La Vierge et l’enfant Jésus avec saint Jean Baptiste

C’est le titre de ce premier tableau du mois de l’année 2011. Fait curieux, rapporté par la notice, le tableau fut accroché en 1960 au château de Rambouillet à l’occasion de la visite en France du leader soviétique Nikita Khrouchtchev et « quelque peu oublié ». Ce qui m’a doublement étonné c’est, qu’à l’époque, on ait proposé comme décor du logement attribué au responsable d’un pays qui était officiellement athée un sujet religieux. Autre bizarrerie, que le tableau ait été ensuite oublié. Il est vrai qu’il y a cinquante ans la « traçabilité » n’était pas une obsession comme aujourd’hui.

Selon l’interprétation officielle du tableau, la Vierge tient Jésus dans ses bras et saint Jean Baptiste soulève respectueusement la jambe et le pied gauche de l’enfant tout en s’inclinant. Au bas du tableau cet extrait de l’Evangile selon saint Marc fait dire à saint Jean « Non sum dignus procumbens solvere corrigiam calceamentorum eius » ce qui, traduit du Latin, veut dire « Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour délier la courroie de ses chaussures » (la traduction n’est pas de moi mais figure sur le texte qui accompagne le tableau).

On pourrait aussi voir simplement une mère tenant son petit dernier dans ses bras tandis que le grand frère essaie de le toucher par curiosité, une scène somme toute très banale, très familiale mais aussi touchante. Ce que personnellement je préfère.

C’est d’ailleurs un thème évoqué par de nombreux artistes. Saint Jean Baptiste était le « Précurseur » chargé d’annoncer la venue du Christ, il était donc un peu plus âgé. Ils ont souvent été représentés comme deux enfants en train de jouer.

Le tableau d’abord attribué à Simon Vouet est désormais considéré comme une œuvre d’Eustache Lesueur qui l’aurait peint vers 1640. La tête de l’enfant Jésus au modelé très doux et aux cheveux fins et soyeux ainsi que le vêtement de Marie, un manteau bleu, une robe mauve, un voile jaune pâle correspondent au style de cet artiste.

A voir dans la salle du tableau du mois au 2e étage de l’aile Richelieu.