Magazine Société

Les formidables aventures de Michèle Alliot-Marie : La Tunisie.

Publié le 18 janvier 2011 par Herbertlegrandkhan

Mes chers amis, depuis le début de mon exil outre-mer, je suis les actualités de la métropole avec un certain détachement. Il m’arrive néanmoins de tomber sur de petits articles qui éveillent en moi une certaine curiosité, un peu comme une vieille qui s’assoit sur un coussin péteur au milieu de la messe.

Hier, donc, je tombe sur une dépêche de l’agence Reuteurs anonçant une prudente autocritique des autorités françaises concernant les évènements en Tunisie. Petit rappel des faits : Les 19 et 20 décembre, début d’un mouvement social réprimé par la police. Plusieurs dizaines de manifestants sont arrêtés. 24 décembre, la police tire sur des manifestants à Menzel Bouzayane : deux morts. Entre le 8 et le 13 janvier, des manifestations éclatent dans tout le pays. La France, fidèle alliée du régime tunisien, refuse de condamner Ben Ali et propose l’aide de la police française. La police de Ben Ali tire à balles réelles sur les manifestants : bilan 66 morts. Ben Ali promet de nouvelles élections en 2014 et une libéralisation du régime. La situation devient incontrôlable, le 14 janvier, il s’enfuit en Arabie Saoudite. (Dépêches AFP)

Lundi 17 janvier, la France entame une prudente autocritique sur son attitude pendant les évènements. Nous ne savions pas que Ben Ali était un dictateur s’est défendu, en somme, Alain Juppé, ministre de la défense. « Les réformes sociales étaient faites, le traitement de la femme en particulier, une classe moyenne apparaissait, des efforts très importants ont été faits pour développer l’éducation. Ceci nous a conduit à sous-estimer l’exaspération du peuple tunisien face à un régime policier et à une répression sévère ». Il aurait pu ajouter : « Qu’il soit élu avec 98.9% des voix depuis plus de 23 ans ne nous a pas semblé louche. On s’est dit qu’il devait être très populaire. 

Michèle Alliot-Marie, ministre de l’intérieur, a été sévèrement critiquée pour avoir proposé l’aide de la police française. Elle affirme qu’il s’agit d’un malentendu. « J’ai dit que nous étions prêts d’offrir ce savoir-faire, en quelque sorte, de gestion sans usage disproportionné de la force, pour que l’on puisse à la fois avoir des manifestations et peut-être mieux les contrôler ». Hé ! Hé ! C’est le  »en quelque sorte » qui est marrant, car elle sait pertinemment que la police française a formé la moitié des tortionnaires d’Amérique latine à la fin des années 1970 et au début des années 1980. La France possède de toute évidence une sorte de savoir-faire dans la répression des manifestations au service des dictatures et nous pouvons en être fiers. Par ailleurs, je me souviens des images des manifestations lycéennes à Lille il y a quelques années. J’avais été frappé par une vidéo montrant des CRS en train de tabasser des étudiantes à terre. Que Michèle Alliot-Marie propose d’exporter ce savoir-faire est tout à son honneur, d’autant que les exportations françaises ne marchent pas très fort en ce moment…

Si nos dirigeants ne nous prenaient pas pour des abrutis, ils nous annonceraient en toute franchise : « Nous avons soutenu la dictature au nom de la défense de nos intérêts économiques et pour endiguer l’islamisme. Une bonne dictature, c’est d’abord un pays stable et c’est bon pour les affaires. Quand la chute de Ben Ali est devenue inévitable, nous avons compris qu’il était temps de retourner notre veste. »

J’attends avec gourmandise le renversement de la dictature en Libye. Michèle Alliot-Marie sur TF1 : « Nous avons proposé au Colonel Kadhafi l’expertise de l’armée française pour réprimer les manifestants avec la plus grande douceur possible. Monsieur Kadhafi est un grand démocrate et un ami de la France. » Puis après la chute du régime, Alain Juppé devant la tribune : « Personne n’aurait pu deviner que colonel Kadhafi était un dictateur. J’ai été invité plusieurs fois dans sa tente, tout le monde avait l’air heureux. Nous avons pêché en raison de notre naïveté. »

N.B.: Je peux taquiner Michèle Alliot-Marie, car je ne suis pas appointé par une radio publique comme Gérald Dahan, je ne cours donc pas le risque de me faire licencier dans les 24 prochaines heures. Par ailleurs, je ne vis plus en France, ce qui devrait m’éviter une ennuyeuse garde à vue ou une convocation au comissariat…



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Herbertlegrandkhan 277 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine