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Cascades de la côte sud d’Islande

Par Argoul

Ce matin, nous grimpons la falaise de palagonite. Nous avons vue sur la mer au large, sur la plage immense rayée d’une plantation d’oyats rectiligne, plus verte, pour fixer le sable. En face de nous, arrondi, le volcan Hekla puis, sur la droite, la blancheur du glacier Myrdalsjökull. La falaise recèle en ses creux des nids de fulmars. Les petits sont guettés par un grand labbe.

Cascades de la côte sud d’Islande
Nous nous arrêtons à Vik, joli village, pour des achats au N1, à al fois supermarché, station d’essence et boutique de souvenirs.

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C’est là que les filles font provision de choses à rapporter (c’est marrant, pas les garçons…). Il y a des peaux de phoque, des pulls en laine, des statuettes de trolls, des figurines de dieux nordiques, des livres…

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Nous allons à la cascade de Skogarfoss, très touristique et assez grandiose du haut de ses 62 m. La légende veut que le colon viking Thrasi y ait caché jadis son trésor. Un jeune garçon intrépide a voulu aller le repêcher et il a plongé nu sous la cascade, attaché à une corde. Mais l’eau tourbillonnante l’a tellement secoué dans tous les sens qu’il n’est parvenu qu’à agripper, à tâtons, qu’un anneau de coffre. L’endroit était trop dangereux pour que quiconque ait voulu recommencer. L’anneau est resté longtemps sur la porte de l’église, avant d’être depuis quelques années au musée de Skogar. Nous ne l’avons pas vu.

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Toute une bande de 8-10 ans islandais accompagnés de quatre moniteurs grimpent le chemin escarpé qui conduit au balcon d’où l’on peut voir la chute aux deux tiers de sa hauteur. Un petit blond au col défait a des chaussures de montagnes un peu grandes pour lui et il a du mal à les lacer correctement car il reste le dernier, court derrière les autres, se fait mal au pied et doit être recueilli par un moniteur qui se penche sur son cas avant de suivre enfin. D’en bas, la cascade fait un bruit infernal et mouille autant que la pluie quand on s’approche trop près.

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Autre chute d’eau de 65 m à Seljalandsfoss, sur la même route. Cette fois, la cascade est bifide et l’on peut même passer dessous. Nous n’y manquons bien sûr pas. Un sentier conduit dans les herbes grasses à une petite chute suivante, Gljufrabui. Nous sommes au bord du massif basaltique et toutes les eaux viennent du glacier Myrdal. Le sable, les alluvions, le recul marin, dégagent une courte bande de terre jusqu’à l’Atlantique à cet endroit, d’où la profusion de cascades. Devant la chute, un parking herbu qui sert aussi de camping sans commodités. Nous y pique-niquons pour la dernière fois. Il faut tout finir du jambon, du fromage en tranches, des harengs au vinaigre ou à la crème curry. Il n’y a que la soupe que nous pouvons laisser, en sachets elle se garde.

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En face de nous, les îles Vestmann, à quelques milles de la côte, tirent leur nom des ‘hommes de l’ouest’, ses premiers habitants étant des Irlandais et des gens des Hébrides et des Orcades. Elles sont 18, dont la principale, Heimaey, est munie d’un petit aéroport. Elles servent de lieux de vacances et de week-end mais n’ont pas toujours été sûres : le 23 janvier 1973, la bourgade coquette de 5273 habitants a reçu sur la tête 10 millions de tonnes de tétra, des scories grosses comme des grains de suie. Le volcan Hellgafell, silencieux depuis 6000 ans, s’était réveillé. Il n’y eu qu’une seule victime – morte deux mois après. La coulée est épaisse de 40 m sur le tiers englouti du village, mais 4500 habitants vivent à nouveau sur l’île. La lave a été arrêtée par l’arrosage des hélicoptères américains de la base OTAN, formant une digue. Déjà en 1627, des pirates seldjoukides venus d’Algérie ont attaqué l’île, tué une quarantaine de personnes et emporté 242 autres, femmes, enfants et éphèbes, pour les vendre comme esclaves en Afrique du nord. L’esclavage d’Islam a été lui aussi une engeance. Au sud de cet archipel éminemment volcanique, pitons émergés d’une fissure sous-marine de 30 km, a surgie en 1963 l’île nouvelle de Surtsey. Elle a été conservée comme réserve naturelle où observer la colonisation végétale et animale.

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Nous ne visitons rien de tout cela faute de temps. Mais le guide fait quitter au chauffeur la route principale en direction d’une bourgade de l’intérieur, Thorleifskot. Que veut-il donc nous faire faire ? Une dernière randonnée ? Le camion stoppe devant une petite église blanche, on nous invite à entrer dans l’enclos qui forme cimetière. « Retournez-vous, là, que voyez-vous ? » Nous voyons une pierre tombale où est inscrit Robert James Fischer. Cela ne nous dit pas grand chose, mais l’homme fut célèbre.

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Bobby Fischer a été un grand joueur d’échecs du temps de la guerre froide. Poursuivi par la CIA pour avoir été illégalement jouer en 1972 contre Boris Spassky, dans l’URSS sous embargo, il a fini ses jours en Islande le 17 janvier 2008.



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