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La stratégie du coucou

Publié le 12 janvier 2011 par Monthubert

Valérie Pécresse vient de donner une longue interview au Monde, dans laquelle elle pratique à merveille sa stratégie préférée, celle du coucou. Elle va occuper le nid de ses adversaires, en reprenant leurs mots, en semblant épouser leurs idées, mais pour y mettre ses propres petits, son idéologie radicalement opposée.

Illustration :

« Je me fixe trois objectifs avant 2012. Améliorer la qualité de la formation – principalement celle de la licence – , privilégier l’innovation et, enfin, renforcer l’attractivité internationale. Le tout en marchant vers notre objectif d’amener le plus rapidement possible un jeune sur deux à un diplôme du supérieur. »

Améliorer la qualité de la formation en Licence, voilà un objectif largement partagé. Non pas que la qualité soit mauvaise ! Mais avec un sous-encadrement connu de tous, on ne peut pas faire des merveilles. Et il y a trop d’échec au rendez-vous. Mais que propose Valérie Pécresse pour améliorer cette formation ? « Pourquoi ne pas décider d’offrir partout un minimum de 400 heures de cours par an en licence ? » énonce-t-elle dans l’interview, après avoir affirmé que les licences vont de 250 à 500 heures annuelles. Sauf que si on ramène cela à une durée hebdomadaire, cela signifie qu’il y aurait des licences en France qui offrent une dizaine d’heures de cours par semaine seulement, ce qui semble peu crédible. Mais surtout, le minimum qu’elle affiche, et qui se veut être un progrès, correspond à une quinzaine d’heures par semaine ! De plus, la norme que nous avions jusqu’à ces dernières années était qu’il fallait environ 600 heures annuelles en L1 ou L2. Pendant ce temps-là, les élèves de classes préparatoires bénéficient de plus de 1000 heures par an, ceux d’IUT ont 1 800 heures réparties sur deux ans. Bref, c’est une Licence low-cost qui se cache derrière la mesure censée améliorer la qualité de la formation. De qui se moque-t-on ? En réalité, pour améliorer réellement la qualité de la formation en Licence, il faudrait augmenter fortement l’encadrement pédagogique. Et pour cela, créer des emplois d’enseignants-chercheurs. Mais cela , c’est interdit par ce gouvernement. La Licence restera donc dans le même état.

Autre point, l’ »objectif d’amener le plus rapidement possible un jeune sur deux à un diplôme du supérieur. » Un excellent objectif. Au passage, Valérie Pécresse parlait jusqu’à présent de 50% au niveau de la licence. Un objectif amibiteux, quand on sait que le taux actuel est de moins de 30%. Evidemment, si on glisse subtilement vers un objectif correspondant à un diplôme du supérieur, donc éventuellement inférieur à la Licence, l’objectif est plus facile à atteindre : nous sommes déjà à plus de 40%… Mais surtout, sommes-nous en passe de réussir cet objectif ? Non, puisque de moins en moins de bacheliers poursuivent des études : nous connaissons une véritable récession étudiante.

On pourrait multiplier les exemples, relever les éléments de propagande (« Cela permettra d’offrir à l’ensemble des universités, les moyens de réaliser leurs ambitions », alors qu’elles sont dans de réelles difficultés financières), les mensonges sur les chiffres budgétaires. Mais c’est finalement lassant. Car interview après interview, ce sont les mêmes poncifs, les mensonges qui se répètent. Mais la répétition d’un mensonge n’en fait pas une vérité, juste une habitude.

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