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SOMEWHERE de Sofia Coppola

Publié le 07 janvier 2011 par Celine_diane
SOMEWHERE de Sofia Coppola
La solitude et l’ennui : deux spectres qui hantent le cinéma de Sofia Coppola, du Japon (Lost in Translation) à la France (Marie-Antoinette), de l’Amérique (Virgin Suicides) à l’Italie. De vrais démons, et un concept génial qu’elle parvient à étreindre tout du long de son mélancolique Somewhere, puisant du vide une matière cinématographique hautement élégante, captant l’ennui … sans ennuyer. Direction Château Marmont cette fois, et la plongée frontale et sans ellipse dans le néant d’une vie de star, Johnny Marco (Stephen Dorff, déterré dont on ne sait où…et formidable!), paumé, perdu, seul parmi tous : femmes, fric, photographes, fille (la petite Elle Fanning, douée et remarquable). Une peinture de l'absurdité quotidienne, une déconstruction minimaliste du fantasme de l’acteur, une critique acérée des fausses paillettes d’un L.A qui isole : voilà toute l’entreprise d’une Sofia Coppola plus intéressée par les questions que par les réponses, par l’errance, les sensations, le chemin emprunté que la destination à donner, suivre, atteindre. Le film regorge d’instants sublimes, captés au vol, tout en silences et suggestions, regards et manques ; caresse des perfections momentanées ; offre des instantanés de spleen et de désespoir. Le temps s’allonge, la contemplation est de mise, et la beauté visuelle maximale. Son Somewhere est suspendu au-dessus d’un gouffre, fier et fragile, tendre et cruel, une bulle de chewing-gum au goût amer qui éclate dans la vacuité d’une vie d’homme et de père, une vie de rien où le bruit vrombissant d’un moteur de voiture se fait musique du vide. Sofia mérite son Lion d’Or, c’est certain.
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