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La fille dont la voisine de derrière avait une tronche à faire de la pub pour Jex Four

Par La Chose

La fille dont la voisine de derrière avait une tronche à faire de la pub pour Jex Four

Minouche, je crois que je t’ai déjà parlé de ma voisine de droite?
Je t’ai aussi parlé de ma voisine de gauche.
Est-ce que j’ai déjà mentionné la voisine de derrière?
La voisine de derrière, c’est celle qui habite de l’autre côté de la haie du jardin. Le jardin, c’est un truc genre mouchoir de poche avec quelques touffes de gazon et plein de cacas de Ted Bundy (qui est un clébard grossier sans aucune éducation, mais c’est parce que ça me gonflait trop de refiler des euros à un sous-doué boutonneux auto-proclammé « éducateur canin » qui m’aurait appris comment on dit « assis » en swahili et en finnois).
La voisine de derrière, on la connaissait pas avant le mois dernier. On avait juste remarqué que sa maison avait été repeinte par un manchot daltonien et psychotique. On entendait aussi parfois sa bagnole démarrer (ça fait un peu comme Guy Carlier quand il monte un étage) mais on avait encore jamais vu à quoi elle ressemblait. Comme ses volets sont toujours fermés, avec Loutre, on l’appelle Morticia.
Et puis l’autre jour, j’étais dans le jardin en train d’arroser les merdes de Ted Bundy et aussi celles d’Eva Braun (qui est un chat antisocial et anarchiste) quand Loutre a ouvert la fenêtre du premier étage, qui donne sur le jardin de la voisine de derrière, et m’a jeté des cailloux (c’est comme ça que Loutre attire mon attention quand je suis en contrebas, et aussi quand je suis en face, quand je surplombe, quand je dors ou quand je suis aux toilettes).

- Monte dans le prunier, Lucette, y’a Morticia qui est sortie de sa tombe!

Le prunier c’est un truc tout pourri qui ressemble à un arbre, sauf que toutes les branches pissent un liquide visqueux et nauséabond. En hiver, on dirait un joueur de basket mort et momifié, en été c’est couvert de prunes bizarres qui ont des boursouflures purulentes et qui attirent les frelons d’un peu partout. Un jour, on va s’apercevoir qu’il y a une centrale nucléaire secrète dans le quartier, tout le monde va pleurer et le maire devra drôlement ramer pour nous expliquer que les iguanes à poils roses qui s’ébattent dans la rivière sont totalement inoffensifs.

- Si je monte dans le prunier, ça va tout craquer, je vais me casser la gueule, j’ai dit à Loutre.
- On s’en fout, du moment que t’arrive à jeter un œil sur Morticia.

J’ai eu de la chance, parce que juste avant que la branche du haut ne cède en faisant un bruit de bras gauche qu’on arrache avec des tenailles, j’ai clairement vu la tronche de Morticia. Je me souviens que j’ai pensé « oh mon Dieu, on nous ment depuis vingt ans! Alice Sapritch n’est pas morte, elle se planquait en Armorique! ». Après, je ne me souviens plus très bien, parce que mes dents se sont enfoncées assez profondément dans le gravier.

- Alors? Alors? bramait Loutre pendant que j’essayais de me relever.
- NFS-Chimie-iono, deux culots de O négatif sur le perfuseur rapide, un café, l’addition et bipez-moi Benton, bordel.
- Ta tête a cogné contre le mur ou quoi?
- Alice Sapritch.
- A tes souhaits.
- Je veux dire: la voisine de derrière, c’est le sosie d’Alice Sapritch.
- Waaahh trop bien! C’est bonheur! C’est…c’est jextraordinaire!

Et Loutre a refermé la fenêtre en chantonnant « les hommes me trouvent terriblement sexy, les chéris… »
Depuis, la voisine de derrière, on la voit un peu plus souvent. Quand Eva Braun va faire pipi dans sa jardinière, par exemple. Eva Braun aime beaucoup le jardin de la voisine parce que comme il est plus grand que le nôtre, il y a des choses qui vivent dedans. Eva Braun aime beaucoup les choses qui vivent. Son grand kif, c’est de faire en sorte qu’elles ne vivent plus. Et aussi de pisser un peu partout dans les massifs de fleurs. Alors Morticia, qui est le sosie d’Alice Sapritch mais qui ressemble aussi à n’importe quel modèle de Terminator tellement elle est pas expressive, elle sort de sa cuisine en faisant « Psshhhiiit! Pssshhiiiit! », à quoi Eva Braun répond en crachant comme une fine garce pendant qu’elle urine exprès une deuxième fois en la regardant bien dans les yeux. Eva Braun, c’est rien qu’une salope. C’est pour ça que c’est notre chat, et qu’on l’aime.
Nous, on n’a pas fait réparer le prunier (rapport à Tchernobyl et tout ça) mais on s’est payé une paire de jumelles. Depuis, au lieu de s’abrutir en regardant la télé, on mate par-dessus la haie en ânonnant « avant, j’étais moche…ma vie était un enfer... » et on s’esclaffe comme des hyènes épileptiques.

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Filed under: A propos des soirées Tupperware et des furoncles pilo-sébacés

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