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Le Locataire

Publié le 07 décembre 2010 par Olivier Walmacq

locataire

Genre: épouvante (interdit aux - 16 ans)
Année: 1976
Durée: 2H05

L'histoire: Treltkovsky, d'origine juive polonaise, travaille dans un service d'archives. Il visite un appartement inoccupé dans un quartier populaire de Paris et la concierge lui apprend que la locataire précédente s'est jetée par la fenêtre quelques jours auparavant. Treltkovsky s'installe dans l'appartement, mais il est bientôt victime de vexations de la part de ses voisins.

La critique:

"Le locataire" n'est autre qu'un grand film, un chef d'oeuvre sur la folie et la schizophrénie. Grâce à une mise en scène brillante, Roman Polansky nous plonge dans un univers ordinaire mais totalement cauchemardesque: un appartement.
Son héros, Treltkovsky, est un homme rongé par la solitude. Dans cette solitude, il va se créer un monde de suspicion et de paranoïa.

Un film d'épouvante brillant, noir et profondément austère dans lequel le spectateur est vidé. Car "le locataire" est avant tout un film qui nous plonge dans une longue dépression.
Enième variation sur la folie... Le réalisateur prend son temps pour décrire un personnage sombrant progressivement dans le désespoir.
Totalement égaré, il perd tout contact avec la réalité et il est victime d'hallucinations terrifiantes.

Il en vient même à se métamorphoser et à changer de vêtements pour se transformer en femme. Surtout, il rencontre la précédente locatrice de son appartement.
Elle aussi a sombré dans la folie. Avec "le locataire", Polansky touche le grandiose et offre une oeuvre étrange et obscure.
Pas sûr que tout le monde apprécie ce film tant "le locataire" nous plonge dans une véritable descente en enfer. L'un des meilleurs films du réalisateur dans le genre épouvante, avec Rosemary's Baby et Répulsions.

Note: 17/20

La critique de ClashDoherty :

En 1976, Roman Polanski clot la trilogie des appartements maudits commencée en 1966 avec Répulsion et poursuivie en 1968 avec Rosemary's Baby. Le Locataire, unique film français de la trilogie (trois films, cependant indépendants), est le chef d'oeuvre de la trilogie, et, aussi et surtout, de Polanski. Le film est interprété par Roman Polanski, Isabelle Adjani, Melvyn Douglas, Shelley Winters, Bernard Fresson, Romain Bouteille, Lila Kedrova, Jo Van Fleet, et on y trouve aussi, en petits rôles, Gérard Jugnot, Michel Blanc, Josiane Balasko, Philippe Sarde, Jacques Monod, Claude Piéplu, Claude Dauphin, Rufus, Bernard-Pierre Donnadieu et Eva Ionesco.

Le film, à l'heure actuelle introuvable en DVD en France sauf dans un coffret proposant Rosemary's Baby et Chinatown en plus du film, est un chef-d'oeuvre d'angoisse pure. Un film terrifiant qui va crescendo dans l'horreur, sans élément fantastique.
Jusqu'au dernier moment, on ne sait pas si ce que Trelkovsky vit se passe réellement, ou dans sa tête, même si certains passages peuvent faire douter (Trelkovsky voit, de sa fenêtre, un ballon rebondir très haut, et ce ballon a la forme d'une tête, la sienne ; ou bien les témoins de l'accident, vers la fin, à qui Trelkovsky donne les visages de ses voisins, alors que ce ne sont pas eux).

Pur génie de la part de Polanski (qui, à l'époque, était déjà sulfureux, son histoire de viol sur mineure éclatera un an plus tard), qui est vraiment convaincant en petit employé de bureau effacé, timide, sincère et gentil, sympathique et attachant, plongeant peu à peu dans la folie à cause de la mauvaise réputation de l'appartement (la locataire précédente s'est suicidée de l'appartement) et des voisins très étranges et intransigeants. Le film possède plusieurs scènes réellement terrifiantes : la suicidée emmaillotée de bandages qui hurle à la mort en voyant Trelkovsky, alors qu'elle ne le connait pas ; la cérémonie de l'enterrement, dans l'église, avec le curieux et angoissant sermon du curé, assez glauque et irréel ; Trelkovsky, malade, une nuit, se rend aux WC situés juste en face de son appartement (l'immeuble à une forme de O, avec cour intérieure) sur le même palier, et, des toilettes, se voit en train d'épier par la fenêtre de son appartement, scènes magistrale et flippante, point de non-retour du film...

Le Locataire est un film immense, que Polanski a tourné intégralement en anglais (rapport aux nombreuses stars américaines présentes dans le casting), sauf les scènes avec uniquement des acteurs français évidemment (et encore, je crois que les scènes Polanski/Adjani ont été faites en anglais, mais pas sûr). Adaptation d'un roman de Roland Topor, mis en photographie par le grand Sven Nykvist (ayant bossé avec Ingmar Bergman) et mis en musique par Philippe Sarde (avec un instrument rare, le glass-harmonica, constitué de verres de cristal entrechoqués les uns les autres, l'effet sonore est stupéfiant, il rend mal à l'aise, quand il est couplé avec les scènes les plus angoissantes du film).
Un film grandiose. Purement grandiose. Âmes sensibles, s'abstenir, en revanche, ce film met vraiment mal à l'aise, et c'est en cela qu'il est réussi (le final, mon Dieu...) !

Note : 20/20

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