn Lee réalise entièrement l'ensemble de ces productions et est en réalité le seul membre officiel de cette formation. Multi-instrumentistes touche à tout et fin connaisseur de musique, il appose sa marque de fabrique dès 2004 sur l'album "Music And Rythm" et ne dérogera plus à cette règle, un mélange de sonorités diverses utilisant les instruments que l'on connait bien (clavier - guitare - basse - batterie), mais également d'autres plus originaux et peu communs que Shawn a accumulé au fil du temps (sitar indien ou chinois - bongos - tablas ou vibraphone). Son univers onirique aux couleurs contrastées séduira le cinéma (Ocean 13), la télévision (Desperate Housewives ou Ugly Betty), les documentaires ("Under the Sun", docu traitant de l'industrie du surf en Australie et aux États-Unis), et même le secteur des jeux vidéos (Bully), au point de faire de lui l'un des producteurs les plus influents des années 2000.
Après cette prise de connaissance concise et non exhaustive de cet artiste indépendant et très créatif qu'est "Mr Lee", revenons maintenant sur le disque qui nous intéresse à ce jour et sur cette collaboration inattendue et sujette à toutes les rumeurs entre ces 2 êtres cryptiques de la sphère musicale. Shawn Lee a visiblement choisi de jouer, lui aussi, la carte du mystère.Il raconte avoir croisé dans une boutique d'articles vintage du désert de Mojave un vieillard qui, le trouvant sympathique, lui a remis un masque de tigre, lui demandant de le porter chaque soir de pleine lune. De retour à Londres, c'est lorsqu'il portait le masque que Lee aurait découvert, à l'intérieur de celui-ci, une cassette audio identifiée "C.H" sur la face A, et "Fool Moon Breaks Vol.1" sur l'autre face. Ce jour là, tout en gardant le masque sur la tête, il insère la cassette dans son lecteur et, ô miracle, lui qui d'ordinaire ne danse jamais se trouve emporté par la qualité du son groovy sortant de ses enceintes et se trémousse sans effort et le plus naturellement du monde au beau milieu de la pièce.  C'est alors qu'il se souvient de cet artiste talentueux que la maison de disques qui l'emploie a signé récemment après que celle-ci soit tombée, par le plus grand des hasards, sur des bandes récupérées lors d'un voyage découverte dans le désert de Mojave, celui-là même où il s'est vu confier la charge de ce fameux masque aux vertus magiques. C'était sans compter sur la perspicacité de Lee qui aura vite fait de  faire le rapprochement entre ses noms. C.H s'appelle en fait Clutchy Hopkins, et les deux hommes vont entamer à distance une fructueuse collaboration. Un beau jour Lee reçoit un cd comprenant des morceaux que lui soumet Hopkins. Libre à lui de se les approprier ou simplement d'y ajouter ses idées. 3 mois plus tard "Clutch Of The Tiger" est prêt. Vous connaissez maintenant l'histoire et la genèse de ce mystérieux projet instrumental, reste donc à parler de son contenu et de sa forme.
Première impression, sur les 12 titres de l'album il est dur de discerner la touche particulière de l'un ou l'autre des protagonistes. A l'écoute tout semble laisser penser que les deux hommes ne font en fait qu'un. Mais qu'importe si le mythe s'écroule. Plus qu'une simple fable ou qu'une histoire philanthropique, ce disque offre un bel échantillon de ce qu'a l'habitude de produire Shawn Lee depuis son studio londonien, un jazz sombre et épuré ou se mêlent électrique et acoustique pouvant virer au funk ou à la soul selon les cas. L'ambiance est toujours très apaisée et laisse planer un calme et une sérénité très appréciables et jamais arrogant. Comme souvent s'agissant de cet artiste il y a peu de notes mais beaucoup d'arrangements, et c'est bien là qu'est tout l'intérêt de sa musique (on comprend bien pourquoi elle a tant séduit les médias et le public). Vous ne trouverez jamais 8 mesures identiques ni même un thème prédéfini et respecté sur la durée d'un même morceau. La multitude d'instruments utilisés rend sa musique très riche et très vivante, évoquant différents styles sans pour autant jamais se heurter à une quelconque baisse de créativité.
Un disque qui j'en suis sûr ne vous laissera pas indifférent et dont vous trouverez, comme toujours sur ce blog, des liens vous permettant d'en connaitre plus sur le bonhomme ou tout simplement d'acheter son disque sur le net.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Audiocity 526 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines