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Machete de Robert Rodriguez

Par Geouf

Machete de Robert RodriguezRésumé: Ancien agent fédéral mexicain, Machete (Danny Trejo) a été trahi et a vu sa famille massacrée devant ses yeux par Torres (Steven Seagal), le baron de la drogue local. Trois ans plus tard, il vivote à la frontière du Texas, survivant comme beaucoup d’immigrés grâce à de petits boulots payés au noir. Son destin bascule lorsqu’un mystérieux homme d’affaire lui offre une forte somme d’argent pour abattre un sénateur local ayant basé sa campagne sur la chasse aux immigrés clandestins. Malheureusement, Machete est de nouveau trahi et se fait tirer dessus avant d’avoir pu mener à bien son contrat. Blessé, poursuivi par la police et par les hommes de main de son employeur, il n’a qu’une idée en tête : retrouver les responsables et se venger…

A la base de Machete, il y a une excellente fausse bande-annonce diffusée en première partie du très fun Planète Terreur. Une bande-annonce à la gloire de l’éternel second rôle Danny Trejo, et principalement destinée par Robert Rodriguez à faire la pub de celui-ci. Le buzz marche du tonnerre, et devant l’enthousiasme des fans, Rodriguez saute sur l’occasion d’offrir enfin un premier rôle à son cousin.

La première chose qui épate dans Machete, c’est son casting tout bonnement hallucinant. On sait que Rodriguez a le chic pour rameuter le gratin d’Hollywood dans ses films, mais il faut avouer que cette fois il s’est surpassé. Car outre les tronches de série B de Danny Trejo, Cheech Martin et Jeff Fahey, tous les trois présents dans la fausse bande-annonce d’origine, le réalisateur mexicain a réussi à rameuter ni plus ni moins que Jessica Alba, Michelle Rodriguez, Lindsay Lohan, Don Johnson, et surtout Robert de Niro (qui retrouve ici sa classe perdue dans les comédies lourdingues et les thrillers de bas étage) et Steven Seagal, sorti de son enfer du DTV pour l’occasion. Un casting royal dont on aurait pu craindre qu’il soit sous-exploité, réduit à des cameos rapides, mais non, il n’en est rien. Tous les personnages ont leur moment de gloire et une histoire suffisamment développée pour les rendre intéressants, dans les limites du genre bien entendu. Evidemment, Danny Trejo, avec sa trogne inimitable, domine la distribution et s’impose sans effort dans le rôle de l’antihéros mutique et dangereux (encore qu’il aurait peut-être dû être encore moins bavard).

Car Machete reste avant tout un bon gros film grindhouse, comme l’annonçait fièrement sa bande-annonce. Et si Rodriguez fait preuve de moins d’audace formelle pour rendre hommage à ce cinéma (pas de pellicule décalée ou de bobine qui brûle à un moment crucial comme dans Planète Terreur), il conserve  néanmoins le grain et la colorimétrie des bandes de drive-in, ainsi que l’esprit de celles-ci. Machete fait donc la part belle aux méchants très méchants, au héros increvable et sans merci, aux grosses éclaboussures de sang bien noir, ainsi qu’aux idées fétichistes (Lindsay Lohan en habit de nonne, brandissant un énorme magnum, Michelle Rodriguez en cuir avec un bandeau sur l’œil et un gros calibre entre les mains). Machete est aussi un festival de gore rigolard, le héros n’hésitant pas, outre sa fameuse machette, à utiliser tous les instruments à sa disposition : mitrailleuse sur le guidon d’une moto, sécateur, scalpels et autres instruments de chirurgie, pelle, et même un rotofil dans une hilarante scène d’affrontement avec un garde du corps. Le summum est atteint lorsqu’il utilise les tripes d’un ennemi pour sauter en rappel par la fenêtre d’un hôpital. Une technique que n’aurait certainement pas renié le fameux Toxic Avenger. Contrairement aux films auxquels Machete rend hommage, un certain nombre de ces effets sont réalisés en numérique, mais heureusement, on ne sent pas trop le côté artificiel du sang.

Machete de Robert Rodriguez

Plus surprenant, Rodriguez pare son intrigue d’un sous-texte politique assez engagé et plutôt pertinent. Le réalisateur en profite en effet pour dénoncer l’hypocrisie des états américains frontaliers du Mexique (en particulier le Texas) qui usent et abusent de la main d’œuvre mexicaine pas chère, tout en refusant de leur accorder la nationalité américaine, et en leur faisant la chasse à la frontière. Un sujet qui de toute évidence tient à cœur au réalisateur, et qui apporte un peu plus d’intérêt au film qu’un simple enchaînement de scènes gores.

Au final, malgré quelques longueurs et une folie moins prégnante que dans l’excellent Planète Terreur, Machete s’avère un bon divertissement délivrant de bien belle façon ce qu’il promettait. Espérons que les deux suites prévues, Machete Kills et Machete Kills Again continueront sur cette lancée, voire surpasseront ce fort sympathique premier épisode.

Note : 7/10


USA, 2010
Réalisation : Robert Rodriguez, Ethan Maniquis
Scénario : Robert Rodriguez, Alvaro Rodriguez
Avec : Danny Trejo, Jessica Alba, Michelle Rodriguez, Steven Seagal, Jeff Fahey, Don Johnson, Lindsay Lohan, Cheech Martin, Tom Savini

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