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Edward C. Curtis et les Indiens

Publié le 13 décembre 2010 par Petistspavs

L'image est une photographie d'Edward C. Curtis, titrée On the War Path - Atsina. Elle date de 1909.

Curtis la commente ainsi : "Ces vieux guerriers au visage menaçant produisaient un spectacle sensationnel quand ils chevauchaient en poussant de temps à autre un hymne sauvage de chasse ou d'attaque" (Edward C. Curtis, Les indiens d'Amérique de Nord, Les portfolios complets, Taschen, 2001).

Atsina_warriors_1909

C'est la lecture de Dalva de Jim Harrison qui m'a initié à l'extraordinaire travail photographique de Edward Sheriff Curtis (1868 - 1952). L'étude des nations ou tribus indiennes, seul ou accompagné d'un anthropologue, fut l'oeuvre de la vie de Curtis. A partir de 1907 et pendant trente ans, il aurait traversé 125 fois les Etats-Unis pour accumuler 50.000 clichés et nombre d'enregistrements sonores. Une partie de cette oeuvre a donné lieu à la publication d'une somme de 2500 photos, beaucoup étant commentées par l'auteur, constituant une sorte d'encyclopédie des Indiens d'Amérique en 20 volumes. Mon exemplaire de l'édition française par Taschen constitue une des pièces maîtresses de ma bibliothèque.

Si l'intérêt ethnologique de ce travail est incontestable, Curtis s'étant donné pour objectif de capter une culture, alors en voie de disparition, dans sa vivacité et sa diversité,  c'est un autre aspect de l'oeuvre qui me touche le plus.

Se perdre dans les 768 pages du fort volume de Taschen, c'est refaire à l'envers une sorte de chemin de vie, de l'âge étrange de la raison à l'âge évident de l’enfance. A sa propre enfance et à l'enfance de nos civillisations, des époques où nous n'étions pas forcément réifiés par l’effet croisé de nos téléviseurs et de nos indifférences. L'esprit Grande Prairie, comme le chante un ancien jeune rocker qui, irrésistiblement, touchant presque la fin de sa carrière, éprouve le besoin de sentir les origines.

Je ne suis pas un abruti total. Je sais que le quotidien des indiens d'Amérique ne se développait pas forcément dans une harmonie naturelle dysneyienne. Je vous parle juste du lieu exact d'où partent les utopies qu'il serait agréable de (re)vivre. Je vous parle de quelque chose de physique, de sauvage, de dangereux qui ne mettrait aucun baume sur nos plaies vives, mais nous engagerait à nous cogner, une fois encore, aux rugosités désirables d'une existence sans politesse excessive, jouissive, mortelle.

Les indiens, dès lors, ne sont jamais très loin, tapis dans les fourrés, et les elfes des forêts rient quand ils vous égorgent, parce que vous avez violé leur grande Prairie.

La musique pour illustrer cette dangereuse liberté m'est venue assez spontanément. Born to be wild par SteppenWolf avait déjà accompagné une évocation de Hopper à la Cinémathèque. Mais cette bande son du film en roue libre par excellence, du film qui effraie encore certains spectateurs par sa liberté, Easy Rider de Dennis Hopper est la bienvenue. 

Extrait :

Yeah, darlin', gonna make it happen

Take the world in a love embrace

Fire all of your guns at once and

Explode into space.

Like a true nature's child

We were born, born to be wild

We can climb so high

I never want to die.

Born to be wild...


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