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Aigueperse - Château d'Effiat - Puy de Dôme

Publié le 21 janvier 2011 par Gérard Charbonnel @gcharbonnel
Une belle et longue ville
" Une belle et longue ville " comme l'avait qualifié Charles IX lors de son passage. D'anciens hôtels de la noblesse et de la magistrature bordent la " Grande rue " de cette charmante bourgade de Limagne entourés de boulevards qui ont remplacé les fortifications de la cité. Certains pourront associer Aigueperse à Michel de l'Hospital, apôtre de la tolérance, l'enfant du pays, nommé chancelier en 1560 qui, avec le soutien deCatherine de Médicis, apaisa le tumulte des guerres de Religion en octroyant le droit de culte aux protestants. D'autres, probablement plus gourmands, préfèreront retenir d'Aigueperse ses spécialités : pralines et massepains.
Aigueperse - Château d'Effiat - Puy de Dôme
La petite capitale de Montpensier s'étire le long de la Nationale 9, à quelques kilomètres au Nord-Est de Riom. Ancienne possession des Dauphins d'Auvergne, Aigueperse fut la capitale d'un comté puis d'un duché principalment défendu par le château fort de Montpensier, l'un des plus puissants d'Auvergne et distant d'Aigueperse de quelques kilomètres seulement.
La plus ancienne mention du nom d'Aigueperse " aqua sparsa ", au XIè siècle, évoques les eaux éparses, ruissellant des collines alentour et gardant la ville dans un agréable bian de fraîcheur.
Au centre d'Aigueperse, l'église Notre-Dame, refaite au XIXè siècle dans le style gothique, a toutefois conservé son chevet et son transept du XIIIè. A l'intérieur, sur un pilier situé à gauche du choeur on peut y découvrir une belle Descente de croix en bois polychrome du XVè siècle d'inspiration bourguignonne. Dans la chapelle axiale, se trouvent des boiseries du XVIIIè siècle tandis que dans le transept Nord, on peut y voir tombeaux et armoiries des Marillac. Louis de Marillac, Maréchal de France, prit une part active aux guerres de Religion. Sa fille, Louise, fut la collaboratrice de Saint-Vincent de Paul. Dans le collatéral de gauche, se trouve une fresque du XIIè siècle, le Martyre de Sainte-Catherine. D'autres fresques ilustrant des scènes de la vie du Christ décorent le fond du transept Sud. Dans la sacristie, siègent des statues en bois, des objets de culte du XVIIè siècle, un reliquaire du XVè. Dans une tour, chapelle haute du XVè siècle.
La Sainte-Chapelle, du XVè siècle, était la chapelle du château disparu d'Aigueperse. Elle offre une façade à mur-pignon et un beau portail flamboyant, aux sculptures malheureusement mutilées, encadrant une porte aux vantaux de bois ouvragés et ornés de têtes en médaillons de femmes, de fou ou de vieillard.
L'hôtel de ville est l'ancien couvent des Ursulines, construit en 1650. Dans le beffroi, qui date de 1793, au-dessous de l'horloge qui surmonte un cadran solaire, trois jacquemarts sonnent les heures. Dans la cour, s'élèveune statue de Michal de l'Hospital, oeuvre de Debay.
Au Nord d'Aigueperse, s'élève la butte calacaire de Montpensier qui fut longtemps exploitée comme carrière de gypse. Durant la Révolution,Montpensier fut même renommé Montplâtre. Autrefois, s'élevait en ce lieu un château fort très imposant où mourut Louis XIII, père de Saint-Louis, à son retour d'une croisade contre les Albigeois. Le château fut rasé sur ordre de Richelieu mais il a laissé un souvenir mémorable dans les esprits, au coeur d'une petite région que l'on a appellé " leMontpensier ".
Le château d'Effiat
Sur la route d'Aigueperse à Vichy, par la forêt de Montpensier, le château d'Effiat, bel édifice de l'époque de Louis XIII, présente un vif intérêt historique et artistique. Son jardin à la française et son nymphée ( grotte artificielle avec jeux d'eau très en vogue aux XVIè et XVIIè siècles ) sont autant d'atouts supplémentaires. Dans le prolongement d'une large esplanade plantée de tilleuls, la cour d'honneur s'ouvre par un majestueux portail, en lave de Volvic. Le fronton, décoré du blason et de la couronne de marquis du maréchal d'Effiat, est surmonté d'un heaume entre des trophés d'étendards. Un corps de logis central réunit deux pavillons. La façade est ornée de pilastres jumelés doriques en lave. Seule la modénature du pavillon Ouest a été achevée.
Aigueperse - Château d'Effiat - Puy de Dôme
Dans les appartements, la majeure partie du mobilier est du XVIIè siècle. Oeuvres d'art et souvenirs historiques ont été ici rassemblés par la famille de Moroges qui acquit le château en 1856 alors qu'il était voué à la démolition. On remarquera, dans le boudoir Louis XV, des vitraux de la Manufacture de Sèvres illustrant des scènes de la vie de Cinq-Mars ( vie privée, complot, exécution ), le sceau du maréchal et le manuscrit relatant le procès et l'exécution de Cinq-Mars et de Thou. Dans la pièce voisine, sont exposés des écrits du jeune marquis, des édits de Louis XIII et de son frère, Gaston d'Orléans. La plus belle pièce est certainement le grand salon dont le plafond à poutrelles a été peint par des artistes italiens en 1627 et sa cheminée monumentale avec ses boiseries peintes, notamment une scène mythologique " Les forges de Vulcain ", attribuée à Le Nain. Selon la tradition, les personnages figurés ne seraient autres que le maréchal d'Effiat et son épouse, représentés sous les traits de Vulcain et de Thétis.
Les jardins dessinés par André Mollet, parrain de Le Nôtre, composent un ensemble caractéristique du XVIIè siècle : vastes pièces d'eau alimentées par des sources, chênes séculaires, terrasse et nymphée, récemment réhabilitéés.
Parmi la longue lignée des propriétaires d'Effiat depuis le XVIIè siècle, l'histoire a retenu le nom de son fondateur mais aussi celui de Cinq-Mars, le séduisant conspirateur. Antoine Coffier-Ruzé, surintendant des Finances et ami intime de Richelieu, est celui qui bâtit l'ensemble monumental actuel. Son fils, Marquis de Cinq-Mars, gai et séduisant, gagne la confiance du cardinal qui le place auprès du roi. Grisé par ses succès, il mène un train de vie tapageur et sollicite d'autres faveurs.Richelieu s'inquiète alors de son influence et brise ses projets de mariage avec Marie Gonzague de Nevers, fille du duc de Nevers. Blessé dans son orgueil, il prend part à une conspiration contre Richelieu avec son ami de Thou ainsi que d'autres personnages du royaume. Le complot est découvert : le marquis, âgé de 22 ans et son ami de Thou, ont la tête tranchée à Lyon le 12 septembre 1642.

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