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L'attentat, Yasmina Khadra

Par Wellreadkid

l-attentat--Yasmina-Khadra.jpgMettre des mots sur l'horreur du terrorisme. Il fallait bien du courage pour s'atteler à cette tâche difficile. L'attentat est à l'image de son titre : simple, mais qui dit tout. Tout de l'horreur immédiate d'un attentat, tout du désespoir des proches du kamikaze, tout de l'incompréhension que l'on ressent.

Nous sommes à Tel-Aviv, de nos jours. Une femme, dissimulant une bombe sous sa robe de grossesse, a explosé dans un restaurant, où notamment des écoliers fêtaient l'anniversaire d'une de leurs camarades. Un fait divers atroce, mais malheureusement loin d'être commun dans une partie du globe ravagé par le conflit israelo-palestinien.

Le docteur Amine s'occupe des blessés. Israélien d'origine palestinienne, il fait office d'exemple, c'est un voisin modèle, un très bon chirurgien, un collègue aimable.

La kamikaze, c'était sa femme.

Pour Amine, c'est le choc. Comment sa femme, qui partage sa vie depuis quinze ans, a-t-elle pu commettre cet acte odieux?

C'est la question qui rythme le récit. Qu'est-ce-qui a pu pousser une femme respectable, riche, bien intégrée, à subitement commettre un attentat suicide? Tout au long du livre, Amine cherche à comprendre, part en quête d'un indice, que sa femme lui aurait laissé.

Portrait d'un palestinien en Israël, l'Attentat montre un homme accompli, décidé à rendre fière de lui sa famille restée en Palestine et à prouver au monde qu'on peut réussir en dépit des difficultés. Mais Amine ne parvient à échapper à la haine séculaire entre les deux peuples : arrestations arbitraires, violences, insultes, il connaîtra tout. L'attentat commis par sa femme marque sa déchéance : le lecteur, impuissant, assiste à la noyade de cet homme, perdu, qui ne sait plus trop ce qui est vrai, ou non. Amine a l'impression d'avoir vécu avec une inconnue, dans le mensonge. Il est en colère, tout en étant dévasté. Il se perd sur des pistes ne menant nulle part.

Le conflit israelo-palestinien, sous la plume de Yasmina Khadra, prend d'emblée une dimension plus humaine, plus proche. L'intériorité du récit permet au lecteur de s'identifier totalement à Amine et de comprendre ce que c'est que d'être un étranger dans son propre pays. Cela donne davantage de réalité aux atrocités que nous dévoile parfois le journal de vingt heures. Yasmina Khadra explore avec pudeur le thème du deuil, l'envie de vengeance, et l'incompréhension. Cette pudeur, cette retenue dans l'écriture, ces mots simples, mais percutants, contribuent à la peinture d'un monde chaotique à la fois très proche et très lointain de nous. Une lecture difficile, poignante, mais probablement nécessaire.


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