Ségolène Royal et la présidentielle singulière

Ségolène Royal sait que 2012 est une présidentielle singulière tant l'opinion est à la recherche de ses nouveaux symboles collectifs et de marqueurs individuels clairs. En 2012, deux démocraties importantes vont vivre une présidentielle : les Etats-Unis et la France. Ce sera l'occasion pour comparer les symboles. Pour l'instant, la France semble à la recherche de ses nouveaux symboles. Elle sort d'une mathématisation des réalités avec des chiffres qui divorcent désormais des réalités. L'opinion est à la recherche d'une objectivité perdue. Elle manque d'émotions positives qui réveillent. Tous ces facteurs créent un profond désarroi. Le candidat qui parviendra à préempter les nouveaux symboles fera probablement un pas décisif sur le chemin de 2012. Pour le moment, l'attente est forte et les espaces sont ouverts. De telles caractéristiques en font une présidentielle singulière. Pendant longtemps, les chiffres étaient censés permettre d'établir un diagnostic fiable. Or il n'y a plus un seul chiffre qui ne soit pas sérieusement contesté ouvertement : le nombre de manifestants, celui d'établissements scolaires occupés, les files d'attente sur les routes les soirs de neige … : plus un chiffre ne s'impose. C'est une société de perte de repères simples. Une perte de repère sur tous les sujets y compris les plus essentiels : inflation, chômage … La dernière illustration est la non publication des chiffres sur les voitures brulées pendant la nuit du 31 décembre. C'est la caricature de la perte de la place du chiffre dans le débat public. Confrontés à la réalité, les chiffres disparaissent. Ensuite, phénomène complémentaire de la perte de crédit des chiffres, l'objectivité parait perdue. C'est probablement la situation la plus délicate : cette société sans repère admis désempare. C'est l'illusion généralisée. Il faut chercher derrière l'apparence d'une affirmation. C'est la suspicion généralisée. Enfin, troisième phénomène, le besoin d'émotions qui réveillent. Dans cet univers du ressenti puisque l'objectif est absent il faut trouver des exemples qui font penser, qui responsabilisent, qui considèrent. C'est la bataille du sens qui s'annonce : au moins partager un objectif. Le discours présidentiel 2012 ne pourra rester à l'écart de ces tendances. Le candidat ou la candidate qui trouvera la bonne tonalité pour exprimer ces nouveaux symboles fera bouger les lignes de façon considérable tant l'attente est forte. C'est cette réalité qui explique que le jeu est ouvert et que des personnalités comme Ségolène Royal sont loin d'avoir course perdue : cliquer sur le rectangle ci-dessous qui figure sur le bandeau supérieur pour voir la lettre apparaître en format plein écran.