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Mes livres 2010 : un palmarès tout en subjectivité

Publié le 11 janvier 2011 par Petistspavs

L'exercice du Palmarès annuel peut-il s'exonérer de toute fatuité ? Je ne sais pas, mais il me semble simplement naturel. Ce blog a été conforté, en 2007, dans sa volonté de défendre une certaine culture, contre une culture dominante qui, de Rollex en Fouquets's essaye, depuis trop longtemps, de nous écraser sous le poids de son incommensurable bêtise satisfaite. Ce n'est pas la bêtise qui est condamnable, nous sommes tous le con de quelqu'un, voire de quelques uns, c'est la satisfaction procurée par la contemplation de sa propre bêtise et le prosélytisme qui va généralement avec qui pose réellement problème aujourd'hui.

L'autre fois, sur une station de radio qui put s'enorgueillir il y a quelques lustres de faire "écouter la différence", je prends en cours une émission du dimanche (entre 11 et 12 heures) que je n'aime pas et la greluche qui a du coucher pour présenter (oui, je sais, c'est bas ; mais ce n'est pas très haut non plus de coucher pour ... et avec qui, d'ailleurs ?) tellement il émane d'elle un parfum de RTL ou RMC (un parfum un peu ancien, tourné, qui a viré avec le temps) dit à son invité, présenté comme un écrivain, qu'on a pu le voir à la télé, la semaine passée, en soutien à la ministre sarkozyste Lagarde etc. Alors que je m'étonnais de ce nouvel anachronisme, j'entends qu'il s'agit de Marc Levy. J'avoue que je ne connais de Marc Levy, outre les crasses crétineries qu'il a proférées ce matin là (il a écrit une chanson pour Johnny, il voudrait écrire pour Florent Pagny, si, si, la caricature faite fatitude comme dirait son mentor en politique), que son nom, sur la couverture des livres rencontrés dans le RER, tenus en équilibre par des femmes fatiguées, trop tôt le matin, trop tard le soir. Une littérature pour les petits matins tristes et les soirs de trop.

Ces prolégomènes épuisés, je vous livre mon palmarès qui, comme le précédent consacré au cinéma, se veut très modeste et subjectif car, certes et Merci Mon Dieu, je n'ai pas tout lu. Donc, ce sera juste quelques mots à propos de quelques livres que j'ai aimés. Je dois préciser que je ne tiens aucune liste de lecture (ni des films vus) et qu'il n'est pas simple de rattacher une année à un ensemble de livres. Ceux-ci ont été depuis rangés dans une bibliothèque bien classée, donc séparés, éparpillés et j'avoue ne plus trop savoir ce que j'ai lu en 2010. Néanmoins, il me reste deux ou trois souvenirs tout à fait vifs.

Je n'éprouve aucune difficulté à reconnaître mon Livre de l'année, tant son évidence s'impose. Ni à identifier mes découvertes : en ce domaine, 2010 a frappé fort. Enfin, la rentrée littéraire m'a paru passionnante et il m'en reste des souvenirs très forts, auxquels j'ajouterai d'autres souvenirs qui ont contribué, non à édifier mon bonheur, mais à tenir à distance mes démons.

MES LECTURES EN 2010

LE roman, incontestable, lumineux, déjà classique :

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Un certain grand nombre de personnes ne supporte(nt) pas Michel Houellebecq, généralement sans l'avoir lu, mais se fiant à ses propres déclarations à l'emporte pièce, à sa tronche de premier de la classe vengeur qui semble avoir tatoué dans un coin de son sourire en coin la formule à la Samuel Hall "Je vous déteste tous" (remplacer, selon la sensibilité de chacun "détester" par "mépriser", voir "enc...", là je ne sais pas trop). C'est un tort, qui affecte, je le sais, certains de mes lecteurs (trices) que j'embrasse au passage avec affection (sans la moindre distanciation). Mais personnellement, j'en ai un peu marre qu'on chie sur la gueule d'un écrivain qui aurait pu renvoyer depuis des années toute la coterie littéraire parisienne à l'école primaire et qui s'est contenté de l'élégance misanthrope d'une fuite en Irlande

Je ne vais pas faire de la retape pour un écrivain (au sens fort du terme) qui est en outre en tête des ventes (si l'on excepte le formidable succès du brûlot de Stephane Hessel), mais vous indiquer un lien. A l'occasion de la nouvelle année, Les inrocks demandait à un certain nombre de personnalités (dont Stephane Hessel) de raconter leur année 2010. Le texte de Michel Houellebecq, écrivain primé, est ICI

En image, car en images la littérature est plus belle, la suite de ma rentrée littéraire. En vrac, sans ordre, la littérature n'est pas la métrique et il entre tellement d'éléments, de Particules élémentaires dans un choix littéraire que classer me paraît bouffon. Avant cette rentrée, je ne me souviens pas avoir lu des nouveautés, à une exception près, retenue pour cette liste. Ce qui n'empêcha pas mes lectures de me combler avec Paul Auster et Jim Harrison, Laura Kasischke et Jonathan Coe, Toni Morrison et Joan Didion et d'autres qui m'excuseront d'autant plus de les avoir oubliés qu'ils ne me lisent pas alors que moi, si.

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Purge

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Incidences

Ne cherchez aucune logique dans ces choix qui ne représentent (je me répète ?) qu'une partie de mes plaisirs littéraires de l'année, sinon les mentionner ici pour vous dire Vous voyez, ma littérature c'est aussi ça. Parfois je lis au hasard et je découvre Joan Didion (la couverture de Maria avec et sans rien, puis la quatrième de couverture), puis je ne la quitte plus. Cette année, une hospitalisation m'a amené à demander des livres à mon entourage d'autant que je n'étais pas dans ma région (près de ma bibliothèque), donc à en faire le choix à l'avance, être obligé d'avoir envie de livres précis, d'affiner, en plein lancement de la rentrée littéraire. Deux des trois livres qui m'ont été offerts sont dans la liste ci-dessus (dont le numéro un, c'était le jour de sa sortie et, diminué par l'infantilisation de l'hôpital public, je le voulais tout de suite). Des livres de cette rentrée m'attendent, le Don DeLillo (Point Omega, qui m'excite à l'avance) le Jean Echenoz, auteur que je veux découvrir depuis longtemps, mais le hasard seul ne me l'a pas permis. La femme qui tremble attendra un jour de vrai désir, car il ne faut pas aller trop vite avec Siri Hustvedt, elle est trop précieuse.

MES DÉCOUVERTES DE L’ANNÉE

J'ai eu la chance insolente de découvrir (outre Sofi Oksanen, par exemple, mais ce n'est pas pareil) deux auteurs dont la puissance est à même de me faire reconsidérer mon rapport à la littérature.

David Peace,
j'en ai déjà parlé, mais je ne peux le laisser dans l'ombre le jour de mon palmarès livresque.

On compare trop David Peace, l'anglais du Nord militant de gauche à James Ellroy, l'américain conservateur. Outre un talent insultant pour la plupart de leurs pauvres collègues, ces deux auteurs ont deux points communs, pas plus. Un, ils ont, chacun dans leur style, à nouveau déniaisé la littérature policière, ce qui n'avait plus été fait depuis, disons, Dashiell Hammett, puis Raymond Chandler. Deux, ils laissent leurs lecteurs pantois et essoufflés, au bord du livre, tant ils avancent dans l'urgence. Quant au reste, le noir de leurs histoires sordides n'est pas le même. Ellroy est moraliste et essaie de comprendre un monde cinglé à travers ses livres. Peace a trop bien compris ce monde, en néo marxiste, et ça l'effraie.

1974
1977

1980
1983

RRT
Pour les lecteurs intéressés mais trop feignants pour lire les 2200 pages de la tétralogie, je signale, en coffret DVD, les adaptations de trois des quatre livres, sous le titre The Red Riding Trilogy
C'est extrêmement noir  et bien foutu, même si ça a été réalisé pour la télévision (mais britannique) par trois cinéastes différents en trois formats différents (16 mm, 35 mm et DV).

Efficace.

Richard Yates
est entré dans ce blog après david Peace et semble ne plus vouloir en sortir.

Easter_parade
 
La_fenetre_panoramique

Plutôt que d'écrire des banalités sur cet écrivain qui, des les cent premières pages de Easter Parade, était devenu mon intime, à l'instar de Carver, Jim Harrison ou Djian (oui, n'en déplaise à ceux qui le méprisent pour ne l'avoir jamais lu, Philippe Djian est un grand écrivain, un des rares en France à m'exciter vraiment et à chaque livre), je vous passe le lien vers l'article de Nelly Kapryelan qui m'a donné envie. Alors que c'est mon libraire préféré d'alors qui m'a fait découvrir David Peace

Le lien entre Peace et Yates est, selon moi, le suivant. Les deux plongent leurs personnages dans des univers sans espoirs. Mais là où David Peace semble s'émouvoir, se rebeller, voire chialer avec eux, Yates a tout l'air d'y prendre un plaisir pervers.

Mais le bonheur que nous donnent les deux n'est ni pervers, ni désespéré. Il nous rend meilleurs.

Prochain palmarès : la musique, les disques de 2010.

A bientôt.


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