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Cher Michel Rocard

Publié le 17 janvier 2008 par Marc Vasseur


Je ne suis pas le seul, et fort heureusement, à avoir réagi à la tribune de Michel Rocard. 
En copie, ce texte collectif trouvé sur le blog de Désirs d'Avenir 60

Cher Michel Rocard,
Nous te répondons collectivement car si nous partageons ton diagnostic sur le besoin de « jouer collectif » au Parti Socialiste, nous récusons sur le fond et la forme ton analyse qui semble bien peu clairvoyante et moderne pour un homme qui fut en son temps porte parole d'une modernisation du PS que certains d'entre nous ont soutenue.
Peu clairvoyant d'abord puisque tu proposes peu ou prou d'adopter la même solution qu'en 2002 : surtout ne pas choisir de « présidentiable » pour mieux attendre un hypothétique retour. Mais Michel, c'est oublier que d'ici 2012, nous avons besoin de quelqu'un pour incarner notre ligne rénovée et porter le changement dans plus de 4 scrutins à l'échelle nationale ! Alors, rééditer cette attente, ce que chacun au PS s'accorde désormais pour qualifier d'ânerie, c'est tout simplement hors sujet à moins de vouloir définitivement dégoûter les Français et les militants de notre parti.
Plus choquant encore, ton absence de combativité face au pouvoir actuel : « Il n'y a aucun moyen connu de mettre en cause l'ultra domination de Sarkozy ». Mais si, travailler collectivement pour proposer des alternatives sur le fond et gagner des scrutins intermédiaires, ce sont des moyens d'actions.  Ségolène Royal lutte au quotidien pour faire gagner la gauche en soutenant des candidats aux municipales sur le terrain partout en France.
Enfin, de la part d'un homme rigoureux tel que toi, l'analyse du passé que tu fais semble bien sélective : oublies-tu que François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy se sont pour leur part imposés dans leur camp bien avant l'élection présidentielle ? François Mitterrand fut candidat dès 1965 pour être élu en 1981 seulement. Jacques Chirac a pour sa part refondé le gaullisme et présenté sa candidature dès 1981 tandis que Nicolas Sarkozy y pensait depuis … 1995. Face à ces faits politiques, les exemples de Barre, Poher, Balladur ou le tien semblent bien … anecdotiques.
Pas progressiste ensuite par le mépris qui suinte à longueur de ta tribune envers Ségolène Royal que tu qualifies « d'avenante et charismatique », manière polie de dire : « tu es mignonne mais tu es trop conne ». Ce mépris, nous en avions déjà eu un aperçu quand tu lui assurais : «tu ne seras même pas au second tour». Manque de vision, pour le coup non ? Cela nous renvoie vraiment, cher camarade, aux sempiternels stéréotypes rancis d'une partie de la droite « à la papa » plutôt qu'à l'égalité hommes-femmes que nous prônons depuis 15 ans dans notre parti.
Mépriser une camarade nous semble déjà peu socialiste comme attitude mais mépriser celle qui a été choisie par 62% des militants et reste la plus populaire dans le cœur du peuple de gauche, c'est carrément un déni de démocratie. Non, Michel, nous respectons quant à nous les jeunes et leurs aînés, les femmes et les hommes, et nous ne nous abritons pas derrière de telles postures archaïques qui nous ont provisoirement affaiblis. Réfléchis avec nous, et pose ta plume convenue, pour t'armer à nouveau de tes flammes passées.
Ton choix de rejouer le match perdu contre François Mitterrand, alors que les Français attendent autre chose de nous, est assurément critiquable. Préfèrerais-tu donc continuer à travailler pour Nicolas Sarkozy que de voir la gauche revenir, rénovée et rassemblée, avec Ségolène Royal entourée d'une équipe rajeunie ?
As-tu peur que Ségolène réussisse ce que tu as raté en ton temps, c'est-à-dire précisément la construction d'un « discours cohérent rénové », que tu appelles de tes vœux, en partenariat avec tous les militants ?  L'opposition cohérente, militante et sûre de son projet, c'est en tout cas plus nous militants socialistes « de la base », nombreux et motivés, qui l'incarnons au quotidien que ceux qui jouent au petit jeu destructeur des tribunes assassines.
Rassemblons-nous pour débattre donc mais sans parti-pris « social démocrate » ou « d'attente » mais dans le respect mutuel et l'échange. A ces conditions, nous parviendrons de nouveau à être crédibles et audibles, collectivement.


Vous pouvez par ailleurs, vous joindre aux signataires. 

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