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Mélenchon : une ambition personnelle plus qu’une aventure collective

Publié le 17 janvier 2011 par Hmoreigne

 Jean-Luc Mélenchon a réitéré le 13 janvier au Parti communiste français et à la Gauche unitaire son offre, d’être le candidat de la gauche radicale en 2012. Au bruit et à la fureur, au tumulte et au fracas, l’ange déchu du socialisme revendique en plus “une audace comparable à celle de la gauche en 1981“. Bien décidé à bousculer les appareils pour asseoir sa désignation par ses partenaires de gauche, Jean-Luc Mélenchon et sa violence verbale dérangent. Sans doute parce qu’il partage avec le Front National new look une inquiétante approche populiste.

Les idées les séparent mais les rêves les rapprochent. Jean-Luc Mélenchon et Marine le Pen partagent cette abjection à l’égard de l’élite, de l’Europe, des journalistes et de la mondialisation. La xénophobie même reléguée au second plan transpire de tous les pores de la peau du FN. Mélenchon, lui n’en finit pas, après s’être longtemps nourri dans leur sein de vomir sur ces sociaux-démocrates accusés de tous les maux et tout d’abord d’être des sociaux-traîtres à la gauche.

La conjoncture est favorable à l’ancien sénateur de l’Essonne opportunément reconverti en Eurodéputé. Exsangue financièrement, le PCF ne peut se permettre d’essuyer la facture d’un candidat aux présidentielles si celui-ci avec moins de 5% des suffrages perdait ses droits aux remboursements de frais de campagne.

Le très médiatique Mélenchon pourrait jouer la locomotive en échange d’un accord préservant les élus locaux communistes contre les ambitions d’implantation du Front de Gauche. Le marché est presque passé même si la direction du PCF ne veut pas encore l’avouer. Il faut juste laisser le temps à la direction du PCF de mettre en place l’habillage adéquat qui conduira après débats et appel à candidature interne à une décision présentée comme démocratiquement obtenue.

Peu importe l’absence d’un projet commun partagé par les partenaires du Front de Gauche, Mélenchon aime la castagne et veut en découdre au plus vite. Il veut surtout entrer en lice au plus tôt pour bénéficier de l’espace laissé par un PS dont le candidat ne sera connu qu’en octobre.

La stratégie est classique, gonfler au plus vite pour aborder les négociations de second tour dans la position la plus favorable possible. Mais, que négociera Mélenchon ? Dire que le Front de gauche “est candidat au pouvoir” comme l’affirme son leader est trompeur, en fait c’est Mélenchon qui postule pour un maroquin ministériel.

Brillant, Mélenchon sait que c’est là le défaut de sa cuirasse et tente d’esquiver les attaques en déclarant qu’il n’est “pas un aventurier“. Une affirmation pas convaincante car candidat unitaire ou pas de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon entend bien jouer les trouble-fêtes en 2012.

Comme le relève Libération le président du Parti de gauche (PG) n’hésite pas à manier la langue de bois et à avoir le mensonge biblique en déclarant qu’il n’est “pas plus impatient d’être candidat que le Christ de monter sur la croix“.

Le plus inquiétant reste le brouillage idéologique auquel contribue Jean-Luc Mélenchon. En légitimant le recours à la violence verbale qui nourrit la violence physique Mélenchon, dans une période délicate, rejoint les méthodes du FN.

Il y a de quoi être légitimement inquiet quand Marine Le Pen se coiffe du bonnet Phrygien et se pose en défenseur de la République. Mais l’attitude de Jean-Luc Mélenchon n’est pas plus rassurante. Notamment quand il s’érige en défenseur intolérant de la laïcité ou, quand il dénonce le silence coupable de la France sur la Tunisie mais refuse de condamner d’un bloc le régime cubain.

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