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Génération Mitterrand

Publié le 07 janvier 2011 par Davidme

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Demain, 8 janvier, nous commémorerons les 15 ans de la mort de François Mitterrand. Tout le gratin socialiste y sera et c’est finalement assez normal. Né en 1979, je suis ce que l’on peut appeler de la « génération Mitterrand ». Cette génération qui a grandi avec des parents fous de joie le soir du 10 mai 1981, qui a regardé les résultats de 1988 fébrilement et qui était contente de la victoire de celui qui désormais était appelé Tonton. Cette génération qui a tenté de se construire une culture politique oscillant entre les réalisations concrètes et géniales de Mitterrand (abolition de la peine de mort, construction européenne, RMI, grands travaux, une volonté farouche en politique etc…) et les errements d’une gauche qui pouvait trahir et oublier ses idéaux (écoutes téléphoniques, affaire Urba, amitié avec Bousquet etc…). Tout cela encore avec Mitterrand. De fait ces deux septennats s’ils ont permis à la gauche de gouverner, plutôt bien malgré tout, a aussi entraîné une désillusion. Désormais, on sait que la gauche au pouvoir pouvait, elle aussi, commettre de graves impairs moraux.

Mon but n’est pas ici de faire un bilan de Mitterrand – des historiens le feront bien mieux – mais plutôt de dresser un panorama des souvenirs « mitterrandiens » d’un enfant des années 80 né dans une famille de gauche et qui a finalement côtoyé Mitterrand tout au long de son enfance.

-   Premier souvenir, l’élection de 1988, le meeting de Lionel Jospin à Créteil où j’étais allé avec mon père. Cet écran qui donne « Tonton » gagnant contre Chirac. La joie des adultes, la mienne légère. Par mimétisme. Mon père qui dit « enfin Rocard va être 1er ministre ».

-   Souvenir aussi d’un air de musique « Changer la vie ». J’y reviendrais.

-   Souvenir de Mitterrand à la télé plusieurs fois. Plusieurs interviews. J’aimais bien sa voix et son jeu de mains.

-   Souvenir d’une rage en apprenant son passé vichyste, j’avais 13 ans. Rage encore en apprenant son amitié avec Bousquet. Je pratiquais alors avec Lionel Jospin, le « droit d’inventaire » et demandais des comptes à mes parents.

-   Souvenir d’une émotion forte le 8 janvier 1996 lors de l’annonce de sa mort. Cela marquait bizarrement la fin de mon enfance. Je suis allé à la Bastille le soir de son décès.

-   Souvenir d’étudiant en droit et à Sciences Po maintenant. J’ai aimé lire le Coup d’Etat permanent, étudier le parcours de cet homme qui appliquait à merveille la maxime « tant qu’il y a une volonté, il y a un chemin ». Maxime que j’essaye de m’appliquer dans ma profession de journaliste.

-   Souvenir d’étudiant, où avec des amis, nous prenions plaisir à entonner les paroles de « Changer la vie » de Pagani et Théodorakis, hymne de campagne en 1981.

-   Fierté enfin qu’un président socialiste ait été à l’origine de l’abolition de la peine de mort. Avec l’un des plus beaux discours de la Ve République, Robert Badinter à l’Assemblée. (http://www.ina.fr/economie-et-societe/justice-et-faits-divers/video/CAB8101740401/debat-assemblee-nationale-sur-peine-de-mort-badinter.fr.html)

Au final, quid du regard d’adulte aujourd’hui ?Une certaine admiration pour l’espoir que l’homme politique Mitterrand a su susciter. Une certaine admiration pour ce président « culturel » dans le sens où les livres et la culture en général faisait partie intégrante de sa vie et de son action. Circonspection devant son parcours durant la guerre. Colère, toujours par rapport à son amitié avec Bousquet. Colère aussi devant les errements des écoutes téléphoniques. Mais aussi Mitterrand comme source d’inspiration souhaitable pour le PS demain. Notamment dans la stratégie et la capacité à susciter l’espoir (à le décevoir, mais aussi à le combler).

Fait rigolo : le frère d’un ami fait de la peinture. Nous sommes plusieurs à lui avoir demandé des portraits des figures de la gauche. L’un a eu Jaurès, l’autre Blum

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. C’est à mon tour de choisir. Et j’hésite : Mendes France ou Mitterrand ? Tristan Mendes France, petit-fils de Pierre, lui, a choisi et a argumenté sa réponse. http://egoblog.net/2006/01/11/mitterrand-cest-pas-mendes/

Au final, le Mitterrand que j’aime c’est celui de « Changer la vie » et du « Coup d’Etat permanent ». Celui qui croyait que la politique pouvait transformer le monde. Celui qui à mes yeux s’en rapproche le plus aujourd’hui est Arnaud Montebourg. « Coup d’Etat permanent » pour le premier, la « Machine à trahir » pour le second. « Changer la vie », d’un côté, des « idées et des rêves » de l’autre.


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