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Leo Ferre - La Solitude

Publié le 17 décembre 2010 par Thot

La musique risque de paraître surranée. Même les plus beaux textes ne passent plus sur les ondes de nos vieilles radios, comme isolées par leur cage de Faraday qu'ils appellent marketing. Difficile de ne pas reconnaître que le style a rouillé sous l'oxyde du temps. Mais les mots, mais les phrases, mais le texte, mais l'aura du poète, mais la solitude de ceux qui osent aimer ce qui n'est pas pop, ce qui n'était et ne sera jamais Céline D ou Pascal O. Mais la solitude comme un vieux vin que l'on reprend poussièreux de sa cave, et qui vous laisse un goût de trop peu, un goût d'encore. Mais la solitude, qu'on écoute et réécoute, jusqu'à la nausée. On se dit qu'on n'y touchera plus, plus jamais jusqu'à la prochaine fois, ... mais la solitude cà vous prend d'abord aux oreilles, puis à la tête et puis au corps. "Encore", crie mon coeur, celui qui aime, celui qui pleure, celui qui se sent seul face à la grandeur du poète. Mais la solitude... 

Je suis d'un autre pays que le vôtre, d'un autre quartier, d'une autre solitude.

Je m'invente aujourd'hui des chemins de traverse. Je ne suis plus de chez vous.
J'attends des mutants. Biologiquement je m'arrange avec l'idée que je me fais de la biologie: je pisse, j'éjacule, je pleure. Il est de toute première instance que nous façonnions nos idées comme s'il s'agissait d'objets manufacturés.
Je suis prêt à vous procurer les moules. Mais...
La solitude...
Les moules sont d'une testure nouvelle, je vous avertis.
Ils ont été coulés demain matin. Si vous n'avez pas dès ce jour, le sentiment relatif de votre durée, il est inutile de regarder devant vous car devant c'est derrière, la nuit c'est le jour. Et...
La solitude...
Il est de toute première instance que les laveries automatiques, au coin des rues, soient aussi imperturbables que les feux d'arrêt ou de voie libre. Les flics du détersif vous indiqueront la case où il vous sera loisible de laver ce que vous croyez être votre conscience et qui n'est qu'une dépendance de l'ordinateur neurophile qui vous sert de cerveau. Et pourtant...
La solitude...
Le désespoir est une forme supérieure de la critique. Pour le moment, nous l'appellerons "bonheur", les mots que vous employez n'étant plus "les mots" mais une sorte de conduit à travers lesquels les analphabètes se font bonne conscience. Mais...
La solitude...
Le Code civil nous en parlerons plus tard. Pour le moment, je voudrais codifier l'incodifiable. Je voudrais mesurer vos danaïdes démocraties.
Je voudrais m'insérer dans le vide absolu et devenir le non-dit, le non-avenu, le non-vierge par manque de lucidité. La lucidité se tient dans mon froc.


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