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Nouvelles mythologies : Julian Assange

Publié le 07 janvier 2011 par Vincemobile

Il a raté le titre d'homme de l'année décerné par Time Magazine au profit de Zuckerberg, le geek patron de Facebook. Le choix est bizarre, Facebook est un phénomène depuis un petit moment déjà, cette distinction vient donc à retardement. Non, c'est Assange qui aurait dû l'avoir, avouons d'ailleurs qu'il a tout fait pour l'obtenir. La vie est vraiment trop injuste.

Wikileaks est devenu un phénomène, au moins pour les journalistes. Je ne suis pas certain que le grand public s'y intéresse (ce n'est pas avec des révélations sur la guerre en Irak que l'on paye les factures) mais ça fait le buzz. Il est également intéressant de voir que l'on ne trouve que peu de détracteurs au site et à sa démarche.

Revenons aux fondamentaux en rappelant le postulat de base de Wikileaks : les agissements des gouvernements doivent faire l'objet d'une transparence totale et absolue. Il ne saurait exister aucune place pour le secret, la ruse, la dissimulation, fondements de la diplomatie et piliers de la politique de défense. Tout ceci est un non sens selon Assange, si les gouvernements gardent des choses secrètes, c'est qu'ils ont des choses à cacher, forcément peu ragoutantes. On touche là la clé de voute du monde selon Wikileaks : briser le sceau du secret, c'est empêcher les gouvernements de mal agir. Vision intéressante par sa naïveté, son côté presque adolescent. Ça me rappelle également un verset de la Bible

Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est secret qui ne sera connu. (Matthieu)

Entreprise colossale donc, avec un Assange aux airs messianiques : traqué par les États, lâché par les grandes entreprises, victime de calomnies, il a tout pour forger une légende de martyr de la liberté d'expression. Sauf, qu'on se trompe de définition, relisons la Convention européenne des Droits de l'Homme :

Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n'empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d'autorisations.

L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire.

Assange n'est pas le héraut de la liberté d'expression, il est plus simplement le dernier représentant de la dictature de la transparence. Pourquoi vouloir garder quelque chose secret si on a rien à se reprocher ? C'est la question qu'il pose aux gouvernements, c'est la même question que posent les géants du Web (Google, Facebook...) aux internautes inquiets pour la protection de leurs données personnelles. Pourquoi hurler contre Google et Facebook alors que Wikileaks fait la même chose aux gouvernements ?

Vision simpliste de la gestion de l'information, commune finalement à tous les représentants de l'économie numérique.

Peut être que Wikileaks est plus mainstream que ce que l'on croit.              


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