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Scène de rue

Publié le 11 décembre 2010 par Ruminances

vieilleruevide.jpgMon voisin de droite (géographiquement parlant) bosse chez EDF. Il a du commencer par faire technos puis a été promu cadre soit par ancienneté, soit par léchage de burnes ou soit peut-être même par promotion canapé en peau de phoque. Pas de mauvais esprit, y’ a une nuance de taille entre les deux dernières hypothèses ! Pour meubler ses nombreuses RTT, il s’est trouvé un nouveau passe-temps. Il aime à s’éclater sur les greens. Il a récemment acheté la panoplie du parfait golfeur et passe le plus clair de son temps à charger le coffre de sa Picasso métallisée de tous les clubs possibles et imaginables. Mieux, il a acheté récemment un monstrueux scooter plus large qu’une Smart sur lequel il arpente la ville, casqué comme un viking et fier comme un bar-tabac en instance de cessation d’activités.

Sa gosse est dépressive. Elle a pris trois tonnes cinq en deux mois et carbure aux médocs. Pas aux pifs girondins mais à ceusses de l’apothicaire. Elle a vaguement échoué dans la pub en se faisant humilier à chaque fois par les créatifs de sa boite. Depuis, elle oscille entre arrêt-maladie et secrétariat administratif. Elle a du mal à entrer dans sa Ka vert bouteille et essaie de nous refiler la garde de son greffier plus ou moins siamois quand elle part en vacances.

Elle cherche le voisinage. Non par bonté ou par estime des autres. Juste par besoin. Un soir, elle est venue at home pour l’apéro, elle est ressortie les deux pieds devant. Saoule comme un docker après trois kirs-framboise, elle commençait à raconter port nawak devant le regard effaré de son électricien de conjoint. Et même des choses intimes ! Clair qu’on ne suce pas que des morceaux de Banquise, chez nous, mais bon, on essaie vaille que vaille de rester décent !

Le vioque de gauche (toujours géographiquement parlant) est plutôt sympathoche. Il a eu une attaque cardiaque, y’a peu. Les ambulances et les pompelards ont réveillé la nuit et l’ont embarqué aux urgences. Il s’en est sorti mais il a perdu 30 kilos. Jadis, joufflu comme W.C. Fields, il présente désormais un profil aussi émacié que Jack Palance.

Sa moitié n’a pas eu sa chance. Un jour que je croisais sur l’asphalte le néo-svelte, je lui demandais des niouzes de sa tendre et chère. Je ne l’apercevais plus depuis quelques jours. Faut dire, on se rencontrait, elle et moi, chez l’équarrisseur, entre bavette d’aloyau et filet mignon. Elle avait du mal à me reconnaître à chaque fois à cause d’un vague glaucome. J’étais frigorifié quand il m’apprit la chose. La pauvre venait de clamser d’un foudroyant crabe. Celui inguérissable. Celui du pancréas. « Vous ne lisez pas le journal » qu’il m’a dit. J’ai répondu gêné : « pas les régionaux »

On est finalement bien peu de chose. J’ai essayé de lui dire des mots. J’ai bafouillé des banalités crasses. Des vents, des pets, des poums comme chuchotait Serge. La prochaine fois, si ça vous chante, je vous causerais de mon voisin d’en face…

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