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161. Something

Publié le 21 décembre 2010 par Dylanesque
Chacun son tour. Et c'est au tour d'Harrison, mon Beatle de prédilection. Je ne pourrais pas vraiment expliquer pourquoi d'ailleurs. J'aime beaucoup Lennon et son univers, McCartney est selon moi le plus grand génie pop du siècle dernier mais quand on me demande qui c'est mon préféré, je réponds toujours Harrison. Il y a dans le parcours de cet homme quelque chose de touchant, et il y a dans ses chansons, avec les scarabées ou en solo, une pureté rarement égalé (à part par ces collègues finalement). 
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Commençons donc avec les Beatles. Au début, George n'avait rien d'un guitariste étincelant, il était juste capable d'accompagner dignement les chansons des autres, de caler un ou deux solos sans prétention et sans grande inventivité. Mais dès la reprise de "Roll Over Beethoven" sur le premier album, il y a une douce fragilité dans sa voix, quelque chose qui le rend attachant. Et puis c'est toujours lui qui a les répliques les plus drôles en interview, lorsqu'il daigne adresser la parole aux journalistes qui le surnomment bêtement le "Beatle discret". Son attitude renfrogné et un peu blasé lui donne une place à part dans le groupe. Dans son superbe ouvrage, l'ingénieur du son Geoff Emmerick parle d'Harrison comme d'une personne mal dans sa peau, ayant peu confiance en lui, s'exprimant peu et ne laissant personne briser sa carapace. Bien avant Lennon, c'est le premier a trouvé une alternative au groupe plus célèbre que le Christ, en partant jouir des merveilles de l'Inde et de la sitar de Ravi Shankar. 
Cette différence s'entend et se chérit lorsqu'on écoute les chansons de George. "I Need You" et "You Like Me Too Much" sur l'album "Help!" sont deux bijoux plein de tendresse, qui se savoure avec les images du guitariste dans le film du même nom, où il troque son air blasé pour un regard distant. Même chose pour "If I Needed Someone", où chaque syllabe est prononcé comme un enfant timide réciterait un poème. Sur "Revolver", que j'écoute toujours au casque avec un grand sourire, c'est l'intro de "I Want To Tell You" qui me rend fou à tout les coups. La manière dont l'intensité monte, accompagné du piano, des guitares et enfin de la voix d'Harrison qui murmure, qui a gardé toute son innocence. Et maintenant que la sitar n'est plus un secret, la guitare peut enfin se lâcher, sur "Taxman" par exemple, où elle prend une ampleur nouvelle. L'influence indienne place George au même niveau que ses compagnons et sur un terrain tout à fait différent : "Love You To", "The Inner Light" mais surtout "Within You Without You" ne sont pas de l'orientalisme cliché, de l'exotisme bourgeois , ce sont des oeuvres d'arts qui te foutent en transe et sont transpercé par la voix de plus en plus mystique de George. Plus méconnu, c'est "Blue Jay Way" qui me fait planer une fois la lumière éteinte et les bougies allumées : "Please don't be long, please don't you be very long, or I may be asleep..."
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Les deux plus belles chansons d'Harrison se trouvent sur l'Album Blanc. "While My Guitar Gently Weeps", dont la beauté est indescriptible. Et "Long, Long, Long", une perle de trois minutes, qui apporte calme et sérennité après l'ouragan "Helter Skelter". C'est ma favorite d'Harrison et elle est dans mon panthéon du groupe. Cette atmosphère embrumée, cette tristesse dans la voix et les paroles, l'écho qui bouleverse et le cri final qui me brise le coeur et me glace le sang en même temps. Pas de sitar et pourtant, le morceau le plus mystique de l'artiste. À contrario, je n'écoute quasiment jamais "Piggies" et "Savoy Truffle". Tout comme "Only A Northern Song", où Harrison ne fait visiblement aucun effort et rappelle son caractère détaché. Il faut pourtant réhabiliter "It's All Too Much" égaré sur la malheureuse bande originale de "Yellow Submarine", avec sa guitare qui sature, la trompette qui débarque au milieu de ses sept minutes jouissives, psychédéliques, parfaites. 
"I Me Mine" mêle la délicatesse d'une voix avec la brutalité d'une guitare et je ne peux m'empêcher de gueuler le refrain dès que je l'entends. C'est l'un des sommets de l'album maudit "Let It Be", avec la plus humble et délicieuse ballade country "For Your Blue". Si on aime le Harrison sentimental, il faudra attendre "Something" pour le voir enregistré l'une des plus belles chansons d'amour du siècle, même Sinatra est d'accord avec moi. Oui, c'est sublime, rien à redire. Tout comme "Here Comes the Sun", un hymne magique qui, vous ferais l'essai, ne manque pas de ramener le soleil lors des jours pluvieux. Et me fait sourire dès les premiers accords. 
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Quasiment que des merveilles lors de la période Beatles, que George sera plutôt heureux de laisser derrière lui pour se consacrer à sa guitare, son sitar et ses propres envies. "All Thing Must Pass" sort en 1970 et s'impose encore aujourd'hui comme l'album solo le plus réussi d'un ex-scarabée. Il y a tout ce qui fait le charme de l'artiste. Une guitare flamboyante, de belles harmonies, une voix fragile et des textes mystiques, bouleversants. La chanson titre bien sûr, mais également le tube "My Sweet Lord" ou la complainte belle à pleurer "Isn't It A Pity". "If Not For You", la reprise du Dylan country ou "I Live For You", pas un faux pas sur ce double album touché par la grâce. 
Je connais moins la carrière solo d'Harrison par la suite. J'ai savouré son concert pour le Bangladesh surtout à cause de la présence de son ami Dylan et j'aime bien la fraîcheur du tube qui marqua son grand retour dans les années 80, "Got My Mind Set On You". Je noterais également un tas de perles égrenées jusqu'à sa mort en 2001 : "Here Comes the Moon", "Not Guilty", "This Is Love", "Rising Sun" ou encore "Blown Away", toutes à redécouvrir. Enfin voilà, Harrison est mon Beatle préféré et je ne peux pas vraiment l'expliquer. Je chéris chacune de ses chansons, j'aime bien l'expression de son visage, son côté mystérieux, distant. Sa sincérité.
Un court article donc, pour vous dévoiler tout mon amour pour le troisième Beatle. Peut-être qu'il faudra que je vous parle de Ringo également mais je pense que prochainement, c'est encore Macca qui va être passer à la loupe alors que je revisite certains de ses albums les plus réussi. Vous l'avez compris, la folie Beatles m'a repris et n'est pas prête de s'arrêter. 

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