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Plagiat - Etudes de cas : Capcom, Gameloft et Zynga

Publié le 15 janvier 2011 par Guls
Plagiat - Etudes de cas : Capcom, Gameloft et Zynga
Décidément, c'est la saison ! Alors que plusieurs personnalités des médias français sont sur le coup d'accusations relatives à des plagiats, l'industrie du jeu vidéo s'y met aussi. Voyons ici deux cas de figures assez similaires avec les accusations envers de gros éditeurs de jeu : le français Gameloft, le japonais Capcom et l'américain Zynga.
Capcom, première interpellation
Capcom a annoncé il y a peu un jeu appelé MaXplosion pour iPhone et iPod Touch. MaXplosion est un jeu de plateforme en 2D qui ressemble étrangement à... Splosion Man, le hit Xbox Live Arcade développé par les indépendants de Twisted Pixel. Non seulement Capcom reprend le concept du gameplay, mais pompe également intégralement les graphismes et le concept du scénario.
Mike Henry, programmeur chez Twisted Pixel, a répondu dans un Tweet : "La vidéo de MaXplosion me rend triste. Emprunter ou s'inspirer d'autres jeux est ok, on le fait tout le temps, mais ce jeu est un vol pur et simple". Michael Wilford, co-fondateur de Twisted Pixel, en rajoute une couche en expliquant que les développeurs avaient initialement proposé à Capcom d'éditer Splosion Man, et que ces derniers avaient refusé.
Force est de constater qu'une fois qu'ils ont vu le succès énorme récolté par le titre indépendant, Capcom a voulu sa part du gâteau et plutôt que d'acheter les droits de la version iPhone, a tout simplement décidé de faire une copie complète du titre. Capcom risque ici un procès et d'importants dommages et intérêts, toutefois Twisted Pixel, petit studio indépendant, aurait du mal à rivaliser avec la horde d'avocats que l'éditeur a probablement à sa disposition. Quel recours donc ?
Il ne semble pas y en avoir beaucoup, et c'est le plus triste dans cette affaire : un gros éditeur en pleine déchéance vole le travail d'un studio indépendant car il n'est plus lui-même capable de créer quoi que ce soit d'original, et s'entête uniquement à produire suite après suite. Il semble que ce ne soit pas pour rien que Keiji Inafune, créateur historique de nombreux jeux chez Capcom ayant travaillé sur Resident Evil, Mega Man ou Dead Rising, ai quitté la firme il y a quelques mois...
L'affaire s'est terminée de manière très prévisible quelques jours après la première accusation : Twisted Pixel a déclaré qu'ils n'iraient pas en justice contre Capcom car, comme on l'a vu plus haut, ils n'en ont pas la capacité. De son côté, Capcom a diffusé une déclaration disant qu'ils étaient "désolé" de la tournure des évènements et espéraient "ne pas perdre la confiance de leurs fans", mais aucun plan n'a été annoncé pour retirer MaXplosion de l'AppStore...
Plagiat - Etudes de cas : Capcom, Gameloft et ZyngaSplosion Man
Plagiat - Etudes de cas : Capcom, Gameloft et ZyngaMaXplosion

Gameloft, le récidiviste
Gameloft, éditeur français spécialisé dans les jeux sur mobile, est mondialement connu pour se baser en très grande partie sur des copies de jeux existants. N.O.V.A est une copie carbone de Halo, tandis que Modern Combat est un copié-coller de Modern Warfare, jusque dans le nom. On peut en citer de très nombreux autres : Gangstar est une totale repompe de GTA, Eternal Legacy une pure copie de Final Fantasy X, Shadow Guardian un double de Uncharted, Zombie Infection un plagiat de Resident Evil 5, et Blades of Fury une réplique de SoulCalibur.
Pour autant, cela n'a jusqu'à maintenant pas dérangé grand monde. Pourquoi ? Simplement parce que Gameloft se contentait de faire des copies de jeux consoles et PC, et de les porter sur mobile, sur des plateformes où les développeurs originaux n'avaient pas prévu de faire de version. Dans ces cas là, qu'importe si Gameloft n'est pas capable d'innover ?
Les problèmes n'arrivent que récemment, alors que les plateformes mobiles telles que les smartphones prennent de plus en plus le devant de la scène, et que Gameloft lui-même commence à lancer des jeux sur consoles de salon. On vous a parlé récemment de Modern Combat : Domination, un FPS multijoueurs pour PS3 plagiant très visiblement Counter-Strike. Qu'arrivera-t-il quand l'éditeur lancera son premier jeu sur PC ? Valve l'attendra-t-il au tournant avec des avocats armés jusqu'aux dents ?
Dans une récente interview donnée à GamesIndustry, le CEO de Gameloft se défendait d'avoir une tactique de plagiat , expliquant que l'industrie du jeu vidéo n'avait que très peu d'idées véritablement nouvelles. Peut-on dire que Modern Combat plagie Modern Warfare, quand ce dernier n'est pas grand chose de plus que le fruit d'années d'évolution des FPS militaires ? Un argument convainquant donc pour Gameloft, mais malheureusement pas assez : s'inspirer des bonnes idées des autres est une chose, mais plagier leurs jeux jusque dans le titre en est une autre, d'autant plus quand ces plagiats sont généralement assez mal faits.
Plagiat - Etudes de cas : Capcom, Gameloft et ZyngaModern Combat : Sandstorm
Plagiat - Etudes de cas : Capcom, Gameloft et ZyngaCall of Duty 4 : Modern Warfare
Zynga, le Géant du Plagiat
Cela fait bien longtemps qu'on n'a pas entendu parler de ces affaires, mais il ne faudrait pas oublier que Zynga, le géant du social gaming à qui l'on doit Mafia Wars, FarmVille et CityVille entre autres, s'est fondé entièrement sur le vol d'idées. Ainsi, le premier grand succès de la firme, Mafia Wars, est une copie conforme de MobWars, un autre jeu similaire. Tout comme Gameloft fait des copies de jeux consoles sur mobile, Zynga a copié MobWars et l'a lancé sur Facebook, alors que le titre original n'était disponible que sur MySpace. L'affaire s'est terminée devant les tribunaux, et Zynga a dû sortir le carnet de chèques afin qu'on le laisse tranquille.
Autre exemple : FarmVille, grand succès qui a propulsé Zynga en première page des magazines, n'est autre qu'une copie de Farm Town, un plus petit jeu sur Facebook qui s'est rapidement trouvé asphyxié par le titre de la marque au chien. Après le succès de ces deux titres, ironiquement, ce fut au tour de l'allemand BigPoint de lancer sa copie, nommée Farmerama, un jeu par navigateur hors réseau social qui connait également un certain succès. Tout comme dans le cas de Gameloft, les cas de plagiats par Zynga sont légion, avec notamment Cafe World, manifestement copié sur le Restaurant City de l'anglais Playfish.
On le voit, Zynga semble avoir élevé la copie d'autres firmes au rang d'art. Un employé a même témoigné anonymement à un journal américain, expliquant que les directives données par la direction du développeur étaient de "Voler les idées des autres, puis de les asphyxier par du marketing". Comme dans le cas Capcom vs. Twisted Pixel, celui qui a de l'argent finit toujours par gagner sur celui qui a des idées, et c'est bien triste.
Plagiat - Etudes de cas : Capcom, Gameloft et ZyngaFarm Town (SlashKey)
Plagiat - Etudes de cas : Capcom, Gameloft et ZyngaFarmVille (Zynga)
Conclusion
On l'a vu, le plagiat est monnaie courante dans l'industrie du jeu vidéo, et tous ceux qui pensent que les développeurs sont en majorité des individus créatifs et faisant partie d'une grande communauté vont devoir remettre un peu les pieds sur terre. Est-ce que cela veut dire que les développeurs et éditeurs de jeux sont devenus incapables de toute originalité ? Fort heureusement, non ! De nombreux développeurs indépendants ont réussi à créer des jeux véritablement originaux et à en vivre, le meilleur exemple étant certainement le créateur de Minecraft et son million d'unités vendues avec un jeu très atypique sur PC
Chez les gros éditeurs aussi la création est toujours présente, mais elle a tendance à fuir les grosses sorties en boîte et à se cantonner aux jeux en téléchargement, bien moins risqués. Finalement, le cas le plus inquiétant à avoir vu le jour récemment pourrait très bien être celui de Capcom et Twisted Pixel. En effet, il montre un petit développeur indépendant qui crée un jeu original et le vend, puis se fait copier par un éditeur plus gros, qui s'en tire sans dommages réels grâce à la puissance de ses avocats et de l'argent. Ce cas est très similaire à celui de Zynga, et on voit ce que ça a donné : le créateur de MobWars a pratiquement disparu de la carte...
Un constat final bien noir pour l'avenir du jeu vidéo donc, on espère simplement qu'à l'avenir, les éditeurs comme Capcom aient le courage d'agir légalement en achetant les droits d'un jeu s'ils veulent en faire une adaptation, voir même en achetant le développeur tout entier, plutôt que de voler les idées et de regarder ailleurs en proférant des excuses vides de sens...

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