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Fight Club, de Chuck Palahniuk

Publié le 09 décembre 2010 par Acdehaenne

« Tyler me trouve un boulot comme serveur, après ça, y a Tyler qui me fourre une arme dans la bouche en disant :

- Le premier pas vers la vie éternelle, c’est que tu dois mourir.

Pendant un long moment pourtant, Tyler et moi avons été les meilleurs amis du monde.

Les gens n’arrêtent pas de me demander : est ce que j’étais au courant pour Tyler Durden ? Le canon de l’arme appuyé sur le fond de ma gorge, Tyler dit :

- En fait, nous ne mourrons pas vraiment... »

Je suis de ceux qui ont d’abord vu le Fight Club de David Fincher avant de lire l’œuvre originale éponyme. Très probablement, mon opinion sur le livre de Chuck Palahniuk est teintée par les images du film qui ressurgissent un peu à la manière des incrustations cinématographiques de Tyler Durden. Impossible en effet de mettre d’autres visages que ceux des acteurs et de me représenter autrement la teinte générale. Dans le même temps, je n’avais pas non plus follement apprécié ce film.

Fantasy au Petit-Déjeuner
Parler du livre sans en dire trop. Nous pourrions toutefois le sous titrer The rise and fall of Tyler Durden. Parce que c’est bien de cela dont il s’agit à première vue. En creusant un peu, on se rend compte que les thèmes abordés sont bien les pulsions qui peuvent nous orienter vers tel ou tel choix. C’est aussi notre rapport au monde et le désir d’émancipation de carcans vers quelque chose de plus individualisé. Dans le même temps, j’ai l’impression que l’auteur choisit d’observer ce postulat du point de vue diamétralement opposé. En effet, j’ai l’impression que le cœur de Fight Club n’est pas le désir d’émancipation de la société, mais plutôt les conséquences de cette démarche sur le « vivre ensemble » : jusqu’où peut-on questionner les normes perçues comme admises par le plus grand nombre ? Et qu’est ce qui se passerait si, effectivement, ce désir d’émancipation se massifiait ? Au fond, n’est-on pas protégé par nos pairs ?

Le livre de Chuck Palahniuk n’est pas bien vieux (1996), et les sciences sociales ont largement exploré ces questions fascinantes. Mais j’ai aussi le sentiment que l’auteur résonne avec un train de retard. La question est intéressante, mais peut être qu’elle ne m’est pas assez exotique.

Il n’empêche que j’ai la désagréable impression de lire un sous Attrape cœur (Salinger), voire un Hubert Selby Jr., le sulfureux et l’acide en moins. J’ai le sentiment que l’auteur refuse de franchir la porte et reste dans l’attendu.

Je suis ravi de l’avoir lu, comme tous les livres que je lis. Je ne suis pas ravi de constater que la réputation de cette œuvre surclasse d’autres, bien plus fortes à mon sens mais qui demeurent l’affaire « d’initiés ».

note : 

Fight Club, de Chuck Palahniuk
Fight Club, de Chuck Palahniuk

Les Murmures.


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