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Le Banni

Par Gicquel

Je pensais connaître assez bien la vie de Mr Howard Hughes , aussi millionnaire qu’imprévisible. Et plus encore, après avoir découvert son second et dernier film, qui sous les traits d’un western plutôt classique (mais ça ne va pas durer) traite de tout et de rien avec un niveau de lecture ahurissant. Premier, deuxième ou troisième degré, peut-être les trois à la fois et encore un peu plus, pourquoi pas ,je ne sais pas à quelle hauteur le situer ![Critique dvd] Le Banni

Une chose est certaine, la vérité historique est complètement bafouée. Quand le terrible Doc Holliday découvre que son meilleur pote, le terrible Pat Garrett porte l’étoile du shérif, il l’abandonne au profit du jeune Billy the kid dont la réputation de méchant garçon commence à aligner les cadavres. Le regard candide, presque poupin  de Jack Buetel est désarmant. Mais si Billy  fait ami, ami, ça ne l’empêche pas de lui chiper d’abord son canasson et ensuite sa fiancée, que Jane Russell interprète de manière scandaleuse pour l’époque . Ce qui nous vaudra au passage une scène incroyable de marchandage : qui de la bête ou de la femme vont-ils préférer ?

Rien que ce morceau de bravoure donne le ton à ce western qui joue à la fois sur la caricature, le pastiche et les clichés d’un genre décliné ici avec une délectation naturelle. Et pourtant nous ne sommes qu’en 1940, ce qui a dû bien faire jaser dans les chaumières hollywoodiennes. Si la partie de poker est plutôt classique, les dialogues sont le plus souvent incongrus, plus proches des bulles à la Lucky Luke que des envolées patriotiques de John de John Wayne  dans « Rio Bravo ».

[Critique dvd] Le Banni

Peut-être l'unique scène ultra-classique : la partie de poker

C’est un vaudeville, un marigot, avec des situations burlesques filmées à la petite semaine, comme ce clin d’œil autant malicieux que délicieux à la menace indienne qui se profile sous le trait des fameux signaux de fumée.
Ce qui inquiète visiblement notre trio reconstitué (Pat Garrett-Thomas Mitchell,- en bon shérif a mis la main sur le duo de malfaiteurs) et donne l’occasion d’une poursuite à cheval comme on n’ennfait plus .
Le tout je vous le donne en mille dure près de deux heures qui filent à la vitesse d’un train vapeur en attente d’une voie de chemin de fer. Ca déraille à chaque instant et pourtant on s’accroche aux wagons tellement c’est hallucinant.

[Critique dvd] Le Banni

Thomas Mitchell , Walter Huston ou Pat Garrett et Doc Holliday

La petite histoire raconte que « Le Banni » avait été confié d’abord à Howard Hawks.Mais face aux premiers rushs, Hughes regrette le manque de nuages dans le ciel et congédie son metteur en scène, au bout de deux semaines. Qui s’en remet rapidement en tournant « Sergent York » avec Gary Cooper , pendant que notre millionnaire fait  danser sa poupée  : il ne tourne que l’après-midi, et principalement la nuit. Une scène complètement anodine au montage aura nécessité 103 prises. Le budget initial (400.000 dollars) est multiplié par huit, mais Howard Hughes s’en contrefiche : « je suis riche et c’est mon argent ».
Mais aussi
On ferait aujourd’hui un remake de ce film, je pense que quelques scènes « amoureuses » deviendraient beaucoup plus sexy, sinon torrides. Jane Russell, dans le rôle de la fiancée se propose ainsi de réveiller Billy the kid quasi-mort en couchant avec lui. Le peut que l’on en voit (de nombreuses coupes ont été exigées par la censure) laisse imaginer le pire….

[Critique dvd] Le Banni

Et notre pauvre Billy de tomber sur la belle... Scandale !

On dit que les techniciens de l’aéronautique avaient mis au point pour la femme déjà plantureuse, et aux yeux de braise, un nouveau type de soutien-gorge, qu’elle ne portera en fait jamais dans le film. Elle possède ses avantages , elle les conserve et je peux vous certifier que cela fait déjà son effet. Imaginons alors aujourd’hui Monica Bellucci,dans le rôle, et la planète pourrait prendre feu.
Censure
Sur les 108 coupes exigées par la censure, Howard Hughes en refusera….105 ! C’est son film, il a les moyens de dire non et il décide alors de le geler pendant deux ans. Sa carrière se révèle aussi chaotique que sa production. La première projection à San Francisco en 1943 est chahutée : il remise son film au placard. Sa nouvelle sortie trois ans plus tard envoie le patron de la salle de cinéma en prison pour outrage à la pudeur. Un procès s’en suit et le film devient un succès.


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