Magazine Journal intime

Le Temps qu'il fait

Par Eric Mccomber
Les volets étaient fermés. J'ai frappé en vain. Il s'était mis à faire froid à la disparition du soleil, à peu près à mi-chemin d'une marche de trois kilomètres. Maintenant il pleuvait, et même moi, le « Canadien », je commençais à avoir froid aux jambes. J'avais fait volte-face quand elle a finalement ouvert.
— C'est le vent !
— Ah.
— Le vent referme les volets.
Je me suis approché.
Au début, un bon bout de temps, en vérité, elle m'a laissé dehors. Elle ne comprenait pas ce que je disais. Elle n'écoutait pas. Elle a fini par me laisser entrer pour me charger de catalogues et de listes de prix. Elle n'arrivait pas à entendre que j'étais auteur, que j'aimais bien lire, mais que le but de ma visite était de faire connaissance avec la maison. En prononçant des clichés, elle m'a alors parlé involontairement de sa fatigue, de l'épuisement de tous les petits éditeurs, du désespoir, du renoncement, de la résignation. Elle avait quelqu'un en haut. Une réunion. Elle a monté l'escalier de bois vernis. On ne s'est jamais serré la main. On ne s'est jamais présenté.
Je marchais dans la grosse pluie en réfléchissant à tout ça. Tout à coup, je me suis aperçu que j'avais froid à une main. L'autre était dans la poche de veste. Je l'ai regardée, cette main stupide qui avait froid. Je tenais son tas de paperasses, là. J'ai traversé la rue pour jeter toutes ces merdes dans une grosse poubelle béante. Y recyclent rien, ici. Chais pas ce qu'y font… Sans doute, y z'enfouissent.
—© Éric McComber

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