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Alors donc voilà. J’ai vu Black Swan hier soir. Ne me...

Publié le 08 janvier 2011 par Mmepastel

Alors donc voilà. J’ai vu Black Swan hier soir.

Ne me demandez pas comment j’ai fait vu qu’il sort en février en France, vous ne me croiriez pas.

Tout d’abord, il faut dire que c’est un film d’une grande beauté plastique (due à la grâce des danseuses étoiles, de leurs gestes parfaits, ainsi qu’à la grâce de Natalie Portman) et très éprouvant sur le plan émotionnel. Le cinéaste, Darren Aronofsky, dit en effet lui-même que son film est inspiré de Rosemary’s Baby (le malaise est c’est vrai commun aux deux visionnages) et de la problématique des Chaussons Rouges. Oui. La dévotion qu’éprouve l’héroïne Nina (Natalie Portman) pour son art, son sacrifice douloureux, charnel, à rechercher la perfection au dépens de sa vie personnelle rejoignent le dilemme rencontré par Victoria Page dans Les Chaussons Rouges.

Mais l’habileté du cinéaste c’est d’insérer assez subtilement la thématique du double à travers le scénario même du ballet que Nina doit danser : Le Lac des Cygnes ; en effet, la douce Nina, pure et coincée dans l’enfance par une mère à l’amour ambivalent et envahissant (superbe Barbara Hershey, comme d’habitude), entourée (encerclée ?) de ses peluches dans sa chambre rose, vêtue de blanc, de gris et de rose, est parfaite pour incarner le Cygne Blanc. Mais saura-t-elle incarner le Cygne Noir, symbolisant la séduction et la sensualité ?

Apparaît en plus de sa mère (double “raté”), une autre danseuse oscillant entre complicité et jalousie, qui incarne le “lâcher-prise” sensuel auquel aspire Nina pour bien interpréter son rôle “Noir”. Nina est très courageuse, bien que verrouillée de toutes parts. Elle veut y arriver, et se voit forcée de plonger dans des zones obscures de sa psyché et de ses pulsions intimes pour accéder à sa part de noirceur. Cela donne des scènes assez terrifiantes, car le corps de Nina exprime l’éclosion de cette facette effrayante avec des ressorts cinématographiques très réussis.

Comme dans le conte Le Lac des Cygnes, Nina doit se délivrer de son mauvais sort (lancé par sa mère), mais se dépasser soi-même pour la beauté de l’Art, et remuer l’ombre en soi ne se fait pas impunément ; elle en paiera cher les conséquences…

Encore une danseuse qui n’a pas trouvé ses propres chaussures (celles que prône Clarissa Pinkola Estès), et qui, vouée à se glisser dans celles de la danseuse étoile précédente (elle ne sera jamais qu’une danseuse de plus dont c’est l’heure de gloire), accélère dangereusement son ascension et sa chute…

On pourrait d’ailleurs reprocher à ce film le manque de nuance de sa conclusion. Pourtant, comme dans toute tragédie, sa radicalité se marie merveilleusement avec les contrastes de noir et de blanc des cygnes, avec le spectacle anti-naturel qu’est le monde de la danse classique professionnel. Il y a une certaine force âpre et brutale dans ce manichéisme et dans l’adéquation (propre à l’art de la danse classique) beauté/souffrance.


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