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La valeur de la critique

Par Benard

parPierre TESTARD

“Tout critique digne de ce nom écrira à partir d’une lutte profonde entre ce qui a été et ce qui doit être, les valeurs auxquelles il est habitué et celles qui existent actuellement,  une lutte entre le passé et le présent à partir duquel l’avenir doit naître. Cette lutte avec soi-même comme avec l’époque, à partir de laquelle quelque chose doit être écrit et donc lu- voilà comment j’évalue un critique.” [Any critic who is any good is going to write out of a profound inner struggle between what has been and what must be, the values he is used to and those which presently exist, between the past and the present out of which the future must be born. This struggle with oneself as well as with the age, out of which something must be written and which therefore can be read- this is my test for a critic.] Cette définition d’Alfred Kazin, écrite en 1960, nous remet en mémoire le crédit intellectuel dont jouissaient les critiques littéraires d’après-guerre. LeNew York Timesa pris l’occasion de la réédition dans le magazineCommentarydu texte de Kazin, “The Function of Criticism Today“, pour demander à six critiques contemporains ce qu’ils pensent de leur rôle.

Parmi ce florilège critique sur la critique, l’avis de Pankaj Mishra n’est pas le plus complaisant. Ce jeune auteur indien refuse de rejoindre le cortège des déclinologues de la critique, car il considère précisément qu’un tel débat est dépassé. La critique littéraire n’aurait de sens que si elle dépasse l’analyse des textes et de leurs critères esthétiques pour éclairer leur place dans l’histoire des idées et dans une représentation particulière du monde.

Pankaj Mishra admet sa dette envers nombre de critiques américains qui voyaient la littérature comme sujet de l’histoire et de la politique. Pour des auteurs comme Edmund Wilson, Dwight Macdonald, Lionel Trilling, F. W. Dupee and Irving Howe, les idées avaient un caractère d’urgence parce qu’elles avaient le pouvoir de refaçonner des sociétés en ébullition. De plus, ils appartenaient pour la plupart à une classe bourgeoise déstabilisée par des conflits socioéconomiques majeurs. Pour cette génération, la politique cessait d’être l’affaire de quelques élites mandatées par le peuple ou légitimées par leur capital culturel.

Aujourd’hui, cette ère des passions politiques s’est transformée jusqu’à détacher les intellectuels de la sphère publique, selon Pankaj Mishra. La plupart des écrivains contemporains en Occident cultiveraient leur jardin, à l’abri des grandes lames de fond qui bouleversent le temps présent. Ils rejoindraient trop vite les catégories privilégiées de la société pour en demeurer les contempteurs. Cela expliquerait les multiples sentiments de vulnérabilité et de crainte qui se seraient exprimés parmi les intellectuels occidentaux après le 11 septembre : le milieu artistique protégé et tranquille se sentait menacé par la violence d’un événement symbolique d’un monde instable et incertain.

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