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Médias et contestation : quand la critique enseigne la résignation, par José Bové

Publié le 28 décembre 2010 par Unpeudetao

Dans un entretien réalisé en partenariat par la revue Médias et EurActiv.fr, et publié dans le n°26 de la revue et le 17 décembre sur le site d’EurActiv.fr, sous le titre « José Bové : “Quel intérêt de passer à la télévision tous les jours ?” »  José Bové évoque la question des médias et revient notamment sur son propre rapport avec eux. Critique à demi lucide… et revendication d’impuissance.

« Je n’ai pas l’œil rivé sur l’impact médiatique de mon action. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir où vont les projets que je mène. Depuis le tout début des années 1970, j’ai compris que le temps passé à la télévision n’enlevait ou n’ajoutait rien à la légitimité de mon action » explique Bové en conclusion de son entretien.

Certes, la légitimité d’une action politique ne dépend pas de sa médiatisation. De même, comme le rappelle auparavant Bové, son efficacité n’y est pas entièrement suspendue.
Cela suppose-t-il pour autant que la question du rapport aux médias des contestataires soit indifférente ?

Non, car les modalités mêmes de la médiatisation des luttes peuvent s’avérer capitales… Et notamment jouer en leur défaveur. Le film « José Bové : le cirque médiatique » (diffusé par Le Plan B), ainsi que l’article que nous lui avions consacré, revenaient sur les rapports entretenus par Bové avec les médias, en abordant une question centrale : faut-il accepter les contraintes de la médiatisation ?

A cette question, Bové semble désormais – dans un premier temps du moins – répondre par la négative. Ses propos tendent à montrer qu’il n’est plus vraiment le « bon client » qu’il a naguère été : désormais, il est rarement disponible (« Je suis toujours sollicité, mais la plupart du temps, je ne peux pas répondre à leur demande »), et il impose ses conditions (« Lorsque je suis à Millau, pas question de faire un aller-retour à Paris pour une heure d’émission. Je leur propose donc souvent des duplex »).

.. la suite ..

Dans notre rubrique intitulée « Le démontage de José Bové », nous rappelions les aléas de la médiatisation de l’ancien porte-parole de la confédération paysanne pour poser notamment ces questions :
« La notoriété médiatique de José Bové a-t-elle toujours servi les causes qu’il a défendues ? La recherche sans frein d’une personnalisation médiatique est-elle toujours souhaitable et efficace ? A travers l’exemple de José Bové (qui dépasse sa seule personne), c’est cette question que nous soulevons avec insistance : comment se servir des médias dominants sans leur être asservis ? »

Bové quant à lui ne semble pas faire grand cas de ces questions, puisque, immédiatement après avoir évoqué une « logique terrifiante », il ajoute : « J’ai vécu cette situation plusieurs fois. Il faut simplement être conscient de la manière dont les médias fonctionnent. Certains d’entre eux sont prescripteurs.
Un journal commence à traiter un événement, puis un mimétisme s’opère. Les sujets fonctionnent souvent en boucle. Si on le sait, ça va… C’est terrible de se le dire, mais je ne vais pas prendre mon bâton de pèlerin pour combattre ce système ».

Qui songerait à demander personnellement à José Bové ou à tout autre contestataire de prendre, seul, un bâton de pèlerin et de combattre, seul, ce « système » ? Personne. En revanche, se soumettre aux formats attribués au « développement de la technique » et entériner la « logique terrifiante » de la personnalisation sans contribuer à une contestation collective est une forme de démission. Faut-il s’y résigner ?

Frédéric Lemaire (avec Henri Maler)

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 L'article complet sur,
Acrimed, Action Critique Médias :

http://www.acrimed.org/article3509.html


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