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Des tonnes de carbone au kilowatt-heure?

Publié le 14 janvier 2008 par Raymond Viger

«L’érection du barrage Eastman-1 et l’inondation qui a suivi ont entraîné une augmentation assez substantielle des émissions de carbone», révélait le chercheur Yves Prairie de l’UQAM, lors du congrès de la Société internationale de limnologie (SIL) qui se déroulait la semaine dernière à Montréal.

Son équipe de recherche a dressé, au cours des deux dernières années, le bilan du carbone émis par l’écosystème touché par l’inondation grâce à un dispositif novateur intégrant des sondes autonomes alimentées par énergie solaire. Huit fois par jour, les sondes transmettent par satellite les données sur le carbone. Ainsi, «en un mois, nous avons eu plus de données qu’en cinq ans, avec la méthode traditionnelle !», s’enthousiasme Yves Prairie, fier de la fiabilité des résultats.

Le coût d’une inondation
Un barrage hydroélectrique requiert l’immersion de grandes régions, ce qui bouleverse le budget du carbone de l’écosystème. Comme l’explique Yves Prairie, «les plantes terrestres, noyées, et la matière vivante du sol, cessent leur photosynthèse et se décomposent. Ce sont deux phénomènes qui entraînent une plus grande libération nette de carbone dans l’atmosphère.»

Les scientifiques ont procédé, au cours de l’été, aux mêmes mesures qu’avant l’ouverture des vannes du barrage. L’analyse révèle que «cette méthode novatrice fonctionne, et donne de très beaux indices sur ce qui se passe avec les échanges de carbone depuis l’inondation». L’échantillonnage se poursuivra dans les années à venir afin de déterminer non seulement l’effet immédiat de l’inondation, mais aussi le rythme de stabilisation des émissions de carbone et le temps nécessaire pour un retour à la normale.

«Un réservoir, après plusieurs années, se comporte-t-il comme un lac, une rivière, ou un écosystème tout à fait différent, en termes d’émission et d’absorption de carbone ?», s’interroge le limnologiste. Ces questions, auparavant noyées par les flots du barrage, trouveront peut-être réponse puisque, pour la première fois, des données sont récoltées avant et après la submersion.

Encadré

Un congrès vert !
Le marathon d’une semaine auquel plus de 1500 experts des écosystèmes d’eau douce d’une soixantaine de pays participaient s’est achevé samedi dernier sur une note positive. Comme le souligne le président du comité organisateur de l’événement, Yves Prairie, le congrès vert a permis de générer 21,1 g de compost par personne par jour, contre 9 g de déchet seulement.

«Je ne croyais même pas que c’était possible d’être aussi vert», s’étonne le biologiste qui travaille pourtant sur l’écologie des lacs depuis plusieurs années. Il revoit l’équipe de bénévoles, des étudiants chercheurs pour la plupart, peser chaque jour poubelles et composteurs. Plus de 7 200 arbres seront plantés au Québec pour compenser les émissions de gaz à effet de serre inhérentes au déplacement de chercheurs en provenance de cinq continents.

La SIL «était une société de nerds», avoue d’emblée M. Prairie. «Avec ce congrès, j’ai l’impression qu’elle s’est ouverte, non seulement sur le public, mais aussi sur la recherche gouvernementale et industrielle». Celui qui a pris sur lui d’organiser ce congrès à Montréal «lors d’une soirée trop bien arrosée, il y a 12 ans», espère avoir enfin «mis le mot limnologie dans le vocabulaire du public».


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