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Portrait du prêtre d'après-Concile par l'abbé Yannick Escher

Publié le 16 janvier 2011 par Francisrichard @francisrichard
Yannick EscherL'abbé Yannick Escher [ci-contre] est ce jeune chanoine de 36 ans qui, le 29 juin 2010, a quitté l'Abbaye de Saint Maurice en Valais pour Ecône, à la surprise générale, laissant une lettre de motivation de 5 pages sur le bureau du Père-Abbé, Mgr Roduit, lettre dont il adressait une copie par la poste à 44 de ses confrères [voir mon article Mgr Roduit responsable du départ du Chanoine Escher de Saint-Maurice ? ]. Dans une vidéo mise en ligne sur Internet  le 13 janvier dernier par DICI ici, l'abbé Yannick Escher dresse le portrait du prêtre d'après-Concile. A travers ce portrait il est loisible de reconnaître le portrait de ce prêtre, dont la vie de paroisse n'était plus tenable dès lors qu'il avait regardé vers la Tradition, vers la Fraternité Saint Pie X. Le prêtre d'après-Concile est, selon l'abbé Yannick Escher, une victime. Il arrive seul dans une paroisse et il se retrouve seul au milieu de ruines : "personne au catéchisme, des têtes grises, des églises dans un pas trop bon état". Comme cela se fait-il ? On lui répond que le monde a changé, que les gens n'ont plus la même mentalité, qu'ils ne sont plus chrétiens. Salauds de gens ! En fait le monde a bon dos : "Ce n'est pas le monde qui a fait fermer les écoles catholiques, les hôpitaux catholiques, les patronages. Ce n'est pas le monde. Ce sont les prêtres qui ont décidé de fermer, de changer." Pourquoi ? L'abbé Duccarroz, prévôt de la cathédrale St Nicolas de Fribourg, en a donné l'explication à la radio, il y a quelques années, dans un moment de lucidité et de grande honnêteté : "On nous a dit quand j'ai été ordonné : enlevez la soutane, fermez les oeuvres catholiques - les collectivités publiques en ont aussi [sous-entendu il ne faut pas les concurrencer]- allez vers les gens, ouvrez-vous. On l'a fait. Nos églises se sont vidées, nos séminaires se sont vidés. Peut-être qu'on s'est quand même trompé."... En plus de se retrouver seul au milieu de ruines, le prêtre d'après-Concile se retrouve désarmé, parce que le cursus académique qu'il a suivi est d'une qualité médiocre. Au lieu de lui enseigner la philosophie de Saint Thomas qui doit lui permettre de comprendre la théologie, on lui enseigne l'histoire de la philosophie et la philosophie de la pensée moderne... Au lieu d'étudier les dogmes on lui en enseigne l'histoire... Quant à l'enseignement de l'histoire de l'Eglise il est tout au plus du niveau de la dernière année de lycée... On préfère lui enseigner la pastorale, l'homélitique, la pédagogie religieuse, qui pourraient s'apprendre sur le terrain ou, à la rigueur, en fin de cursus. En outre on lui enseigne que tout commence avec le Concile. L'abbé Escher raconte que le prêtre qui lui donnait le cours de théologie pastorale à l'Université de Fribourg est venu un jour avec un carton sous le bras. Pour illustrer ce qu'était l'Eglise avant le Concile il a montré à ses étudiants le recto de ce carton sur lequel était dessinée une pyramide. Au verso, un cercle était censé représenter l'Eglise actuelle... C'était en 2e ou 3e année... Le prêtre d'après-Concile est un prisonnier : "Il est pris en otage entre ses confrères, les fidèles, les assistants pastoraux laïcs et son évêque." L'abbé Escher raconte trois anecdotes à ce sujet, qui ne sont pas des cas isolés. La première est celle d'un jeune prêtre contraint de donner une absolution collective, ce qui est interdit par l'Eglise, encore aujourd'hui : "Juste après il était allé se confesser à un autre prêtre. Mais il avait été obligé de le faire. Il en était encore retourné. C'est tragique. Donc il est comme prisonnier, parce qu'il doit faire. Mais il sait que ce n'est pas juste." S'il invoque un document tel que le motu proprio de Jean-Paul II sur la confession [Misericordia Dei, du 7.04.2002] qui est très clair sur la question, on lui répond : "Heureusement qu'il y a des montagnes entre Rome et nous !"  La seconde est celle d'un prêtre de son âge qui lui fait cette confidence : "Le directeur de ma chorale est divorcé et vit avec quelqu'un, au vu et au su de tout le monde. Je suis obligé de lui donner la communion, parce que, si je ne lui donne pas la communion, je n'ai plus de chorale et il va se plaindre." La troisième est celle de ce prêtre qui arrive dans une paroisse où tous les rôles ont déjà été distribués aux laïcs qui s'occupent des catéchismes, des préparations à la première communion et à la confirmation etc. : "Je suis juste bon à dire la messe, à confesser les quelques personnes qui viennent se confesser encore." On tient le prêtre par l'obéissance. "Les évêques sont des papes dans leurs diocèses"... qui ne montrent pas l'exemple. S'adressant à l'un d'entre eux, l'abbé Escher lui dit simplement : "Si vous demandez l'obéissance de vos clercs, vous devez, Monseigneur, vous-même montrer l'exemple en obéissant au Souverain Pontife. Sinon vous ne pouvez pas exiger l'obéissance de vos clercs." Le prêtre d'après-Concile n'a pas forcément ce courage-là. Il est résigné : "Ma foi, mieux vaut se tromper en obéissant que de désobéir et de faire juste." Cela ne vous rappelle rien ? Au prêtre d'après-Concile on demande de ne plus être dogmatique, de ne plus imposer de formules, bref de pratiquer la pastorale de l'engendrement qui a pour caractéristique de changer chaque année, au mieux tous les cinq ans, au gré de la mode. De qui se moque-t-on ? demande l'abbé Escher : "Les gens aujourd'hui, les jeunes - j'ai beaucoup travaillé avec les jeunes - ont soif de la Vérité. La Vérité a un nom, un visage. Ce n'est pas une théorie, c'est une personne, c'est Jésus-Christ. Il faut leur donner Notre Seigneur Jésus-Christ, bien sûr avec beaucoup de tact, de délicatesse. Il faut rendre la Vérité aimable. On ne va pas les assommer à coups de catéchisme. On est bien d'accord avec ça. Mais on n'est pas là pour être des animateurs de Club Méditerranée spirituel ! " Hors du Concile, point de salut ! Qui l'a lu complètement ? Aucune importance, puisque c'est un événement qui se poursuit dans le temps, un esprit, que dis-je, une ouverture, un renouvellement. C'est du moins ce qu'on répond au prêtre d'après-Concile quand il invoque la Constitution pour la liturgie "qui dit que le latin reste la langue de l'Eglise, que le chant grégorien reste le chant de l'Eglise latine."... Vatican II, c'est l'idole : "De l'idole découle l'idéologie. Et l'idéologie est toujours totalisante. Elle exclut tout le reste et elle détruit tout le reste. Le propre de l'idole et de l'idéologie, c'est de détruire même ceux qui la professe, de les aveugler complètement." Il faudrait ouvrir les yeux sur la situation et se demander pourquoi il n'y a plus que 5% de pratique religieuse en moyenne... Dans un entretien du 15 juillet 2010 à Canal 9 ici, la télévision valaisanne, Mgr Roduit, Père-Abbé de Saint Maurice, avait osé dire que l'abbé Yannick Escher avait préféré le château-fort d'Ecône à la caravane de Saint Maurice... Dans cette vidéo l'abbé Escher, en quelque sorte, lui répond : "On peut pardonner beaucoup de choses dans l'Eglise. On vous pardonnera d'avoir une relation amoureuse. On vous pardonnera de ne pas dire la messe tous les jours, de laisser votre bréviaire, de vous moquer des formules de piété éprouvées, de dire des hétérodoxies, pour ne pas dire plus, en chaire. On vous le pardonnera. On est très charitable, mais on ne vous pardonnera pas une seule chose, le péché suprême c'est de regarder vers la Tradition, et bien plus encore, de regarder vers la Fraternité Saint Pie X." Francis Richard Voici la vidéo de l'abbé Yannick Escher :

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